"Il faut travailer pour la création de valeur ajoutée dans la filière"
Yannick Fialip, président de la section régionale et de la section départementale laitière, croit en une hausse du prix du lait, à condition que les entreprises soient plus réactives qu'en 2007. A plus long terme, selon lui, il faut travailler pour trouver de la valeur ajoutée dans la filière et sa juste répartition.
Quelle est la situation au niveau de la filière laitière dans notre région, en France et à l’international ?
Yannick Fialip : Notre région du Massif central et la France plus généralement sont en sous réalisation depuis quelques années. Cette situation s’est aggravée depuis le début de la campagne, principalement en raison de la baisse du prix du lait.
Mais en Europe, la plupart des pays sont en hausse de production, y compris l’Allemagne.
Le volume mis sur le marché en Europe est donc plutôt en hausse. D’autre part, les cours mondiaux des principaux co-produits, beurre et poudre de lait sont en hausse depuis quelques mois, en lien direct avec les conditions météorologiques de production en Océanie mais surtout à cause d’une reprise de la consommation de produits laitiers en Asie.
Les tendances lourdes du marché des produits laitiers sont donc favorables à une hausse du prix du lait dans les mois à venir.
Dans ces conditions, faut-il négocier tout de suite avec les entreprises pour la fin de l’année 2009 et l’année 2010 ?
Y.F. : Nous avons fait le choix de négocier un accord en juin, qui prévoyait un prix de base de 280 euros/1.000 litres sur 2009. Cet accord doit s’appliquer. Les entreprises connaissent donc le prix qu’elles pratiqueront pour les mois de novembre et décembre.
Le marché des produits laitiers se redresse, les fondamentaux sont favorables. Dans un certain nombre de pays en Europe, le prix du lait va bientôt remonter au-delà des 300 €/1000 litres. Si les entreprises veulent du lait, il faudra qu’elle redonne de l’espoir aux producteurs. Et l’espoir passe essentiellement par un prix rémunérateur… Nous ne devons pas refaire les mêmes erreurs qu’en 2007, où les industriels ont retardé le plus possible les hausses de prix. C’est pourquoi, dès janvier 2010, le prix payé au producteur doit repartir à la hausse.
Au regard de la sous-réalisation dans la région, l’ouverture des volumes est-elle opportune ?
Y.F. : Le premier objectif est la négociation du prix du lait pour 2010, qui doit être supérieur à celui de 2009, pour permettre aux producteurs de réinvestir dans la production. Nous avons déjà fait une ouverture pour les petits producteurs (moins de 140.000 litres), auxquels il sera remboursé un forfait de 10.000 litres de lait sur la campagne actuelle. Nous devons également obtenir au niveau national, un traitement différencié sur l’allocation de fin de campagne pour nos régions, qui sont en forte sous-réalisation laitière.
Le plan d’urgence Sarkozy est-il de nature à aider les producteurs de lait ?
Y.F. : Même si nous n’avons pas obtenu, tout ce que nous voulions, les aides de trésorerie du plan Sarkozy, avec des prêts à moins de 1% doivent constituer une opportunité pour les producteurs. Ces dispositions doivent leur permettre de passer un cap et de relancer la production. Le gouvernement ne peut se satisfaire de ce plan, c’est pourquoi, nous demandons qu’il pèse de tout son poids pour obliger les industriels laitiers à retrouver un prix du lait rémunérateur pour les producteurs. N’oublions pas cependant que ces éléments conjoncturels seront complétés par les mesures du bilan de santé de la PAC, favorables aux producteurs de nos régions, dès 2010.
Quelles sont les perspectives à plus long terme, notamment pour l’après quota ?
Y.F. : Nous devons être force de propositions sur ce sujet. Un travail collectif a démarré pour assurer les droits et les devoirs des producteurs et des entreprises sur la collecte et la transformation du lait. Il faut travailler pour la création de valeur ajoutée dans la filière et sa juste répartition. Nous avons démarré avec le retour aux producteurs sur les fromages AOC. Le montant n’est pas très élevé pour l’instant mais il devrait augmenter progressivement. Il existe d’autres pistes, à l’image de l’appellation « montagne » ou l’agriculture biologique. Je suis persuadé qu’il y a un véritable avenir pour la production laitière dans notre région.