DOSSIER
La baisse du revenu agricole se confirme en 2008 : - 15 %
En 2008, les comptes prévisionnels de l’agriculture font état d’une diminution de 15% du revenu net d’entreprise agricole. Ce chiffre est à nuancer en fonction des productions, et des régions. L'Auvergne, zone de montagne essentiellement tournée vers l'élevage, a beaucoup souffert cette année.
Pour essayer d'entrevoir des pistes d'avenir, Gilbert Bros président de la Chambre d'Agriculture a demandé aux techniciens et ingénieurs de la Chambre de compiler les données disponibles et de donner quelques éléments pour appréhender l'avenir.
Notre dossier complet qui aborde les production de vaches allaitantes, bovins lait et ovins, ainsi qu'une étude sur les bâtiments est à lire sur "La Haute-Loire Paysanne" de la semaine 52 en pages 11 à 15.
La commission des comptes de l’agriculture a dévoilé, la semaine dernière, les prévisions de revenu agricole pour 2008. Pour les exploitations agricoles en France métropolitaine, la baisse serait de 15%. L’année 2008 se caractérise par la forte croissance des coûts de production, liée à l’envolée des cours des céréales et des produits pétroliers intervenus en 2007 et jusqu’en septembre 2008. Cette hausse parfois associée à un recul des prix ou des volumes de la production, pèse sur le revenu de l’ensemble des exploitations.
Le renchérissement du coût des consommations intermédiaires (engrais, semences, énergie et produits de protection des cultures) a un impact négatif sur le revenu des exploitations tournées vers les productions végétales. Dans les exploitations de grandes cultures, cet effet est accentué par la baisse de la valeur de la production. En effet, la hausse des récoltes de céréales et d’oléagineux, consécutive à la suppression de la jachère obligatoire, ne compense pas la nette dépréciation des prix. Dans ces conditions, le revenu des exploitations spécialisées en céréales, oléagineux et protéagineux chute de 37%, alors qu’il avait augmenté globalement de plus de 90% entre 2006 et 2007 (*). Le recul constaté en 2008 est un peu moins prononcé pour les autres exploitations de grande culture (-25%), confrontée à la baisse des rendements de la betterave et de la pomme de terre. Affectés, par les aléas climatiques du printemps et de l’été, qui ont perturbé la campagne des fruits et légumes d’été, les exploitations fruitières et horticoles voient leur revenu diminuer respectivement de – 26% et de – 16%.
Hausse des charges
Pour les exploitations d’élevage, la hausse accusée du prix des aliments composés entraîne une forte augmentation des dépenses d’approvisionnement. Le volume de production est en léger retrait dans les exploitations spécialisées en bovins viande et poursuit sa lente érosion dans les exploitations ovines. Sous le poids des charges, le revenu s’inscrit en net recul, dans ces deux orientations : -32% pour les éleveurs de bovins viande, -10% pour les éleveurs d’ovins. En deux ans, les éleveurs ovins et bovins viande auront vu leur revenu dégringoler de 50%.
En 2008, la hausse de la collecte laitière, dans un contexte favorable de hausse des prix en moyenne sur l’année, se traduit par l’augmentation en valeur de la production. Cette augmentation est la bienvenue dans un contexte d’augmentation des charges sans précédent.
Le cas du lait en Auvergne
Si, au niveau français, le revenu des éleveurs laitiers progresse de 23%, cette hausse est à tempérer selon les régions. En Auvergne, par exemple, Jean-Paul Meunier, du service statistique de la DRAF confirme « que sur l’année 2008, les livraisons de lait ont progressé de 1,5% jusqu’en octobre, et que le prix du lait a augmenté en moyenne de 20% sur l’année. Le poids des charges est à prendre en compte. Le revenu des éleveurs laitiers auvergnats sera positif en 2008, mais probablement pas à hauteur de 23% ».
Que ce soit en ovins, bovins viande ou bovins lait, le revenu des éleveurs auvergnats flirte depuis de nombreuses années avec les 10.000 € par an.
Le secteur hors sol a, lui aussi, connu une mauvaise année 2008. Le revenu s’affiche en baisse de 3 %. La production de porc et de volailles se stabilise en volume. Les cours du porc se redresse en cours d’année, et les prix des volailles augmentent sensiblement. Mais la hausse des prix des produits de l’élevage hors-sol est entièrement absorbée par la hausse des prix des aliments.
(*) Source SCEES
"Nos revenus, une préoccupation prioritaire"
Les premiers éléments connus au niveau national sur les revenus permettent de dégager des tendances qui ne reflètent pas forcément la situation en Haute-Loire. C’est pour cette raison que j’ai demandé aux ingénieurs et techniciens de la Chambre d’Agriculture en charge des réseaux de référence de compiler les données disponibles et de dégager des pistes pour maintenir ou améliorer le revenu en 2009. Leurs travail montre qu’aujourd’hui, plus que jamais, il faut miser sur la technique, les autres éléments comme le prix des charges ou la météo ne pouvant pas être contrôlés. Les responsables professionnels continueront à se battre pour défendre nos intérêts, que ce soit dans le cadre de l’application du Bilan de santé de la PAC, pour une relance du plan bâtiment ou dans la négociation des prix du lait, mais il faut être conscient que, à contexte égal, ceux qui sont plus techniques s’en sortiront toujours mieux.
En terme de conditions de travail, beaucoup ont investi ou voudraient investir dans un bâtiment d’élevage plus fonctionnel. Quel est l’impact du coût des matériaux, de la fin des prêts bonifiés, de l’augmentation des taux d’intérêts sur le coût final d’un bâtiment ? Ces questions, les conseillers bâtiment se les sont posées pour vous. Loin de vouloir freiner vos projets, cette étude vous apporte des éléments pour planifier vos investissements.
Les conseillers projet de la Chambre d’Agriculture mettent leurs compétences à votre disposition, pour réfléchir avec vous, aux pistes d’optimisation qui vous correspondent. Il ne peut pas y avoir de réponse unique, mais il y a chez chacun d’entre-nous des pistes à explorer.
En cette fin d’année, il est bon de se donner de nouveaux challenges. Ne nous laissons pas aller à la morosité, ceux qui s’en sortent sont toujours ceux qui avancent.
Gilbert Bros