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Hébrard, l'âge d'or de la pierre de Bouzentès

Reléguée il y a 30 ans à une seule vocation funéraire, la pierre de Bouzentès est désormais prisée en France et en Europe, y compris dans les chantiers de luxe grâce à l'atelier Hébrard.

La pierre de Bouzentès, "dans 2 000 ans elle sera encore là", affirme Emmanuel Hébrard. Réalisation au centre aqualudique de Saint-Flour.
La pierre de Bouzentès, "dans 2 000 ans elle sera encore là", affirme Emmanuel Hébrard. Réalisation au centre aqualudique de Saint-Flour.
© E. Hebrard

Rien n'est jamais gravé dans le marbre, Emmanuel Hébrard, qui incarne la cinquième génération de tailleur de pierre depuis 1860, est bien placé pour le savoir. Quand ses parents Roger et Marie-Paule se sont installés à Villedieu en 1992, à quelques encablures de la carrière de Bouzentès, la pierre qui en était alors issue n'avait guère d'autres débouchés que les cimetières pour des monuments funéraires. Un marché funéraire alors très concurrentiel et qui pousse le couple à se diversifier. "Ils sont repartis de rien, ça a été des moments franchement difficiles d'autant que c'était la crise du début des années 90, on avait plus souvent les banquiers au téléphone que les clients", se rappelle Emmanuel Hébrard, qui, son CAP de tailleur de pierre en poche et à seulement 17 ans, rejoint alors une entreprise familiale à l'avenir incertain.

Sur les chemins de pierre...
Avec une conviction cependant autour de laquelle la famille Hébrard fait bloc : cette pierre de lave volcanique extraite à 1,5 km seulement de l'atelier recèle de vraies potentialités. Très dense, non gélive (un atout en zone de montagne), résistante aux acides employés dans l'industrie, dotée de propriétés acoustiques... elle se prête à de multiples usages, à commencer par la voirie. "La pierre de Bouzentès présente énormément de propriétés qui étaient restées méconnues jusqu'à ce qu'on s'en occupe", sourit le chef d'entreprise, qui va inonder d'échantillons de cette pierre si précieuse à ses yeux de potentiels clients à travers la France et à l'étranger. Autant de cailloux semés dans la tempête, qui, 30 ans plus tard, ont permis au petit poucet cantalou de se faire un nom sur ce marché de niche de la pierre volcanique. "Un marché restreint mais dont les acteurs sont peu nombreux", précise Emmanuel Hébrard, devenu l'un des leaders tricolores du secteur.
Une pierre redevenue prophète dans le Cantal
Principale activité de l'atelier Hébrard, qui emploie aujourd'hui 13 salariés, dont depuis peu Enzo, la sixième génération tout juste diplômée d'un CAP marbrier-façonnier : la voirie. Ou plus exactement l'embellissement urbain : pavé, dallage, fontaine... avec, parmi les gros chantiers de 2023, la valorisation  du site patrimonial de Saint-Géraud et les rues du centre-ville aurillacois, la réfection de la place d'Armes à Saint-Flour ou encore le coeur de ville muratais. Des chantiers locaux qui flattent le chauvinisme revendiqué du tailleur de pierre de Villedieu : "Les gens ont compris qu'il fallait investir sur le local et des matériaux plus durables. Je crois que l'époque où l'on pavait des places du Cantal avec du granit de Chine est finie. On a pris conscience que si les générations précédentes avaient utilisé ces pierres locales, c'est qu'elles étaient solides. Prenez la cathédrale de Saint-Flour, elle n'exige quasiment aucune restauration, contrairement aux châteaux de la Loire qui doivent être en permanence rénovés !
La pierre de Bouzentès, dans 2 000 ans, elle sera encore là !"
Avec son bâton de pèlerin dans la main, Emmanuel Hébrard a su convaincre bien au-delà des contours cantaliens avec des marchés désormais en Auvergne, en France (y compris aux Antilles) et en Europe. La pierre grise "du plus ancien volcan d'Europe", comme se plaît à rappeler l'artisan, a ainsi conquis la Sérénissime, Zurich, le Royaume-Uni, la Belgique, etc., aidée en cela par l'appui précieux et efficace salue Emmanuel Hébrard de l'agence Auvergne-Rhône-Alpes E

Tailleur de pierre 4.0
"Aujourd'hui, on est sollicité aux États-Unis, mais on essaie de progresser doucement", avance-t-il, confiant qu'en 30 ans d'activité, le carnet de commandes n'a jamais été aussi bien rempli. 2022 a été une année record, 2023 et les deux suivantes s'annoncent du même acabit, obligeant l'entrepreneur à envisager un fonctionnement en deux équipes.
Cette croissance, la société cantalienne s'en est donnée les moyens en automatisant très tôt son process de découpe notamment mais aussi l'extraction de la pierre. "On a fait le pari d'investir dans la mécanisation, la robotisation, des machines outils dernier cri, qui nous donnent une longueur d'avance sur la concurrence", indique Emmanuel Hébrard, qui incarne la génération 4.0 du métier tout en restant admiratif du savoir-faire ancestral de son père, "le dernier tailleur de pierre du Cantal" . "La machine outil assure les tâches les plus ingrates, le savoir, l'oeil, la main du tailleur de pierre servent à la finition, la valorisation du produit, notamment pour les projets de décoration", explique-t-il.
Pierre à voyager
Outre les marchés de voirie, l'atelier de Villedieu s'est en effet diversifié dans le secteur du bâtiment avec la confection de pierres à bâtir, de faitage de toit, parement mural, plans de travail pour cuisine,... Ce savoir-faire est mis actuellement au service du futur complexe hôtelier haut de gamme de Tournemire, un projet auquel l'artisan se dit très fier de participer et une nouvelle référence au book déjà bien garni de l'atelier Hébrard comme en attestent les photos de villas de luxe à Saint-Barth, Saint-Tropez ou encore Hossegor, qui garnissent le bureau du chef d'entreprise. Ce dernier valorise une autre spécificité de la pierre de Bouzentès : sa faculté à renvoyer une couleur bleu lagon lorsqu'elle pare l'intérieur d'une piscine.
"Avec la pierre de Bouzentès, on voyage sans quitter Villedieu", sourit-il. Prochain projet : la mise en ligne, espérée en décembre, d'un site marchand pour commercialiser les objets de décoration de maison confectionnés avec les chutes de matière de l'atelier.

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