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PORTRAIT
"Je vendange depuis que je marche à quatre pattes !"

Audrey Baldassin est vigneronne à Montpeyroux (Puy-de-Dôme) au domaine Les Chemins de l'Arkose où elle cultive avec son associé 12 ha de vignes, servant à la production de vins certifiés Bio et Demeter.

Une femme dans des vignes
Audrey Baldassin est vigneronne à Montpeyroux, dans le Puy-de-Dôme, au domaine Les Chemins de l'Arkose.
© Léa Durif

En janvier 2022, Audrey Baldassin s’associe avec Yvan Bernard sur son exploitation de 12 ha de vignes, située à Montpeyroux, dans le Puy-de-Dôme. Si son installation est récente, Audrey arpente les linéaires depuis l'enfance, à commencer par ceux de sa grand-mère paternelle. Pour autant, la jeune femme n'avait jamais imaginé en faire un jour son métier. À croire que tous les chemins mènent au vin !

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Grandir dans les vignes

Je baigne depuis toujours dans le monde paysan ! »

Née en 1992, « je suis la troisième génération de ma famille à vivre à Montpeyroux ». Dans son noyau familial, il n'y a guère d'agriculteurs de profession, « mais je baigne depuis toujours dans le monde paysan ! » En effet, Audrey grandit au contact de ses voisins éleveurs, céréaliers, apiculteurs... Son grand-père lui-même possède quelques bêtes et un potager, pensés pour la consommation personnelle. Sans parler des vignes implantées par sa grand-mère dans les années 1950, toujours récoltées en famille. Rythmées par le son des sécateurs et des rires, les journées de vendange se terminent immanquablement sur un repas festif et convivial, concocté à partir des produits du jardin. Des moments qui laissent une marque indélébile dans la mémoire d’Audrey.

Le lien qui se noue alors entre la petite-fille et son aïeule qui la garde lorsque ses parents sont trop pris par le travail, est très fort. « Les premières années de ma vie, j'ai plus été élevée par elle que par ma mère » confie Audrey. 

une femme dans des vignes

 

Diplôme de paysagiste 

Les patrons me disaient que je n'avais pas le profil. J'étais trop maigre à leurs yeux, ils ne m'imaginaient pas capable de réaliser des tâches physiques. »

Après un parcours scolaire classique, Audrey s'inscrit au Lycée agricole de Marmilhat, à Lempdes (63), où elle obtient un diplôme de paysagisme. Sortie d'école, la jeune femme s’applique à trouver un travail dans sa branche, mais se heurte systématiquement à des portes fermées. Malgré ses diplômes, ses permis, et un physique athlétique, « les patrons me disaient que je n'avais pas le profil. J'étais trop maigre à leurs yeux, ils ne m'imaginaient pas capable de réaliser des tâches physiques. » Déception après déception, la future vigneronne abandonne peu à peu l'espoir d'un jour trouver une place dans le milieu du paysagisme.

 

De salariée à associée

Au départ, j'aidais Yvan sur des périodes de quelques semaines, puis durant la partie hivernale et les vendanges. En 2022, nous nous sommes associés. »

Durant la même période, la jeune femme perd sa grand-mère. C'était en septembre 2013. Alors que le sort semble s'acharner, sa mère, assistante maternelle, la met en contact avec Yvan Bernard, dont elle garde régulièrement la fille. Le vigneron, installé depuis 2001 au cœur de Montpeyroux, cherche du renfort pour entretenir ses vignes. C'est ainsi qu'Audrey met un premier pied dans le domaine d'Yvan, avec le sentiment de « suivre les traces » de sa grand-mère, partie à peine quelques mois plus tôt.

« Au départ, j'aidais Yvan sur des périodes de quelques semaines, puis durant la partie hivernale et les vendanges. En 2022, nous nous sommes associés. » Pour l'occasion, le domaine est renommé «Les Chemins de l'Arkose», en référence à la pierre de taille emblématique du village. Quant aux vignes de sa grand-mère, elles continuent d'être entretenues par son père.

