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Garder "le bon sens paysan" dans la gestion des exploitations

le syndicat départemental des éleveurs Montbéliards tenait son assemblée générale le 16 décembre dernier. La conjoncture conduit les responsables à inciter les éleveurs à privilégier les animaux à haut potentiel génétique. Bruno Pount directeur de Codélia a fait une intervention sur la semence sexée, une technique fiable qui permettra aux éleveurs d'être plus autonomes dans la production de génisses.

Une cinquantaine de personnes a participé à l’assemblée générale.
Une cinquantaine de personnes a participé à l’assemblée générale.
© HLP

Le syndicat Montbéliard de la Haute-Loire a tenu son assemblée générale vendredi 19 décembre dans les locaux de l’ISVT à Vals près le Puy. Une cinquantaine de personnes a assisté à cette réunion qui s’est achevée par la présentation de la technique de la semence sexée par Bruno Pount, directeur de Codélia.
Le président Jean-Louis Bernard a commenté une année 2008 mouvementée avec une pénurie des matières premières et une hausse des produits agricoles qui ont laissé place à l’engorgement de marchés, la chute des cours des denrées alimentaires et le spectre de la crise économique. «Quel expert bien averti aurait pu imaginer pareil revirement en moins d’un an ! Ou alors le monde actuel est devenu un peu fou, avec son lot de spéculateurs et de « trader » au vorace appétit financier.»
Dans ce contexte, le président demande aux éleveurs de garder « le bon sens paysan » dans la gestion des exploitations. « Prenons garde aux fausses solutions et aux économies à court terme qui risqueraient de mettre à mal l’avenir des élevages. Pour s’adapter aux variations du marché, l’éleveur peut jouer sur le levier de l’alimentation pour rechercher le meilleur coût de production possible. Pour cela, il doit s’appuyer sur un troupeau avec un potentiel génétique élevé qui pourra aussi bien répondre à une alimentation plus économique quand le prix des aliments s’emballe ou que le prix du lait baisse, qu’à une production supplémentaire quand la demande se fait sentir.»
Jean-Louis Bernard a rappelé que la race Montbéliarde avait besoin d’une base de sélection la plus large possible, avec un maximum d’élevages soumis au Contrôle laitier et adhérant à l’Organisme de Sélection (OS). Dans cette optique, le syndicat Montbéliard, le syndicat de Contrôle laitier et Codélia ont élaboré un contrat global d‘adhésion à l’OS dans le but d’amener 70 % des élevages Montbéliards utilisant les services de Midatest à devenir adhérent au service élaboré de l’OS.

« Un cran en dessous » dans les concours

Côté concours, Miss Montbéliarde 2008,  remporté par Eric Chave de Tence, a de nouveau confirmé son succès avec un lot d’animaux de grande qualité et un public très nombreux. 11 primipares sélectionnées à ce concours ont participé à Miss Montbéliarde Nationale les 14 et 15 mars à Saint-Flour dans le Cantal sans remporter aucun prix.
Le 30 avril, 8 vaches de 6 élevages se sont rendues à Besançon pour «Montbéliard Prestige». 2 vaches sont montées sur le podium et l’Auvergne a obtenu la 2e place au challenge interrégional.
14 élevages ont également participé au Sommet de l’élevage et ont décroché des 1er, 2e et 3e prix de section, mais pas de prix de championnat.
Après avoir fait lecture des différents palmarès, Jean-Louis Bernard a analysé les résultats en indiquant, que dans les concours régionaux et nationaux, les animaux de la Haute-Loire sont « un cran en dessous des autres». Face à cette réalité, le syndicat a mené une réflexion avec le Contrôle laitier et Codélia.  Il en ressort qu’il faut un meilleur recrutement de tous les animaux pouvant concourir à ce niveau. Dans chaque secteur, les conseillers de l’Elevage Lait, les inséminateurs et les administrateurs du syndicat se réuniront afin de voir tous les éleveurs qui ont des animaux susceptibles de participer au concours. Il est aussi envisager d’aider les éleveurs qui manquent de temps pour préparer leurs animaux. Le syndicat veut ainsi mettre tout en œuvre pour que la qualité du cheptel départemental soit reconnue aux niveaux régional et national.

Semence sexée : atout pour avoir un veau du sexe souhaité

Pouvez-vous expliquer la technique de la semence sexée ?
Bruno Pount : c’est la capacité de trier les spermatozoïdes X et Y pour obtenir, après insémination, un veau du sexe souhaité. Sur chaque spermatozoïde, on quantifie la quantité d’ADN. On sait qu’il y a plus d’ADN dans les spermatozoïdes porteurs du chromosome Y que dans ceux porteurs du X.
Cette technique se répand depuis 2004. En France, il y a encore relativement peu de doses. Cette année, en Montbéliard, notre unité de sélection Umotest a proposé la semence sexée de 2 taureaux dans des quantités pas très importantes.
Umotest a investi dans une plate-forme de testage et dès 2009, nous serons en mesure de proposer une quantité relativement importante de doses sexées. Cette plate-forme, construite dans le Doubs, sera la 1ère en France, toutes races confondues. Elle sera opérationnelle fin du 2e trimestre.

Cette technique est-elle fiable ?
B.P : le taux de fiabilité approche les 90 % de veaux de sexe désiré. Il est important de préciser qu’on ne constate pas davantage d’avortements ou de malformations.
Par contre les doses sont faites avec moins de spermatozoïdes car c’est plus long de les trier un par un. Du coup, on observe une baisse de la fertilité. Nous conseillons donc de l’utiliser sur les animaux les plus fertiles.

Selon vous, la demande va-t-elle rapidement progresser ?
B.P : actuellement, la demande est réduite par le fait qu’en Montbéliard, l’offre est limitée à 2 taureaux de notre catalogue (Ralban et Rapallo). Dès 2009, l’offre va se développer, peut-être pas sur toute la gamme, mais sur un nombre plus important de taureaux.

Quels sont les avantages de cette technique ?
B.P : pour l’éleveur, cette technique lui permet d’assurer un certain nombre de génisses dans son troupeau.
Pour les schémas de sélection, pour certains accouplements, cette technique est intéressante car on cherche vraiment à avoir des mâles ou des femelles.
Autre avantage, le développement de cette technique devrait permettre au département de devenir plus autonome en terme de production de génisses, car à l’heure actuelle, la Haute-Loire en importe encore beaucoup.

Cette technique se développe en Montbéliarde. Qu’en est-il des autres races ?
B.P. : Aujourd’hui en France, on dispose d’une offre en races Prim’Holstein, Normande, Simmenthal, Charolais…
En élevage bovin, la semence sexée est une technique appelée à se développer dans les années à venir.

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