Festi'Rural : devenir acteurs du changement rural
Près de 2 000 personnes attendues sur trois jours, en août au Lioran, pour un festival dédié à la ruralité, sa richesse et ses enjeux, organisé par le CMR
Près de 2 000 personnes attendues sur trois jours, en août au Lioran, pour un festival dédié à la ruralité, sa richesse et ses enjeux, organisé par le CMR

En quelques jours seulement, le nombre d’inscrits a dépassé les 200 personnes et les organisateurs ont bon espoir d’atteindre la jauge des 2 000 participants d’ici cet été. Deux mille participants venus de la France entière, d’horizons variés mais avec un point commun, non pas d’être des trailers ou montagnards aguerris mais vivre dans des territoires ruraux dont ils sont pour la plupart des acteurs et promoteurs. À l’origine de cette manifestation, le Festi’rural, qui prendra ses quartiers dans la prairie des Sagnes au Lioran du 22 au 24 août prochain : le CMR, alias Chrétiens dans le monde rural, un mouvement d’éducation populaire et d’action catholique(1) créé il y a plus de 80 ans, héritier de la Jac, Jeunesse agricole chrétienne. “Notre vocation, c’est d’animer les territoires ruraux, via nos équipes locales présentes dans 80 départements. De permettre aux gens de se rencontrer, d’échanger, de réfléchir, de construire des projets de développement local afin d’améliorer la vie quotidienne des ruraux”, expose Jean-Luc Bousson, coprésident de la fédération nationale, de passage récemment dans le Cantal pour une séquence de travail préparatoire à ce festival inédit.
Territoires ruraux : tout sauf has been
Et tous deux, bénévoles, insistent sur l’ADN du CMR : construire avec les habitants des territoires ruraux, en adoptant une posture d’écoute “afin de ne parler pas parler à leur place”. C’est dans ce même état d’esprit, doublé d’une volonté marquée d’ouverture, qu’a été pensé ce grand festival conjuguant un volet festif à de nombreux temps d’échanges et réflexion autour de huit thématiques. “C’est à la fois une fête de la ruralité, pour montrer toute la richesse de ces territoires pleins de vie, mais aussi un rassemblement pour aborder ensemble les défis de demain, résume l’Angevin Jean-Luc Bousson. Notre regard se veut optimiste, plein d’espérance.” En amont, quelque 800 équipes locales sont amenées à plancher sur ces thématiques et notamment celle de la mobilité, avec les acteurs de leur territoire, en invitant ces derniers à rejoindre le Festi’rural.
L’évènement sera introduit par une première conférence de Valérie Jousseaume. Enseignante et chercheuse à l’Institut de géographie et d’aménagement de l’université de Nantes, au sein de l’unité CNRS “Espaces et Sociétés”, elle proposera une vision prospective des zones rurales tandis que le lendemain, Samuel Bonvoisin, ingénieur agronome, évoquera des méthodes innovantes de gestion de l’eau. Suivront des tables-rondes avec des divers intervenants sur la solidarité internationale, l’avenir des territoires ruraux et de leur agriculture, la question de la mobilité en zones rurales, l’écologie et ses implications sociales... Ces agoras seront entrecoupées de discussions libres dans la prairie du Lioran, en plein air, version “sous l’arbre à palabre” autour de préoccupations très concrètes : la santé dans le rural ; les nouveaux habitants des territoires ruraux ; l’agriculture, l’alimentation et le foncier ; la mobilité et l’habitat dans le rural ; l’eau, l’énergie et la forêt ;... Le tout mis en commun lors de sessions plénières et synthétisé en clôture du festival.
Défricher le champ des possibles
Cinés-débats, pièces de théâtre, randonnées-conférences, exposition contribueront à nourrir ces réflexions collectives tandis que les participants pourront aller à la rencontre de Cantaliens engagés sur leur territoire : visites de fermes, rencontre d’éleveurs, de producteurs en transformation fromagère ou viande,... et découvrir le Cantal, ses paysages et son patrimoine en amont ou a posteriori du festival.
L’ensemble de ces témoignages, débats et propositions “sur des avenirs possibles pour la ruralité” sera conservé sous la forme d’un mat aux feuilles en fanions. Un espace spiritualité sera également proposé “sachant que l’objectif n’est pas de faire du prosélytisme, mais la foi reste notre moteur”, affichent les organisateurs, qui présenteront sur leur stand les origines, la pédagogie et les outils du CMR.
Après la réflexion, place à la chanson avec deux concerts de groupes à l’énergie débordante : Blondin et les terriens et Mémé les watts.
Quant au choix du Cantal, où il n’existe pourtant pas (encore) d’équipes ni de fédération CMR, il tient à une recontre avec Didier Noblot, évêque de Saint-Flour, qui accompagne les mouvements de la ruralité. Le site du Lioran a convaincu les organisateurs (qui croisent quand même les doigts pour que la pluie épargne le Festi’rural) tout comme leurs rencontres avec des acteurs et organisations locales qui se sont associées bien volontiers au projet, parmi lesquels le réseau Bienvenue à la ferme et Bio 15 pour un marché des producteurs, des stands de restauration...
Reste encore un budget - non des moindres (de plusieurs centaines de milliers d’euros) - à boucler mais le CMR reste là aussi confiant. Tout en répétant sur le festival s’adresse à tous.
(1) Reconnu par l’État.
(2) Théâtre : “Paysans hors contrôle” (un agriculteur et sa femme face au contrôleur des impôts), “Tact” (sur le thème du travail), ciné-débat “Trainée de poudre” (relations entre les filières laitières européenne et ouest-africaine).
Infos, inscriptions : festirural.org