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La mise à l'herbe, un moment charnière pour la contamination parasitaire

Après une année 2024 favorable au développement des parasites, la vigilance est de rigueur avant la remise à l'herbe des caprins et ovins. Clémentine Lacours, conseillère fourrage à la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme rappelle quelques éléments de bonnes pratiques pour limiter l'infestation.

brebis bmc dans un près
© Mélodie Comte

Haemoncus et autres strongles digestifs sont les parasites les plus courants chez les petits ruminants. Leur état corporel peut se dégrader rapidement après l'infestation entraînant une baisse de productivité et une perte d’état général pouvant entrainer la mort dans certains cas. Des phénomènes de résistance émergent également face au faible nombre de molécules disponibles sur le marché et des usages inappropriés. 

« En caprins et ovins lait, très peu de traitements sont autorisés sans temps d’attente sur le lait. Ces traitements ont donc été très utilisés et ont conduit à une forte résistance vis-à-vis de ces molécules. C’est le cas des produits à base de benzamidazole par exemple » précise Clémentine Lacours, conseillère fourrage à la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme

Il est possible de prémunir ses animaux des parasites en agissant dès la mise à l'herbe. Ces précautions sont d'autant plus essentielles ce printemps. « L’humidité ambiante et la chaleur de 2024 ont favorisé le développement des parasites dont les œufs stockés dans le sol se transforment en larves plus rapidement au début du printemps si les conditions météo y sont favorables »

L'allongement de la rotation du pâturage limite le développement parasitaire

À l'automne, dès les premières baisses de température, les parasites descendent dans le sol pour se protéger. Ils remontent dans l'herbe au retour des beaux jours. La mise à l'herbe des animaux est réalisée dans ce même laps de temps. 

« Il faut être vigilant surtout en caprins et ovins lait et ne pas sortir les animaux trop tôt pour éviter une contamination dès le retour au pâturage. L’idéal est d’attendre des hauteurs d’herbe de 7 cm pour les premières sorties. »

La hauteur de l'herbe pâturée est aussi à prendre en compte. Bien que les larves remontent du sol pour s'installer sur les brins, plus ceux-ci sont longs moins ils concentrent de parasites. « Les larves vont rester proches du sol pour se protéger des dernières gelées tardives. Les animaux ne doivent donc pas manger une herbe trop courte, en dessous de 5 cm. Les ovins viande ont tendance à râper les prairies. Il faut l'éviter autant que possible par la rotation. »

Le printemps est généralement favorable à la pousse de l'herbe permettant d'adopter une rotation rapide, limitant le temps de présence des animaux dans les prairies.

« À cette époque il n’y a pas encore trop de larves infestantes dans les prairies.» Toutefois, le retour sur ces mêmes parcelles durant l'été est à éviter. Il est possible de jongler entre les fauches et les pâtures

« Plus on double le temps de repasse, plus on divise le risque de développement. On considère que 3 semaines de rotation divisent par deux la pression parasitaire d'une parcelle, 6 semaines de rotation divisent par 4 ce risque... »

Cette stratégie est en revanche plus complexe en été où la qualité de l'herbe se dégrade plus rapidement.

Clémentine Lacours recommande également d'avoir recours au pâturage mixte pour casser le cycle parasitaire en faisant pâturer des bovins ou des équins sur les parcelles. 

Enfin, elle attire l'attention sur les parcelles proches des bâtiments d'élevage, souvent utilisées pour la transition alimentaire. « Elles sont surpâturées et participent de ce fait à entretenir un réservoir de parasites. »

À lire aussi : Et si vous utilisiez un drone pour surveiller vos clôtures ?

La coproscopie indispensable pour détecter les parasites avant les premiers symptômes

Les bovins parviennent à développer une certaine immunité face aux parasites, ce qui est loin d'être le cas pour les chèvres

« Il ne faut pas attendre les premiers signes sur les animaux. Au mois de juin, il faut systématiquement faire une coproscopie et agir en conséquence le plus rapidement possible. En cas d'infestation, il ne faut pas remettre les animaux sur les parcelles où ils sont déjà passés. »

En cas de contamination, seuls les animaux contaminés doivent être traités pour éviter le développement de résistances.

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Les conditions humides de 2024 ont engendré un développement important des strongles digestifs. Le réservoir larvaire risque donc d'être important. La petite et grande douve sont également concernées. « Les éleveurs doivent être d’autant plus vigilants que les strongles sont résistants à certaines molécules. » 

Zoom sur... l'encéphalite à tiques

Depuis quelques années des cas d’encéphalite à tiques apparaissent en Haute Savoie.

Cette maladie est avant tout une maladie humaine qui se traduit par une atteinte du système nerveux.

Le virus de l’encéphalite à tiques est transmis à l’humain par morsure de tique lors des activités professionnelles ou de loisirs, dans les zones boisées humides comme le travail agricole, le camping, les randonnées, le ramassage de champignons…

Dans des cas très exceptionnels, la contamination peut se faire par consommation de lait cru ou de fromage au lait cru principalement de chèvre ou de brebis. Les animaux peuvent être porteurs et excréteurs mais rarement malades.

L’identification des parcelles à risque (c’est-à-dire avec beaucoup de tiques) peut permettre de limiter la contamination des chèvres. La surveillance des animaux afin de vérifier s’ils sont ou non infestés par les tiques peut également être un bon indicateur de contamination éventuelle.

Il n’existe pas de médicaments ni de vaccin permettant de protéger les animaux.

 

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