La crainte qu’une prétendue “modernité” cache une “dictature arithmétique”
Le préfet confirme une réorganisation des services déconcentrés de l’État, dont le président de l’Assemblée départementale craint qu’elle pénalise les territoires ruraux.
Gendarmeries, direction départementale des territoires, mais aussi présence postale, SNCF... Les services déconcentrés de l’État qui se réorganisent sur le territoire ont alimenté les débats de la session du Conseil départemental, à laquelle le préfet du Cantal assistait jeudi 25 juin. Deux positions s’affrontent. Il y a celle du président Descœur et de sa majorité, qui considèrent que le maillage du territoire est arrivé à un seuil minimal en deçà duquel le département ne doit pas tomber. De l’autre côté, celle soutenue de concert par le préfet Vignon et le député Calmette, pour qui une modernisation imposée par des données démographiques et des bassins de vie qui évoluent, nécessite un redéploiement territorial. L’un et l’autre précisent que cette réorganisation doit s’effectuer à effectif constant, s’inspirant du modèle de la convention passée sur trois ans avec l’Éducation nationale.
Question de confiance
Mais d’apprendre par la presse régionale les pistes évoquées qui pourraient se traduire par des fermetures de gendarmerie dans le Cantal(1) a froissé les conseillers départementaux. “Le périmètre des services de l’État continue de se réduire, sans la co-construction promise, sans concertation. Ce n’est pas de nature à conforter la confiance entre l’administration et les élus”, lâche Vincent Descœur. En martelant qu’il ne s’agissait “que d’hypothèses de travail”, le préfet a tout de même apporté quelques éclaircissements et l’ancien pompier qu’il est, tenté d’éteindre l’incendie. “L’État territorial n’a pas vocation à réduire ses services. Les Assises de la ruralité ont même convenu de renforcer l’échelle départementale, à condition de se moderniser. Mais il ne faut pas confondre État de proximité et présence physique sur toutes les parcelles du territoire. Il s’agit de s’adapter à la réalité, sauf à penser que rien ne bouge, ni la démographie, ni le tissu économique...”, plaide Richard Vignon. Pour démontrer que, “là où les services se sont déjà réorganisés, ils ne sont pas forcément moins efficaces”, il livre un exemple. Celui de Saint-Urcize qui, depuis que la commune a perdu sa gendarmerie, n’a eu qu’une urgence à couvrir avec des gendarmes présents dans les 15 mn qui ont suivi l’alerte.
La même efficacité ?
Il précise aussi que malgré ces remaniements, le Cantal n’a pas perdu un gendarme et que - même s’il fait toujours de la sécurité une absolue nécessité - la délinquance tend à fléchir avec une baisse de 30 % des cambriolages dans le département, mais aussi moins d’accidents et de morts sur les routes. Et de confirmer donc : “Des réflexions sont en cours, car c'est notre devoir de le faire.” Vincent Descœur, dubitatif, formule une crainte de voir les moyens se concentrer sur les métropoles : “À force d’être mobiles, les services de l’État finiront par trouver la route qui conduit à Lyon.”
(1) Réflexions en cours sur les gendarmeries de Salers, Lascelle, Calvinet et Allanche.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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