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Gaec du Meyniel : du foin à l'abri par tous les temps

Cave d’affinage, séchage en grange... au Gaec du Meyniel à Crandelles, on a investi pour la qualité des fourrages, du lait et par ricochet, du cantal et salers AOP.

Ludovic Combes et Jean-Charles Bornes, accompagné de Vincent Charbonnel (CA15) entament leur troisième année de séchage en grange.
© PAtricia Olivieri

Il y a quelques années encore, c’est sur la pelouse du stade du Moulin à vent que Jean-Charles Bornes et son beau-frère Ludovic Combes exprimaient leur “grinta”, savant mélange de détermination et combativité, mais aussi leur amour du beau jeu, du travail bien fait et payant sans laisser leur part en terme de convivialité. Toujours impliqués au RC Saint-Cernin et marqués au fer orange du club dont ils continuent d’arborer le short à la ferme, c’est désormais sur leur exploitation, le Gaec du Meyniel à Crandelles, qu’ils s’attachent à traduire et perpétuer ces valeurs avec la qualité comme boussole. Qualité des fourrages, qualité du lait, de la croûte et la pâte des cantal et salers qu’ils façonnent..., qualité de vie aussi pour ces deux quadragénaires qui concilient aujourd’hui métier passion et vie de famille harmonieuse. 
Une cave pour 700 fromages
Installés respectivement en 2004 et 2011 avec Marie-Thérèse Bornes, Jean-Charles (son fils) et Ludovic traient 80 laitières, dont ils transforment près de 85 % des 480 000 litres produits annuellement en AOP. La traite du dimanche soir lors de la saison du salers et celles du samedi et du dimanche le reste de l’année sont destinées à la laiterie, afin que chacun profite d’un week-end libre sur deux. Leurs fourmes sont pour partie commercialisées en vente directe à la ferme, pour une autre auprès d’un réseau de crémiers mais aussi auprès de grossistes. Toutes sont aujourd’hui affinées dans la cave d’une capacité de 700 pièces, aménagée en lieu et place de l’ancien bâtiment des génisses, avec climatisation mécanique et humidificateur pour maintenir température (12°C) et humidité constantes (95 %). Une maîtrise de l’affinage, passage obligé pour aller jusqu’au bout de son produit et le valoriser au mieux, estiment les associés. 


Ensilage, prim’holstein : “Les crémiers faisaient des bonds !”

La mise en service de la cave a coïncidé avec un autre chantier, la construction du nouveau logement des génisses avec une partie stockage dans un bâtiment semi-ouvert, exposé sud-est et visant le bien-être des futures laitières, affranchies des problèmes de ventilation, indique Vincent Charbonnel, conseiller bâtiments à la chambre d’agriculture du Cantal, qui a accompagné le Gaec dans plusieurs de ses réalisations. Seul bémol : en cas de pluies intenses, l’eau s’invite dans le bâtiment. La faute aux évolutions climatiques : “Avant, on disait que les perturbations arrivaient de l’Ouest, aujourd’hui on constate que ça vient davantage du Sud”, analyse ce dernier. 
Les adaptations suivantes de l’exploitation vont être guidées et dictées par les exigences du marché et les polémiques médiatiques : “Quand on démarchait des crémiers, à Brive ou ailleurs, dès qu’on disait qu’on faisait de l’ensilage et qu’on avait des prim’holstein, ils faisaient des bonds”, mais pas de bons de commande... témoigne Ludovic Combes. Alors, pour coller à l’image d’un produit de terroir, un terroir très majoritairement herbager, et pour se démarquer auprès de cette clientèle, le Gaec du Meyniel franchit un double pas aux allures de sauts de haie : changer de race et passer au tout foin. 

Gain de temps et qualitatif

En 2008, de premières montbéliardes font leur apparition dans le troupeau qui ne compte plus aujourd’hui qu’une petite dizaine d’holstein. “Les gens trouvaient ça bizarre, certes elles font moins de lait (entre 6 000 et 6 500 l/VL) mais ce sont des animaux plus calmes et on a de meilleurs taux(1) sans qu’ils soient exceptionnels”, exposent Jean-Charles et Ludovic. 
Trois ans plus tard, c’est la concrétisation du séchage en grange. “Initialement, on l’avait envisagé en extension du bâtiment des laitières, mais on s’est vite rendu compte que c’était économiquement impossible”, explique Vincent Charbonnel. Conseiller et éleveurs font contre mauvaise fortune bon usage de l’espace disponible : l’installation de séchage va ainsi venir s’insérer entre le bâtiment des génisses et la stabu des laitières. Format : 48 mètres de long par 15 de large avec une hauteur de 9 m (12 au faitage) pour accueillir les trois cellules de stockage et séchage du foin, la soufflerie, le système de séchage, l’autochargeuse et la griffe qui n’est donc pas utilisée pour la distribution. Coût de l’installation : 450 000 € HT, avec 43 % d’aide du PCAEA(2), auxquels s’ajoutent 60 000 € pour l’autochargeuse (soutenue à 50 %) et 30 000 € pour le dispositif de distribution. Les deux associés en conviennent : sans ces montants d’aides, le séchage en grange serait resté vœu pieux. 

Du foin à l’abri par tous les temps

Qu’ont-ils gagné depuis le passage au tout foin : beaucoup, en temps de travail et carburant économisés, en ambiance du bâtiment, en simplicité et coût de la ration (avec une nette diminution des tourteaux), en santé des vaches... “Avant, le tracteur tournait 1 h 10 à plein régime pour distribuer, aujourd’hui, c’est 10 minutes au ralenti”, sourit Jean-Charles Bornes. Ce dernier ne cache pas cependant la contrainte du système, en amont à la récolte. Pas question d’improviser : “Cela nous oblige à respecter un débit de chantier, à faner par à-coups sur une plus longue durée, jamais plus de 8 hectares à la fois”, reconnaît Ludovic Combes. Le temps de séchage est de trois-quatre jours par cellule.
Mais aucun ne regrette cet investissement, surtout avec les deux années plus qu’humides qui se succèdent. L’installation étant équipée d’un déshumidificateur, “on peut récolter à un stade encore un peu vert, certes c’est une option onéreuse, mais qui permet de se mettre à l’abri des années comme celle-ci”. 

A lire aussi : https://www.reussir.fr/agriculture-massif-central/outils-et-preconisations-pour-maitriser-le-stress-thermique-des-animaux-en-batiment

(1) TB à 42 g/l, TP à 34 g/l.
(2) Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles.
 

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