Presse agricole et rurale
La Creuse agricole et rurale accueille le congrès national du SNPAR
Deux jours pour discuter, expliquer, réfléchir à l'avenir de ce secteur économique.
Jeudi 3 et vendredi 4 juin derniers, la Creuse agricole et rurale a accueilli le congrès national du Syndicat national de la presse agricole et rurale (SNPAR). Les travaux se sont tenus à Guéret, dans la salle plénière du conseil général. Une soixantaine de congressistes venus de toute la France et représentant les titres agricoles, ruraux et cynégétiques nationaux et locaux était présente. Ce congrès est l'occasion pour ces responsables de titres de presse de mettre en commun des idées, des méthodes, de discuter des sujets importants pour ce secteur économique. Celui-ci traverse, comme l'ensemble de la presse écrite, une passe difficile, à cause notamment de la hausse des charges (impression, poste), de la baisse des ventes des espaces publicitaires, et aussi de l'érosion des abonnements.
Jeudi, les travaux du congrès virent des responsables de La Poste intervenir sur le thème « Comment améliorer la diffusion de son journal ? ». Elles ont insisté sur la bonne qualité des adresses. Elles ont présenté la réorganisation industrielle de La Poste, impliquant de nouveaux délais d'acheminement des journaux.
La menace qui pèse sur les annonces légales et judiciaires (ALJ), information locale précieuse et source non négligeable de revenus, a aussi été abordée. Rien n'est joué à ce sujet, mais il est clair qu'une disparition des ALJ, à l'ordre du jour de la Commission européenne, mettrait en péril bon nombre de titres agricoles départementaux.
La presse agricole et rurale (PAR), seule presse qui peut prétendre à une présence dans toutes les communes de France, doit aussi sensibiliser les politiques locaux à sa défense. Ce fut l'objet de l'intervention de Fabrice Du Repaire, président du syndicat de la presse économique, judiciaire et politique.
Les liens entre agriculture et ruralité furent abordés avec la président de l'association des maires ruraux de France, le maire de Gargilesse-Dampierre (Indre), Vanik Berberian.
Ce que mirent en avant des congressistes, c'est qu'au delà des politiques, ce sont aux éditeurs à innover pour que cette presse, si vantée, vive et se développe. Les lecteurs ont aussi un rôle à jouer. Les éditeurs ont insisté sur la nécessaire proximité qui doit exister entre eux et les lecteurs.
Vendredi, les assemblées statutaires eurent lieu, avant le remise par le président du SNPAR, Paul Pen, du Grand prix éditorial aux meilleures initiatives éditoriales. Puis une présentation sur le thème « Se doter d'outils de gestion adaptés » a été proposée par Michel Guillet, directeur de l'Avenir agricole de la Mayenne. Les Jeunes agriculteurs creusois, Christophe Bridier, Christophe Alabergère et Olivier Dumas ont évoqué avec les responsables de presse leur regard de lecteur sur cette presse professionnelle. Il n'y eut pas que des réunions lors de ce congrès. Les congressistes ont particulièrement apprécié la beauté des paysages creusois. Ils ont aussi visité l'Hôtel du conseil général et le moutier d'Ahun. Ils furent reçus jeudi soir par le député-maire de Guéret, Michel Vergnier, qui ne manqua pas de souligner qu'il était un fidèle lecteur de la Creuse agricole et rurale, ainsi que des revues spécialisées sur les bovins. « Un parlementaire d'un département comme la Creuse qui ne défend pas l'agriculture condamne son territoire », souligna-t-il, avant de servir lui-même l'apéritif aux congressistes charmés par une simplicité toute creusoise !
Maires ruraux : un non franc à la réforme des collectivités
Ce sont des congressistes intéressés et pas avares de questions qui ont écouté Vanik Berberian, président de l'AMRF parler de la ruralité. Une ruralité qui voit sa sociologie changer (moins d'agriculteurs). Un fait que doit prendre en compte la presse agricole et rurale. Il a certifié que cette presse trouverait un appui important auprès des élus des petites communes, qui sont souvent, comme lui, lecteurs de la presse agricole départementale.
Le maire de Gargilesse-Dampierre a surtout témoigné de son combat pour que vivent les territoires ruraux, critiquant notamment le recul des services publics (dont… La Poste) dans les campagnes. Il a sévèrement critiqué la réforme des collectivités territoriales actuellement en discussion au Parlement, qu'il a qualifiée de « réforme d'esprit urbain et technocratique ». Il a dénoncé un manque de considération du Gouvernement de l'avis de l'AMF et de l'AMRF à ce sujet. Se défendant de tout esprit partisan, le maire a expliqué que, sous prétexte de « lutter contre un mille feuille administratif qui n'existe pas », cette réforme visait à rien moins qu'ôter leur souveraineté aux communes et départements, voire à les faire disparaître. Et ce au profit de nouvelles communes, plus grandes, des intercommunalités et des régions. « Il sera possible à un baron de canton de faire passer en conseil municipal la disparition de sa commune et de quelques autres autour. Nous n'avons pas été élus pour accomplir des actions d'une telle gravité. Cela demande un référendum municipal ! ». Mais selon lui, le propre conseiller à la ruralité du Président Sarkozy à cette question n'était pas au courant de cette possibilité. « On prend les gens pour des c… », a-t-il conclu. Pour mémoire l'AMRF fut créée en 1972 en opposition à un projet de Marcellin de réduire (déjà !) le nombre de communes. Pas de doute, le Gouvernement aura un adversaire intransigeant… s'il s'avérait qu'il veuille réduire le nombre de communes.
G.B.
* L'Association des maires ruraux de France compte 10 000 adhérents dans une cinquantaine de départements.
Remerciements
La Creuse agricole et rurale et le SNPAR tiennent à remercier tous les partenaires qui ont contribué à l'organisation de ce congrès national à Guéret et en particulier : le Conseil général de la Creuse, le Conseil régional du Limousin, la Chambre d’agriculture, la mairie de Guéret, la MSA, les JA 23, la FDSEA, CCBE, l'AGC 23, le GDS Creuse ; l'Office du tourisme des Monts-de-Guéret, Groupama, le Crédit agricole et la PAMAC.
La presse agricole vue par les jeunes paysans
Au cours de ce congrès, un sujet très intéressant fut consacré au regard que portent les jeunes agriculteurs sur la presse agricole et rurale. Christophe Alabergère, Olivier Dumas et Christophe Bridier sont venus témoigner. Ils se sont exprimés sur la vision de cette presse en mouvement mais aussi sur leurs attentes au regard de leur métier avec des besoins d'informations diverses et variées.
Ainsi, si la lecture du journal « papier » reste un support important en termes d'information, l’utilisation d'Internet apparaît aujourd'hui comme un outil complémentaire avec un développement important. C'est surtout le cas pour la consultation de petites annonces ou pour approfondir des sujets plus techniques. Avec deux à trois abonnements en moyenne par foyer entre la presse professionnelle et d'information générale, la presse agricole demeure pour sa part en bonne position chez les agriculteurs. Avec un contenu rédactionnel qui répond globalement aux besoins de la profession, les journaux devraient toutefois davantage analyser certains sujets et commenter plus en amont les événements qui le méritent. Si de nouvelles formes d’information comme les newsletters font aujourd’hui leur apparition, les lecteurs attendent encore des informations plus variées avec un contenu plus concis et des illustrations adaptées comme l'infographie.
Si les besoins d'informations doivent rester orientés sur les aspects professionnels, l'ouverture vers de nouveaux horizons et notamment vers la ruralité fait partie des nouveaux challenges que devront relever les titres agricoles.