Interview de Christiane Lambert, présidente de la FNSEA
Alors qu’approchent les conclusions des États généraux de l’alimentation, prévues le 21 décembre, la FNSEA a rencontré le Premier ministre Edouard Philippe le 7 décembre pour rappeler les points de vigilance et les attentes de la profession agricole.
La FNSEA s’est beaucoup mobilisée dans le cadre des États généraux de l’alimentation. Qu’attendez-vous du Gouvernement suite aux conclusions prévues le 21 décembre ?
Nous avons rappelé au Premier ministre et au ministre de l’Agriculture, présent à ce rendez-vous, que beaucoup de travail avait été effectué par la profession agricole. Les contrats de filières sont en voie de finalisation, et nous insistons, avec les associations spécialisées de la FNSEA, pour que les deux volets des États généraux soient bien pris en compte : la montée en gamme, produire pour tous les marchés et la nécessaire compétitivité d’une part, mais aussi le volet des prix pour que les agriculteurs puissent obtenir enfin un retour de valeur, comme l’avait promis le candidat Macron.
Quelles sont vos demandes par rapport à la loi attendue l’année prochaine ?
Nous avons exigé que la loi sur les négociations commerciales promise le 11 octobre par le président de la République ne traîne pas et qu’une proposition soit déposée dès le début du premier semestre 2018, pour un engagement bouclé avant la fin de ce premier semestre. Ce point est d’autant plus important que les négociations commerciales actuelles se passent mal, en dépit de la charte d’engagement signée par l’ensemble des représentants de la filière au ministère de l’Agriculture, le 14 novembre. Le Premier ministre a indiqué qu’un rappel à l’ordre sera effectué auprès des distributeurs.
La profession agricole s’est aussi beaucoup impliquée dans le deuxième chantier des États généraux de l’alimentation. Quelle vision défendez-vous ?
Dans le deuxième chantier, les sujets comme l’éducation à l’alimentation, la connaissance de l’équilibre alimentaire, la fiabilité sanitaire de l’alimentation sont des sujets que nous voulons voir renforcés. Nous avons également évoqué le sujet des phytosanitaires, à travers le contrat de solutions porté par la FNSEA avec une trentaine d’organisations du monde agricole. Nous souhaitons voir cette trajectoire de progrès pour la protection des plantes intégrée dans la partie 2 des États généraux de l’alimentation, car nous pensons qu’il est plus intelligent de proposer une somme de solutions au fur et à mesure qu’elles seront trouvées par la science ou par les pratiques des agriculteurs, plutôt qu’une foule d’interdictions qui tomberaient de façon régulière, et que les agriculteurs ne pourraient ni appliquer ni comprendre. C’est pour nous quelque chose d’essentiel, la confiance et le contrat doivent prévaloir sur les contraintes et les interdictions. Nous avons été écoutés, mais il reste encore beaucoup de travail à effectuer.
Dernier sujet d’actualité, la Politique agricole commune, surtout en regard de la dernière communication de la Commission européenne…
En effet, sur le sujet de la PAC, nous avons effectué deux mises en garde. Premièrement, attention au budget ! Le président Macron est attendu pour porter haut et fort la voix de la France, notamment aux côtés de l’Allemagne. Deuxièmement, il faut conserver un sens au « C » de la Politique agricole commune. Or en l’état, la proposition du commissaire Hogan ressemble davantage à la juxtaposition de politiques de 27 États membres. Nous craignons donc des distorsions. Nous reviendrons sur ce sujet qui nous est cher lors de la grande conférence sur la PAC qui se tiendra le 19 décembre et à laquelle nous avons la ferme intention d’être bien représentés.