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Naturalité

Le but de la biodynamie est de soigner les plantes par les plantes. Nous confectionnons nous-même nos préparations pour protéger et soigner nos vignes »

Aujourd'hui, le domaine cultive 12 hectares de vignes, réparties sur 22 parcelles, majoritairement en fermage, et localisées dans un périmètre de 30 kilomètres autour de Montpeyroux. « Dans les années à venir, nous espérons pouvoir regrouper davantage nos surfaces, pour faciliter l'organisation de notre travail » précise Audrey, qui s'occupe principalement des tâches manuelles sur l'exploitation. Elle porte un soin particulier à l'agencement des linéaires, toujours droits et propres, hérité de ses années de paysagisme.

Concernant le système cultural, « cela fait trois ans que nous ramassons l'intégralité des raisins à la main. Cela nous permet de les trier avec précision dès la récolte, pour garantir une qualité optimale ». Un choix en cohérence avec la volonté de naturalité des viticulteurs, dont les produits sont certifiés Bio depuis 2009, et Demeter - label de la biodynamie - depuis 2022. « Le but de la biodynamie est de soigner les plantes par les plantes. Nous confectionnons nous-même nos préparations pour protéger et soigner nos vignes, à partir de végétaux et de minerais achetés à un prestataire ou par le biais de l'association Loire Volcanique, que nous dynamisons avec l'eau pure de nos puits. » Après sept ans d'expérimentation, les bienfaits de cette pratique, bien qu'elle soit chronophage, ne font plus aucun doute pour les vignerons, « tant au niveau de la qualité des vinifications que de la simplification de la conservation».

Une femme sous un abris à matériel, un pulvérisateur à côté d'elle

 

Patrimoine œnologique

Ce serait dommage de perdre le savoir-faire des anciens, d'autant que les consommateurs sont demandeurs »

Entre Pinot noir, Gamay, Syrah et autre Chardonnay, Les Chemins de l'Arkose proposent une quinzaine de cuvées différentes, « toutes avec leur identité propre ». Chacune d'entre elles porte d'ailleurs un nom en lien avec son histoire. Par exemple, « les linéaires du vin des Terrasses poussent sur d'ancienne terrasses viticoles», un autre appelé "Petrosus" « porte le nom latin de Montpeyroux ». Des clins d'œil au terroir auxquels s'ajoutent la conservation de crus locaux historiques, tels que le rosé de Corent. « Ce vin a une belle valeur historique ! Ce serait dommage de perdre le savoir-faire des anciens, d'autant que les consommateurs sont demandeurs ». 

 

Commercialisation diversifiée

Le nombre de bouteilles vendues varie d'une année sur l'autre, « l'an dernier nous en avons vendu 70 000, contre 50 000 cette année ». Les débouchés de commercialisation du domaine sont divers, et ne connaissent pas de frontières. « Nous vendons un tiers de notre production en direct dans notre cave, un tiers aux professionnels (restaurant, bars à vin, cavistes...) et un tiers à l'export». Vendus dans la plupart des grandes villes de France, les vins du Domaine se retrouvent également dans la plupart des pays européens limitrophes, mais aussi en Amérique (Canada, New-York) et en Asie (Taïwan). Une internationalité qui amène les associés à participer à de nombreux salons, organisé un peu partout dans le monde !

une femme devant des cuves tient un bouteille de vin

 

Nouveau bâtiment

Cette année, le domaine a investi dans la construction d'un nouveau bâtiment pour vinifier et stocker son vin, en plus de sa belle cave en pierre au centre du village. Donnant directement sur une de leurs parcelles, ce nouveau lieu permettra d’accueillir davantage de monde lors des évènements et de lancer une activité d'œnotourisme avec la création d'un logement saisonnier. Un nouveau projet qui fait sens pour le domaine, localisé dans un des Plus Beaux Villages de France !

Lire aussi -> La plume du sommelier, un vin à 8,5 %

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