Filière bovine AURA : un plan régional et des ambitions
Au pas de charge, Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, a signé, vendredi 4 mai, à Montluçon dans l’Allier, son plan destiné à la filière bovins viande. Au menu : des dossiers de demandes d’aides allégés, une volonté de rapatrier l’engraissement dans la région et le souhait de redonner du prix à la production.
Au moment de signer son plan pour la filière bovins viande en Auvergne Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez lève son stylo et interpelle : « Je veux qu’il y ait des agriculteurs sur la photo, venez derrière nous ». Les exploitants agricoles invités, vendredi 4 mai dernier, aux Établissements Puigrenier s’exécutent. Annoncés lors du Salon international de l’agriculture en février, les quinze plans de filière agricole de la Région Auvergne-Rhône-Alpes sont progressivement paraphés en département. Avec 200 000 naissances annuelles, l’Allier était le candidat naturel pour la filière bovins viande. D’abord prévue dans une exploitation agricole, la signature a finalement eu lieu au sein des Établissements Puigrenier. L’abattoir historique de Montluçon développe, depuis un an, des viandes affinées (voir hors texte ci-dessous) dans la perspective de proposer un produit haut de gamme. Une innovation d’ailleurs soutenue par la Région à hauteur de 800 000 euros.
4,5 millions d’euros par an
Le plan de filière, signé officiellement vendredi, est en fait un prolongement étoffé de ce qui existait déjà côté Rhône-Alpes (Crof). Imaginé en concertation avec la profession, il n’est pas né sans heurt si on en croit les paroles de François Garrivier, éleveur dans la Loire et président du Comité filières bovines d’Aura : « Tous les éleveurs savent qu’un vêlage long et difficile aboutit parfois aux meilleurs veaux ». Une image qui a le mérite d’être claire. Ce plan prévoit une enveloppe d’1 million par an en fonctionnement (3,1 millions d’euros 2018-2020) ainsi qu’un investissement de 3,5 millions d’euros par an dans les bâtiments d’élevage. Les principaux axes seront : appui à la structuration de l’offre « viande bovine » à destination du marché régional ; conseil technico-économique aux ateliers bovins allaitants ; relance des bases de sélection des races allaitantes ; actions collectives pour la commercialisation de la viande régionale sur les marchés régionaux (restauration hors domicile) ; développement de l’exportation d’animaux vivants par la différenciation sanitaire ; amélioration de la qualité, de la valorisation et de la structuration de la production de cuirs de veau ; promotion des activités d’élevage, des produits et des métiers…
« Devenir la grande région de la meilleure viande du monde »
Après avoir rappelé que le budget agricole est passé de 36 millions d’euros à 62 millions d’euros, Laurent Wauquiez est rentré dans les détails de son projet dans un style bien à lui. « Nous avons une seule ligne directrice. Celle de la qualité pour devenir la grande région de la meilleure viande du monde ». Et affirme sa volonté de « rapatrier le maximum de prix pour la production et les agriculteurs ». Oui, mais comment ? Le président de la Région, après avoir pris soin de fustiger les lourdeurs administratives françaises et européennes, jure que « les dossiers de demandes d’aides envoyés à la Région seront les plus simples que vous n’ayez jamais vu. Cinq pages maximum ». Se targuant du même coup de s’être « assis volontairement sur les normes européennes que nous avons contournées ». L’élu assume aussi son envie « de rapatrier le plus d’engraissement dans la région pour éviter que toute la valeur ajoutée n’aille aux Italiens ». Enfin, puisqu’il considère que le métier d’agriculteur est fait « de choix techniques, nous voulons aider sur les choix génétiques et les orientations stratégiques ».
L’agriculture, « pas le monde d’hier »
Pour clore son intervention, Laurent Wauquiez, version président des Républicains, refuse catégoriquement les accords de libre-échange avec le Mercosur et qualifie de « massacre » les annonces de baisse de budget de la prochaine PAC. « L’agriculture ce n’est pas n’importe quoi, ce n’est pas le monde d’hier mais un secteur qui nous renvoie à notre avenir ».
Après un bref temps d’échanges avec les syndicats, il s’arrête une minute devant le buffet pour picorer un bout de viande maturée, glisse un « c’est une tuerie votre truc les gars » et repart. Du pur Wauquiez, à point.