Joséphine, future égérie de la race limousine ?
Pour la première fois, deux animaux limousins, nés et élevés dans le Cantal, défendront les couleurs de l’Auvergne sur le ring de la Porte de Versailles.
C’est un peu l’évènement dans l’évènement pour les éleveurs limousins du Cantal : pour la première fois de l’histoire récente de la race, deux animaux élevés dans le département fouleront le 2 mars le prestigieux ring du Hall des Expositions, porte de Versailles à Paris pour le Concours général limousin. Joséphine et Géant auront ainsi l’immense honneur et la lourde tâche de représenter le savoir-faire et la génétique cantaliens et auvergnats(1). Un sacré challenge mais aussi déjà, pour Laurent Échavidre, qui a fait naître Joséphine - une génisse de deux ans -, une sacrée reconnaissance du travail accompli par cet éleveur hors berceau qui s’est mis sur le tard aux concours. Une bête qu’il bichonne matin et soir, presqu’à l’excès.
“Elle a tout !”
Joséphine a déjà un peu un statut de star à l’écart de ses consœurs : “Je la sors, je la fais marcher, je la brosse, je lui parle, je lui mets la radio pour l’habituer au bruit... Peut-être que j’en fais trop mais je n’en ai qu’une !” sourit Laurent Échavidre qui, sans parti pris, aucun (!), l’assure : “Elle a tout : profondeur et largeur de culotte, un très bon bassin, une épaisseur de dessus...” Ses points faibles : “Aucun !” L’agriculteur de Saint-Mamet sait pourtant que la concurrence sera relevée dans la section des génisses pleines de moins de 32 mois avec “huit autres animaux préparés, au top, sans gros écart”, comme il a pu le constater récemment en visiteur à Lubersac lors de la sélection des candidats du berceau. L’occasion pour lui de se rassurer “et de voir qu’hors berceau, on n’a pas à rougir de nos animaux, qu’on a aussi le potentiel...” Un potentiel que Laurent a détecté très tôt chez Joséphine. “J’ai commencé à la préparer en juin 2015, à la dresser à la corde, sachant que seul, c’est moins évident”, et qu’en juillet-août l’activité de ferme-auberge du Braisadou le mobilise grandement. L’aventure a commencé avec Hélios, le père de Joséphine, un taureau acheté au Gaec du Mazuc à Marcolès, déjà dressé. Parfait pour inciter le Cantalien à s’essayer au concours : le premier sera l’Interrégional d’Aumont-Aubrac où Hélios (un fils de Danois) décroche la 3e place, rebelote l’année d’après à Giat (63), avant d’aligner en 2015 Joséphine à Saint-Mamet, puis à l’automne dernier (à Varennes-sur-Allier) six animaux dont Joséphine, Laika, Jason,.. Résultat : neuf plaques ! Joséphine fait un carton : 1ère de sa catégorie, meilleure génisse de 2 ans, et le challenge espérance de l’année. Et Laurent Échavidre repart avec un 2e prix d’ensemble qui sonne comme autant d’encouragements à persévérer et regarder vers la capitale...
La plaque : la cerise sur le gâteau
Sur les 150 postulants pour les 40 places du Salon de l’agriculture, Joséphine est pré-sélectionnée en décembre avant de passer à l’inspection d’une commission ad hoc en janvier. “Le 19 (janvier) au soir, j’ai su que c’était bon. En fait on n’y croit pas tant qu’on n’a pas le coup de fil... Finalement j’ai moins de pression maintenant”, affirme Laurent, qui connaît bien le Sia, côté tribunes. “Mais être sur le ring, ça doit être quelque chose ! Une plaque ce serait la cerise sur le gâteau.” D’ici là, Joséphine va faire l’objet de toutes les attentions. Au menu foin et 9 kilos d’aliment dans la ration pour la belle qui affichait il y a quelques semaines 902 kg. Son transport sera réalisé par le groupe Altitude, dont l’éleveur est adhérent, tandis que Laurent et sa femme auront rejoint les coulisses du Salon dans la nuit du 8 février au 1er mars pour assurer son déchargement et son installation. “Il faut que le mardi matin à 8 heures, tout soit nickel, que les animaux aient été lavés, soient attachés”, indique l’agriculteur de Pradinas qui devra patienter 24 heures avant de fouler le ring le jeudi matin à 9 heures. Mais bon vivant, Laurent a déjà tout prévu : charcuteries et fromages du pays feront partie des bagages. Il s’est aussi préparé à une hypothétique proposition d’achat de Joséphine : “Il vaut mieux avoir un chiffre en tête : à l’étable, Joséphine vaut dans les 2 000-2 500 €, à Varennes peut-être 5 000 €, à Paris, le double...”
(1) Avec Luky au Gaec de la Grange (48) rattaché à la section Auvergne.