La betterave devient sucre
Comme chaque année, la mi-octobre est un temps fort pour la filière betterave/sucre. Un point sur la campagne 2015.
C'est le dimanche 18 octobre qu'aura lieu la Saint Luc cette année. Les porteurs de ce prénom seront honorés ce jour-là mais les producteurs de betteraves sucrières auront un oeil ailleurs. Cette Saint Luc signifie le point culminant de la récolte de betteraves et de sa transformation en sucre. Et c'est donc à ce moment-là que l'on commence à avoir une idée très précise de l'état de la campagne en cours. Et c'est aussi à ce moment-là que l'on mesure les effets des plus ou moins bonnes conditions dans lesquelles ont été réalisés les semis et toute la croissance de la plante.
Campagne moyenne
«Après un très bon cru en 2014, la campagne 2015 s'annonce proche de la moyenne des années précédentes. Si les résultats demeurent corrects, la sécheresse de la fin du printemps et du début de l'été a eu des conséquences défavorables sur les rendements, très hétérogènes selon les régions» prévient le Centre d'études et de documentation sur le sucre (Cedus). Rappelons cependant que la campagne précédente avait été excellente, l'une des trois meilleures historiquement avec 2009 et 2011 : 37 millions de tonnes de betteraves et un peu plus de 5 millions de tonnes de sucre extraites.Cette année, la météo n'a pas particulièrement été un allié de la betterave. «Si les semis précoces ont été effectués dans de bonnes conditions et ont permis d'assurer un bon potentiel de récolte, l'absence de pluie en juin et juillet a été plus problématique. En effet, cette sécheresse estivale a retardé le développement des racines et les pluies de la fin de l'été n'ont pas été suffisantes dans toutes les régions pour rattraper le retard. Avec cette diminution de la production, les 25 sucreries françaises ont ainsi démarré la campagne quelques jours plus tard, dans la deuxième quinzaine de septembre». La durée de la campagne, qui avait dépassé 120 jours l'an passé, devrait aussi se réduire. On pourrait atteindre, cette année, plutôt une centaine de jours ou un tout petit peu plus.
Toujours plus performant
Le rendement devrait se situer proche de la moyenne de ces dernières années. La productivité ne cesse de s'accroître, grâce notamment à une amélioration de la qualité de semences et à une optimisation des techniques culturales toujours plus performantes et respectueuses de l'environnement.«Au cours des dernières décennies, la culture de la betterave a pu bénéficier des progrès en matière d'agronomie et de génétique et elle a su s'appuyer sur les grandes compétences des planteurs et des industriels. Ainsi, en 40 ans, les rendements sont passés de 40 à 90 tonnes de betteraves à l'hectare avec une forte diminution des intrants, ce qui correspond à une progression de 7 à14 tonnes de sucre à l'hectare» rappelle au passage le Cedus.
Le sucre s'expose à Milan
La France est le premier producteur mondial de sucre de betterave et le huitième producteur mondial de sucre (betterave et canne). Ce secteur fait travailler 26 000 planteurs de betteraves et 44 500 personnes dans la filière sucre. Près de 30 départements et 25 implantations industrielles (en métropole) sont concernés. Au final, on estime que chaque habitant consomme environ 25 kilos de sucre par an en France (la consommation est stable depuis 40 ans).Du coup, pour montrer son savoir-faire, la filière a choisi d'exposer sur le Pavillon France de l'Exposition universelle de Milan, dont le thème est «Produire et nourrir autrement la planète». Du 8 au 21 octobre, le sucre sera donc présent, notamment sur le food truck du pavillon. L'idée ? Faire découvrir aux visiteurs les différentes variétés de sucre : sucre blanc, vergeoise et cassonade seront mis à l'honneur à travers la dégustation de crêpes.Partenaire fondateur de la Semaine du goût, la filière a aussi accueilli, le 12 octobre, les élèves du lycée français de Milan pour une leçon de goût. Tout ceci s'inscrivant dans le cadre de la découverte du patrimoine culinaire français et de l'importance d'un mode de vie alimentaire équilibré.
Thierry Michel