FCO : L’exportation des broutards et petits veaux perturbée par la réglementation FCO
Julien Bachellerie directeur et Cédric Sanial Trésorier du Groupement de Défense Sanitaire de Haute-Loire font le point sur la FCO et les difficultés du marché du maigre.
La répartition départementale des 82 foyers est la suivante : Ain : 8 foyers
(1 clinique ) ; Allier : 1 ; Ardèche : 1er ; Cantal : 1 ; Charentes Maritimes : 1 ; Drome : 1 ; Isère : 1 ; Jura : 2 ; Loire :
12 (1 clinique) ; Haute-Loire : 25 ;
Lot : 1 ; Lozère : 1 ; Nièvre : 1 ; Puy-de-Dôme : 17 ;
La Fièvre Catarrhale Ovine fait encore parler d’elle. Pouvez-vous faire un point sur la situation actuelle, notamment en Haute-Loire ?
Julien Bachellerie, directeur du GDS : Depuis 15 jours à 3 semaines, nous assistons à une accélération de la circulation du virus de la FCO, débutée en septembre. Nous sommes d’ailleurs un peu surpris car nous nous attendions à une reprise dès cet été soit environ deux mois plus tôt. Normalement, avec des températures plus basses, le moucheron «culicoide» devrait être moins actif et donc entraîner une baisse de la circulation virale dans les semaines à venir…Si l’on constate une hausse du nombre d’animaux viropositifs en France comme en Haute-Loire, suite au dépistage des jeunes veaux destinés à l’exportation , on signale très peu de cas cliniques sur le territoire français et sur le département et très peu de suspicion de la part des vétérinaires et des éleveurs. On peut donc dire que la situation sanitaire vis-à-vis de la FCO est bonne, malgré cette circulation du virus.
Si la situation sanitaire n’a rien d’alarmant, où se situe la problématique actuelle en lien avec la FCO ?
J.B. : La problématique se situe au niveau des échanges d’animaux. Il n’y a pas d’évolution de la réglementation en France, et la zone réglementée couvre toujours les 3/4 de la France (voir carte). À l’intérieur de cette zone, la circulation des animaux ne pose pas de problème. Là où les choses se compliquent c’est pour des échanges avec les zones indemnes, le nord de la France, ou à l’export et en particulier vers l’Italie et l’Espagne, les 2 pays principaux vers lesquels partent des bovins de Haute-Loire.Pour les ventes d’animaux vers la zone indemne en France, des conditions particulières sont obligatoires. Les éleveurs doivent avoir vacciné leurs animaux avant qu’ils quittent la zone réglementée, ou fait pratiquer une virologie au départ. Pour la Haute-Loire, seules quelques bêtes d’élevage sont concernées par ces échanges.Les gros enjeux pour notre département comme pour la France, ce sont les échanges au sein de l’Union Européenne, sur l’Italie et l’Espagne principalement. 1 million d’animaux maigres sont exportés chaque année.
Quelles sont les règles en vigueur pour les exportations vers ces deux pays ?
J.B. : Nous sommes aujourd’hui sur les protocoles signés en 2016 et ce jusqu’au 31 décembre de cette année. Pour les broutards, la règle applicable dans les 2 pays prévoit une vaccination avec un départ possible 10 jours après la deuxième injection. Les éleveurs doivent donc anticiper la vente 2 mois avant. Pour les veaux laitiers de 3 semaines la réglementation diffère selon la destination. Pour partir en Italie ils doivent être issus de vaches vaccinées.Mais pour partir en Espagne, le protocole prévoit une désinsectisation chez l’éleveur, plus une prise de sang et une virologie avant exportation, chez l’exportateur. Autre solution, les élevages doivent être «certifiés», c’est à dire justifier d’un cheptel vacciné avec une attestation délivrée par la DDCSPP. Mais pour cela, l’administration exige que tous les bovins de l’exploitation, âgés de plus de 2,5 mois, aient été vaccinés à une date donnée dans le courant de l’année qui précède la transaction.
