Femmes chefs d'entreprise : elles témoignent lors d'une table ronde
Cinq femmes cheffes d'entreprise se sont réunies lors d'une table ronde pour témoigner de leur parcours professionnel et des problèmes qu'elles ont rencontrés au cours de leur carrière.
Cinq femmes cheffes d'entreprise se sont réunies lors d'une table ronde pour témoigner de leur parcours professionnel et des problèmes qu'elles ont rencontrés au cours de leur carrière.
Les femmes cheffes d'entreprise ont pu témoigner, mercredi 19 novembre, lors une table ronde qui s'est tenue à Clermont-Ferrand sur le thème "Agricultrices : cheffes d'entreprise comme les autres ?", organisée par l'association Agir Ensemble.
Quatre agricultrices et une cheffe d'entreprise ont parlé de leurs parcours professionnels et de leur statut de femme dans un secteur encore largement dominé par les hommes.
« Les agriculteurs représentent 3 % de la population française, mais sont souvent peu reconnus. Les agricultrices, elles, ont longtemps été invisibles », a lancé le président d'Agir Ensemble en introduction.
Mélodie Comte, journaliste, a animé les débats en commençant par rappeler qu'on compte « 123 700 agricultrices en France » et qu'elles sont majoritairement à la tête des exploitations.
Clémentine Comer, sociologue à l'Inrae, était présente pour commenter et rappeler à tous l'historique de la place des femmes dans le milieu agricole.
Auparavant, les femmes étaient considérées comme des collaboratrices dans les exploitations de leur mari. Ce n'est qu'en 2010, avec l'autorisation de créer un GAEC entre époux, que l'on a assisté à une rupture.
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Femmes cheffes d'entreprise : entre progrès techniques et équité au travail
Nicole Queroux, éleveuse laitière à la retraite, a témoigné en racontant sa carrière d'agricultrice : « J'ai repris l'exploitation de mon père en 1987, toute seule. Ça faisait seulement quelques années que les femmes pouvaient gérer les exploitations. Mon fils m'a rejoint et m'aidait en me soulageant des tâches les plus difficiles ». Si elle indique ne pas avoir eu de problème particulier, elle glisse néanmoins qu'elle a dû se battre pour sa place : « Les femmes doivent toujours faire leurs preuves ».
L'arrivée de la salle de traite a été un grand changement dans sa vie professionnelle. « Avant, il fallait se pencher et se tordre, c'était pénible, et d'un coup, ce n'était plus la même pénibilité. »
Même constat chez Marie-Agnès Renard : « C'est incroyable d'avoir vu arriver toutes ces innovations, comme la salle de traite. » Installée avec son mari en EARL en 1991, Marie-Agnès est exploitante en culture et élevage. Pour elle, le progrès technique a permis de répartir le travail de manière équitable.
Il y a 40 ans, il fallait une énorme force physique pour manœuvrer les tracteurs, aujourd'hui ce n'est plus le cas. Les jeunes femmes ont toute leur place dans les exploitations.
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La place des femmes dans un milieu masculin
Pour Clémentine Comer, « on juge les femmes par rapport aux hommes, on se demande si elles vont "tenir le coup". Elles sont davantage regardées et testées ». La sociologue a également indiqué que les tâches domestiques et parentales revenaient encore majoritairement aux femmes : « Ce n'est pas spécifique à l'agriculture, c'est le cas pour toute la société, mais c'est accru dans ce secteur ».
Sabine Tholoniat, exploitante et présidente de la FNSEA 63, a également témoigné, notamment en confiant une anecdote : « À 18 ans, un commercial a refusé de me vendre un tracteur, en me disant que je n'étais pas à ma place. »
Elle a raconté son quotidien, fait de hauts et de bas, puisqu'elle partage son temps entre son exploitation, ses 4 enfants et ses engagements syndicaux.
Il faut faire preuve d'efficacité et d'optimisation autant que possible, même si dans ce métier tout se passe rarement tel qu'on le voudrait.
La répartition du temps, un enjeu crucial
Manon Roche, pour sa part, a présenté l'exploitation qu'elle gère avec son mari. Parents de deux enfants en bas âge, ils ont réorganisé leur exploitation pour embaucher une salariée à temps plein et peuvent maintenant bénéficier de temps libre à partager avec leurs enfants.
Le mot de la fin revient à Alexandra Boiche, cheffe d'entreprise et tailleuse de pierres, qui, bien que n'étant pas agricultrice, travaille la terre d'une certaine façon. Cette dernière a déclaré : « En tant que femmes, nous avons ça en nous, de pouvoir gérer plein de choses à la fois ».