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FNPL
H. Brichart : “La production laitière française a toute sa place”

Fin programmée des quotas, contrats laitiers,... : c’est à l’aube d’une nouvelle ère que s’ouvre aujourd’hui à Aurillac le congrès de la Fédération nationale des producteurs de lait.

Henri Brichart est producteur de lait dans l’Aisne et préside la FNPL depuis avril 2002.
Henri Brichart est producteur de lait dans l’Aisne et préside la FNPL depuis avril 2002.
© (© L’Agriculteur de l’Aisne)

Le congrès de la FNPL s’inscrit à quelques jours de la mise en place des contrats et des bassins laitiers. Peut-on parler de période charnière voire d’un véritable tournant pour la production laitière française ?

Henri Brichart, président de la FNPL : “C’est une étape mais avec des bouleversements importants. Ces bouleversements - et notamment le désengagement progressif de la puissance publique qui a touché d’autres secteurs avant nous - sont cependant annoncés depuis longtemps. Ils vont placer la filière laitière dans une nouvelle ère avec une relation entre producteurs et acheteurs qui ne sera plus encadrée par les pouvoirs publics. Aussi, même si côté volumes nous avons encore quatre campagnes de quotas devant nous, il faut réinventer une gestion privée de cette relation. Il faut penser et réécrire tout ça sachant que la notion de contrat n’est pas complètement nouvelle.”

 

Justement, pensez-vous que la filière laitière française a aujourd’hui la capacité à s’inscrire dans un dialogue et un partenariat constructifs entre ses différents acteurs pour renouer avec la compétitivité ?

H. B. : “La filière française a acquis une certaine forme de maturité, elle a su dépasser des périodes compliquées et des conflits parfois durs dans un monde qui jusqu’alors était quand même bien protégé. Saura-t-elle garder cette maturité à l’avenir ? Ce qui est sûr c’est que le relationnel entre producteurs et entreprises sera d’autant plus facile que la conjoncture sera bonne. Cela dit, le fait qu’on ait su se mettre d’accord sur un certain nombre d’éléments dans le cadre d’un guide des bonnes pratiques de la contractualisation est aussi le reflet de cette habitude de relations, de discussions, qui est pour moi la preuve que les uns et les autres sont persuadés qu’ils ont un destin extrêmement lié.”

 

Certains diabolisent ces contrats, que répondez-vous ?

H. B. : “Dans un avenir où le monde laitier sera moins protégé, ou bien on pense qu’on est les plus forts dans la chaîne alimentaire et qu’on saura toujours imposer sa loi, ou bien on trouve un moyen de sécuriser les choses. Une contractualiation équilibrée ne nous conduira ni au paradis ni en enfer, mais elle constitue un des moyens de sécuriser l’avenir. Ce que dit la FNPL aujourd’hui aux producteurs c’est qu’ils ne doivent pas aller négocier et signer leur contrat individuellement. Depuis 18 mois, nous travaillons concrètement sur le terrain pour mettre en place des organisations collectives qui auront vocation à négocier. Certes, ce n’est pas si évident que cela, selon les endroits et la culture locale, ce travail a plus ou moins progressé. Mais dans ce vaste dossier qu’est la contractualisation, le point de départ est bien celui-là : qui va négocier avec qui.”

 

Quels vont être vos principaux messages aux producteurs de lait dans le cadre du congrès ?

H. B. : “Nous allons avoir deux périodes de travail ; l’une autour des bassins laitiers, de l’évolution des quotas avec en filigrane le rôle du syndicalisme dans cette phase de transition. Une seconde autour des perspectives de marché en France, en Europe et dans le monde et du positionnement de chacun - producteurs et entreprises - dans ce contexte. Ce qu’on souhaite au niveau de ce congrès, c’est vraiment se projeter vers l’avant, dans un monde qui sera sans quota en 2015, quoi qu’en disent certains. Et donner un peu de punch aux producteurs, qu’ils repartent d’Aurillac en se remontant les manches et plus confiants : la conjoncture est bien meilleure aujourd’hui. Même si les charges ont augmenté sensiblement, les perspectives de marché existent et la production française a toute sa place dans le paysage mondial. On a certes des faiblesses mais aussi des atouts avec un climat tempéré qui fait que demain on aura toujours la capacité à produire. La diversité française a aussi tout son intérêt avec des zones très productives, d’autres avec des handicaps naturels mais des produits davantage valorisés. Tout cela doit nous permettre d’appréhender demain les marchés.”

 

Et vos revendications envers le ministre ?

H. B. : “En mettant en place la contractualisation, l’État a mis beaucoup de choses entre les mains de la filière. Ce que nous attendons aujourd’hui, c’est que le gouvernement français pèse de tout son poids à Bruxelles pour maintenir et renforcer dans la future Pac des outils de régulation, comme le stockage, qui ont montré tout leur intérêt pour éviter la volatilité des prix. Par ailleurs, si on est prêt à se prendre en main, il faut que l’État veille à ce qu’en France on ait les mêmes conditions en termes social, fiscal, environnemental, que dans d’autres pays. Surtout à l’heure où on parle beaucoup de compétitivité.”

 

 

 

 

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

Droits de reproduction et de diffusion réservés.

 

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