Cédric Sanial, trésorier du GDS : Les GDS demandent depuis longtemps une harmonisation de la réglementation entre les pays. Nous souhaitons que le protocole en vigueur avec l’Italie soit appliqué également pour l’Espagne. Le protocole pour les échanges avec l’Espagne est trop lourd et n’est pas justifié, et ces règles sont difficilement applicables.
La vaccination de tout le cheptel est-elle la solution ?
C.S. : Aujourd’hui, les éleveurs n’en voient pas l’intérêt. Ils ne savent pas où vont leurs animaux et face au coût que cela représente, choisissent de ne pas vacciner, d’autant qu’ils ne vendent pas leurs animaux plus chers…Certains font le choix de ne vacciner que les mères dont les veaux sont susceptibles de partir en Italie. Mais attention ce marché concerne des veaux «extra» et ne représente que 10% environ des veaux vendus.Mais, si on veut être sûr de pouvoir vendre ses veaux et donc pouvoir accéder au marché espagnol (1/3 des veaux partent vers l’Espagne), il faut faire vacciner par son vétérinaire l’ensemble de ses bovins à partir de 2,5 mois. L’Etat a annoncé que le vaccin serait pris en charge jusqu’en juin 2017. Pour l’acte vétérinaire, le conseil d’administration du GDS Haute-Loire a validé en début d’année la prise en charge de 1,8 € par animal vacciné jusqu’au 31 décembre 2016, pour ses adhérents. J’invite alors les éleveurs à demander à leur vétérinaire une attestation de vaccination à envoyer à la DDCSPP, et d’exiger de cette dernière qu’elle leur délivre l’attestation officielle qui leur permettra de figurer sur une liste à disposition des exportateurs.
Que se passe-t-il quand un animal ne répond pas aux critères réglementaires, ou s’avère viropositif ?
J.B. : Comment ça se passe ? Un éleveur vend des veaux à un marchand qui les revend à un exportateur. Ce dernier allote les veaux achetés pour la semaine selon la destination à laquelle ils correspondent. Il fait ensuite les prises de sang, attend les résultats pour au final devoir réorienter certains animaux en fonction de leur virologie. Les veaux viropositifs pourront alors dans le meilleur des cas être redirigés sur le marché français en zone réglementée. Et s’il n’y a pas de place ? …C’est comme cela, que l’on commence à voir des veaux revenir sur les exploitations de départ avec un manque à gagner évident pour tout le monde. Sur le plan sanitaire, la DDCSPP a dit que le veau peut retourner dans son élevage d’origine mais avec un contrôle sanitaire identique à une introduction (prise de sang + isolement de 15 jours au minimum). Toutefois ce cas de figure ne représente pas un vice rédhibitoire obligeant le vendeur à la reprise d’après la DDCSPP. Sur le plan commercial, c’est un peu flou. En pratique, la situation se règle dans le cadre d’accords entre les différentes parties : éleveur, marchand, exportateur.
Quelle est la position du GDS sur cette crise ?
C.S. : La situation est grave. Le commerce des petits veaux, et des animaux destinés à l’engraissement, est fragilisé par ces réglementations sanitaires, dans un contexte déjà très tendu de crise agricole avec des prix bas. Les GDS ont déjà alerté le Ministre de l’Agriculture pour trouver des solutions rapidement. Leur demande porte sur plusieurs points. Comme je l’ai déjà dit, nous demandons dans un premier temps une harmonisation des règles d’exportation vers les pays d’Europe avec un alignement sur le protocole en place vers l’Italie. Et l’échéance du 31 décembre 2016 approchant, nous insistons pour que rapidement soient discutées les règles pour 2017, et ce pour éviter les problèmes rencontrés début 2016 faute d’accord. Avec l’appui des OPA, nous insistons aussi pour une dérèglementation de la maladie au niveau européen, notamment pour les sérotypes les moins pathogènes comme le sérotype 8 que nous avons en France.Aujourd’hui, nous sommes dans une situation qui dépasse la logique, le bon sens… Ces réglementations non justifiées perturbent fortement le marché des jeunes bovins, et pour l’avenir peuvent désorganiser les échan-ges vers l’Espagne et l’Italie.
Propos recueillis par Suzanne Marion