Export : finir d’enfoncer les portes entrouvertes
Invité du GDS, le directeur adjoint de la DGAI a échangé avec les représentants des éleveurs et des instances raciales sur les freins à l’export de bovins.
S’il a bien été question mercredi à l’assemblée générale du GDS (groupement de défense sanitaire) de prophylaxie, d’IBR ou encore de paratuberculose, l’ennemi public n°1 de l’élevage cantalien n’était pas à chercher dans le registre des épizooties telle que la FCO mais bien dans un tout autre domaine, visiblement tout aussi délicat à éradiquer : celui des barrières politico-sanitaires qui entravent encore l’export des animaux vifs ou de viande bovine française. “Nous devons fournir de plus en plus d’efforts sanitaires pour vendre de moins en moins cher. Des marchés s’ouvrent à nous qui avons la meilleure génétique, mais nous ne vendons pas en raison de certificats sanitaires non conformes... Si l’administration ne nous aide pas, qu’elle avoue qu’elle veut nous laisser crever” : Michel Bos, au nom de l’OS aubrac, n’a lui pas pris de gants pour poser le véritable problème sur lequel buttent depuis des mois déjà les éleveurs et opérateurs de l’Hexagone, reprenant ainsi les revendications syndicales portées depuis près d’un an par la Fédération nationale bovine (FNB) tant sur le maigre (broutards) que pour les animaux reproducteurs.
Des salers en Irak ?
“Depuis l’embargo lié à l’ESB, il n’y a jamais eu autant de pays ouverts avec lesquels des certificats sanitaires ont été négociés”, a pourtant fait valoir Jean-Luc Angot, docteur vétérinaire, directeur général adjoint de la Direction générale de l’alimentation (DGAI) et chef des services vétérinaires au ministère de l’Agriculture. Et, à l’issue d’une réunion dans la foulée en préfecture avec les responsables agricoles (Chambre d’agriculture, GDS, FDSEA) et les instances raciales salers et aubrac, il a cité parmi les nouveaux pays qui s’ouvrent la Biélorussie, l’Ukraine, la Serbie, les pays du Maghreb ou ceux des Émirats arabes unis...
D’autres pourraient grossir les rangs, assure-t-il, et constituer ainsi autant de nouveaux débouchés pour des races allaitantes, salers et aubrac en tête, dont le nom est connu et la qualité reconnue sur ces territoires : tel le Kazakhstan (encore fermé à cette heure), mais aussi l’Irak (dont les besoins portent autant sur des animaux reproducteurs pour reconstituer leur cheptel que sur de la viande) avec lequel des discussions sont en cours et pourraient aboutir d’ici fin mai. Des jalons prometteurs ont en outre été jetés sur des destinations aujourd’hui devenues plus hasardeuses telle la Libye ou l’Égypte, cette dernière ayant depuis sa révolution, demandé à revoir le certificat sanitaire acté en septembre. “Souvent, le sanitaire est utilisé à des fins protectionnistes”, confirme Jean-Luc Angot, qui évoque des exigences parfois excessives : comme les points de fixation du Kazakhstan sur la leptospirose, l’IBR pour les Algériens,... De même la Russie, une frontière vers laquelle le regard des filières de reproducteurs se tourne désespérément, est restée arc-boutée jusqu’à aujourd’hui sur une obligation de vaccination dans un rayon de 20 km autour des élevages concernés, mais les lignes pourraient bouger : “La ministre de l’Agriculture russe s’est engagée auprès de son homologue à déroger à cette règle si des contrats sont signés”, a annoncé le directeur adjoint.
Restitutions : le coup de pouce attendu
La Turquie - dont il doit rencontrer la semaine prochaine les responsables vétérinaires - s’annonce aussi comme un marché intéressant mais, là encore, les considérations politiques semblent aujourd’hui primer sur les intérêts commerciaux et les besoins pécuniaires des fournisseurs. Ailleurs, ce sont des critères zootechniques (âge, poids) qui font encore obstacle aux transactions. “Indéniablement, des avancées ont été obtenues sur des certificats sanitaires mais ça a été très long, trop long, réagit Patrick Bénézit, vice-président de la FNB. Après, pays par pays, il peut y avoir d’autres soucis que sanitaires, ce peut être également des questions de droits de douane comme avec l’Algérie ou le Liban. C’est pourquoi nous restons exigeants vis-à-vis du ministre pour qu’il fasse activer les restitutions qui sont ouvertes à Bruxelles et qui pourraient constituer un vrai coup de pouce dans les négociations.” Un coup de pouce attendu avec d’autant plus d’impatience que si les premiers effets d’une hausse des exportations au premier semestre (voir ci-contre) se font sentir sur les prix des bovins, toutes catégories, cette embellie est jugée largement insuffisante pour que les éleveurs en mesurent les retombées concrètes dans leur cour de ferme. “Il n’est pas illégitime que les éleveurs soient pressés”, appuie Louis-François Fontant, président de la Chambre d’agriculture.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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