Face à un prix du lait anormalement bas, Sodiaal est la première entreprise visée
Une délégation FDSEA-JA du Cantal, conduite par Jean-Paul Peyral, Denis Boudou et Chantal Cor, première vice-présidente de la Chambre d'agriculture, a rencontré à Saint-Flour le président de Sodiaal.
Si pour cette action, les tracteurs n'ont pas démarré dans le Cantal, en revanche les calculettes étaient de sortie. Et le compte n'y est pas. Après deux heures de discussion entre le président de Sodiaal et une délégation d'une douzaine de producteurs, la FDSEA et les JA avouent être "restés sur leur faim". Comme partout où des actions étaient menées ce jeudi 4 août, le prix du lait est l'unique revendication et l'opérateur n'est pas choisi au hasard.
Des promesses...
D'une part parce que Sodiaal n'est pas dans le peloton de tête de ceux qui rémunèrent le mieux, d'autre part parce que c'est la première coopérative laitière française et que beaucoup risquent de lui emboîter le pas. "Et surtout parce que Sodiaal change les règles du jeu en cours de partie", dénoncent les syndicats en référence à la sortie de tous les indicateurs dans une formule de calcul de prix. S'ils entendent bien l'argument d'une inflation des coûts industriels, les producteurs rappellent qu'eux aussi ont vu leurs charges exploser et refusent d'être la barrière d'ajustement.
"Pour rentrer dans nos frais, il nous faut 450 EUR/1 000 litres", martèle la délégation. En juillet, le prix était à 402 EUR (403 EUR en août et 407 EUR en septembre) et Damien Lacombe, président du groupe Sodiaal, promet 410 EUR en moyenne sur l'année 2022 ; soit 70 EUR de plus que l'année précédente. Les producteurs sont dubitatifs... Jean-Paul Peyral (section lait de la FDSEA) garde davantage d'espoir pour 2023. "Les négociations commerciales sont actuellement en cours et on nous les promet plutôt favorables."
Pour autant, l'horizon reste flou, alors même que la loi Égalim était sensée offrir cette lisibilité à long terme. "À condition de la respecter, de se tenir à une formule d'indicateurs", insiste Denis Boudou (JA).
"On veut de la li-si-bi-li-té !"
Sans ce préalable, il doute d'un renouvellement efficace des générations d'éleveurs laitiers : "Quand on prend un crédit, c'est sur 15 ou 20 ans", illustre le représentant des Jeunes agriculteurs du Cantal. Alors quand on lui parle de la suite à donner à ce qui ressemble à un coup de semonce, il estime qu'étiqueter les produits en GMS - comme y invite la FNPL sur les produits aux rémunérations les moins éthiques - n'est pas suffisant. "Sous réserve d'une augmentation des produits qui reviennent bien aux producteurs", Jean-Paul Peyral se dit même prêt à appuyer l'argumentation de Sodiaal auprès des distributeurs...