Filière cunicole cherche lapins désespérément
Lapalliance, le groupement de la filière cunicole du Sud-Est, avait donné rendez-vous à ses adhérents pour son assemblée générale, fin juin, aux établissements Ribot, abattoir à Lapalud (Vaucluse).
Lapalliance, le groupement de la filière cunicole du Sud-Est, avait donné rendez-vous à ses adhérents pour son assemblée générale, fin juin, aux établissements Ribot, abattoir à Lapalud (Vaucluse).
Avec un nombre d’éleveurs en chute libre, la filière cunicole opère une nouvelle stratégie pour se rebooster, particulièrement dans le quart Sud-Est de l’Hexagone. C’est du moins le virage qu’a souhaité prendre Lapalliance. En 2023, 2 544 tonnes de lapins ont été commercialisées par le groupement. Une baisse de 8 % par rapport à 2022 qui pèse sur le moral des troupes, et accentue l’urgence de renouveler les générations. « Comme l’an passé, nous nous confrontons à une diminution du nombre d’éleveurs adhérents et, par conséquent, du nombre de cages mères. Cette baisse est attribuable à des cessations d’activité dues aux départs à la retraite sans successeurs pour reprendre l’exploitation, note Chloé Borgat, directrice du groupement.
Outre les coûts énergétiques, et donc économiques, de ces dernières années, la démédication a également porté un coup aux élevages cunicoles. Cependant, le groupement peut se targuer de bons résultats. « La filière a bien répondu aux enjeux sanitaires, notamment chez Lapalliance, qui a fait des progrès significatifs en matière de démédication », confirme
François-Xavier Menini, responsable expertise nutrition animale chez MiXscience. Il observe un niveau de médication similaire à 2022, avec un index de fréquence des traitements par les antibiotiques (Ifta) inférieur à la moyenne nationale, en maternité comme à l’engraissement, bien que l’indice augmente tout de même très légèrement pour ce dernier point. François-Xavier Menini a insisté sur l’accompagnement technique, pour avancer sur certains taux légèrement en berne, comme ceux des mises bas ou de viabilité au nid. Frédéric Blot, président de la Fédération nationale des groupements de producteurs de lapins (Fenalap), a rappelé les énormes évolutions sur ces deux points ces trente dernières années, ainsi que les progrès déterminants sur la transformation des nouveaux logements « qui ont permis d’avancer sur le bien-être animal ».
Communiquer
Tous en sont conscients, la pression sociétale est forte et chaque maillon de la filière est scruté de près. Le président a noté des avancées, et assuré la présence de l’organisation en tant que force de propositions. L’attente est forte pour ces éleveurs en quête de proximité et d’écoute. « Chaque fois, l’élevage s’adapte et des pressions supplémentaires se rajoutent. Les ficelles finissent par casser, et c’est notre rôle de les renouer », a affirmé Romain Priolet, vice-président du groupement.
Le tableau n’est cependant pas totalement noirci : « Il y a du positif. Nous avons un soutien politique au niveau régional, des abattoirs demandeurs qui manquent de production, une filière très structurée… Ce sont des points sur lesquels nous devons capitaliser », a-t-il estimé. Il faut donc communiquer. Entre tous les acteurs de la filière pour éviter l’implosion, mais aussi vers l’extérieur. En 2023, Lapalliance a notamment revu la maquette de son site internet, afin de rendre la connaissance plus accessible à tous. Il a également été question de formation. « Les établissements scolaires sont demandeurs pour renouveler ces moments d’échanges et d’information. C’est indispensable pour faire connaître la filière », a relevé Romain Priolet. Pour le vice-président, pas de doute, la filière peut sortir de l’ornière : “Nous allons continuer d’intensifier le travail pour que la production de lapins redevienne une production d’avenir”.