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Jean Todt, increvable ambassadeur mondial de la Sécurité routière

L'ancien patron de l'écurie Ferrari et de la Fédération automobile internationale a consacré deux jours au Cantal, prêchant inlassablement pour agir contre la "pandémie" sur les routes.

Pour Jean Todt, la France peut encore réduire par deux la mortalité sur ses routes.
Pour Jean Todt, la France peut encore réduire par deux la mortalité sur ses routes.
© P.O.

Chaque année, ce sont 1,3 million de personnes qui meurent sur les routes à travers le monde (90 % dans les pays en voie de développement), des accidents qui font 50 millions de blessés dont beaucoup vont demeurer lourdement handicapés. Cette hécatombe routière est par ailleurs la première cause de mortalité et de blessures chez les 5-29 ans. Deux derniers chiffres, en termes d'impact économique cette fois : les accidents de la route représentent un coût annuel de 52 milliards d'euros pour l'État français, deux trilliards de dollars à l'échelle planétaire. Ces statistiques, Jean Todt les répète inlassablement depuis 2015, année de sa nomination en tant qu'envoyé spécial des Nations-Unies pour la sécurité routière. Vendredi 5 janvier, l'ancien patron de la Scuderia et de la FIA(1), s'en est à nouveau fait l'écho à l'occasion d'une table-ronde sur la sécurité routière organisée par l'entreprise Europe Service en amont de la présentation de son prototype eCone.

Une pandémie aux remèdes connus
Pourtant, affirme le natif de Pierrefort, contrairement à d'autres fléaux, les remèdes à ce qu'il n'hésite pas à qualifier de pandémie, sont connus : éducation, application de la réglementation, amélioration des véhicules, des infrastructures et qualité des secours. Une recette incomplète en France, estime celui qui a révolutionné l'approche du sport automobile : "La France a fait des progrès extraordinaires, qui ont permis de réduire le nombre de morts de 18 000 en 1975 à un peu plus de 3 500 en 2022 avec trois fois plus de véhicules sur les routes, mais ce n'est pas suffisant, tranche Jean Todt. Il faut être plus ambitieux. Avec son savoir-faire, la France devrait être à moitié moins de victimes, on devrait être au niveau de l'Angleterre, de la Suisse ou encore des pays scandinaves", cités comme des références.
Pour cet infatigable et exigeant travailleur, l'Hexagone a donc une marge de manoeuvre importante, qui passe notamment par une sensibilisation accrue. "La sécurité routière, certes ce n'est pas populaire mais on n'en parle pas et jamais assez alors que c'est la responsabilité de tout le monde", poursuit Jean Todt, se félicitant de l'initiative d'Europe Service au cours de laquelle les acteurs et partenaires associés à cette cause collective ont chacun témoigné des efforts déployés pour sécuriser les infrastructures et prévenir les sorties de route au sens propre et figuré.

Travail d'équipe
Patron des gendarmes du Cantal, le colonel Cortot a ainsi indiqué qu'une analyse hebdomadaire de chaque accident sur lequel les brigades sont amenées à intervenir est réalisée avec les services de la préfecture. "Et quand un problème d'infrastructure est en cause, surtout si c'est récurrent, on en fait part au gestionnaire, comme cela a été le cas sur la RD920 dans les virages glissants de la descente de Saint-Cernin où le Département a réalisé depuis des travaux correctifs." Autre acteur de terrain, dans le domaine des secours cette fois, le Sdis et les 36 centres qui maillent le Cantal contribuent également à ces remontées d'informations auprès des élus et gestionnaires, même si, de l'avis du colonel Greff, la mutualisation de la base de données conséquente issues des interventions des sapeurs-pompiers et  leur géoréférencement mérite d'être optimisée. L'un et l'autre ont aussi rappelé le lourd tribut payé par leurs corps respectifs lors d'interventions sur les routes.
Président d'un département qui doit assurer la viabilité et sécurité de pas moins de 4 000 km de routes (troisième réseau routier le plus haut de France avec une altitude moyenne de 800 mètres), Bruno Faure a rappelé les opérations majeures des dernières années, conduites sous couvert du désenclavement du Cantal mais qui ont tout autant vocation à modifier des portions accidentogènes : sur le RD120 au niveau du Pont d'Orgon, contournement de Saint-Flour,... Chaque année, ce sont 16 MEUR qui sont investis dans des travaux sur les infrastructures routières, dans des aménagements urbains (Jussac, Teissières...) pour améliorer la visibilité, faire ralentir les conducteurs, gérer le multi-usages... "Nous travaillons aussi avec Inforoute, avec des associations de motards pour les informer des opérations de gravillonage en période estivale,..." a fait valoir l'élu.
Mobiliser les entreprises
Comment faire plus et mieux dans le Cantal dont la courbe de l'accidentologie est nettement repartie à la hausse depuis deux ans(2) ? "Quand on analyse accident par accident, dans la plupart des cas, il n'y a aucune fatalité", a avancé le préfet Buchaillat qui, chaque jour, signe trois suspensions administratives de permis de conduire. "Un mort sur cinq en France l'est car il ne portait pas sa ceinture de sécurité, une part importante fait suite à une conduite sous l'emprise d'alcool, de stupéfiants, à une vitesse excessive"... autant de vies qui pourraient être épargnées, appuie-t-il. Aussi, au-delà des actions déjà engagées, le représentant de l'État a annoncé une initiative en direction des entreprises cantaliennes auxquelles il sera proposé de signer la charte d'engagement en faveur de la Sécurité routière pour sensibiliser et mieux protéger leurs collaborateurs, initiative qui s'accompagnera de la création d'un club des entreprises cantaliennes engagées en ce sens, au premier rang desquelles Europe Service a d'ores et déjà candidaté. Une initiative saluée par Jean Todt qui a redit que les accidents, "ça n'arrive pas qu'aux autres".

(1) Fédération automobile internationale.
(2) 164 accidents en 2023 (bilan provisoire) qui ont fait 188 blessés (75 hospitalisés) et 6 tués.

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