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Entre censure et Mercosur...

Entre censure du Gouvernement et signature des accords avec le Mercosur, la visite de Patrick Bénézit en Creuse, à l’invitation de la FDSEA et de JA, a permis d'aborder tous les sujets agricoles en cours.

Patrick Bénézit au micro
Patrick Bénézit a déroulé les nombreux sujets d'actualité.
© JG

Jeudi 5 décembre, Patrick Bénézit, vice-président de la FNSEA et président de la FNB, était invité en Creuse à l'occasion d'un Conseil d'administration commun FDSEA/JA 23. La rencontre a eu lieu à Vallière, au sein de l'exploitation du Gaec Tournier, élevage bovin charolais. Au lendemain du vote de la motion de censure contre le Gouvernement de Michel Barnier et à la veille du déplacement d'Ursula von der Leyen en Amérique du Sud, les sujets de discussion n'ont pas manqué, devant des adhérents investis et concernés.

Une censure qui rebat les cartes

En premier lieu, Patrick Bénézit a salué les actions menées notamment en Creuse depuis l'hiver dernier, « ces mobilisations ont permis, sur le plan syndical, de poser sur la table l'ensemble des sujets et des politiques publiques qu'il nous faut pour que demain on ait des perspectives, des perspectives pour installer les jeunes, des perspectives pour produire des perspectives pour vivre de l'autre côté et notamment par les prix. » Des mesures ont été obtenues à l'époque de la part du Gouvernement Attal, puis reprises par le Gouvernement Barnier. Certaines sont déjà en application, comme la détaxation du GNR en pied de facture, mais d'autres devaient passer par la loi de financement censurée la veille. « Aujourd'hui, on est dans l'incertitude. Effectivement, on est assez furieux ce matin d'un comportement qui nous semble très éloigné du soutien que nous ont donné l'ensemble des parlementaires sur l'agriculture ». Avant même le mot d'ordre national, il a demandé à ce que les députés qui ont voté la censure soient invités à rendre des comptes. Christian Arvis a confirmé avoir eu le député de la Creuse en ligne et a certifié que l'absence de permanence parlementaire ne serait pas un obstacle à une mise au point.

Des prix qui vont dans le bon sens

Patrick Bénézit s'est félicité de voir les prix de vente des animaux s'approcher doucement du coût de production, l'objectif désormais est que ce coût de production deviennent le prix plancher. Il a tenu à relativiser l'augmentation des prix à l'étal, de l'ordre de 10 %. Dans un cadre où les consommateurs ne consacrent que 14 % de leurs revenus à l'alimentation et où seulement 6 % du prix de vente revient à l'éleveur, l'augmentation du kilo-carcasse ne représente presque rien dans le budget des ménages.

Sur les EGA, il a également évoqué la reconduction de l'expérimentation sur l'encadrement du SRP (seuil de revente à perte) et des promotions qui limitent la guerre des prix des GMS. « Si cette mesure n'est pas renouvelée en 2025, le SRP et les promos tomb(eront) » et la guerre des prix reprendra de plus belle, avec la pression sur les producteurs que l'on connait.

Origine et qualité

L'affichage de l'origine était une mesure essentielle, et la protection de la dénomination des viandes un combat quotidien : « On ne peut pas appeler n'importe quoi steak ou saucisse, il nous faut un règlement européen là-dessus ». Sur le Mercosur, Patrick Bénézit n'a pas caché son dépit : « On avait eu quand même la chance d'avoir un Gouvernement qui avait suivi, avec des ministres qui étaient en ligne, pour combattre le Mercosur. Mais aujourd'hui, on n'a plus de gouvernement, [et] la présidente de la Commission européenne s'est envolée pour le sommet autour du Mercosur. Le risque est grand qu'il y ait un aval de la Commission européenne par rapport au Mercosur [N.D.L.R. Les accords ont en effet été signés vendredi]. Nous, on rappelle simplement que la France a son droit de veto. »

FCO et MHE

Sur le plan sanitaire, il est soulagé de voir que la situation n'empêche pas le marché de fonctionner : « c'est la première fois dans l'histoire que la profession a réussi à empêcher de bloquer le marché, que le marché reste fluide » grâce à l'acceptation de la PCR par les principaux pays importateurs.

L'enjeu du moment est d'obtenir des indemnisations qui aillent au-delà des seuls animaux morts (avortements, etc.), et d'abaisser la franchise, trop haute pour le moment.

À moyen terme, il demande la constitution d'une banque d'antigènes, afin d'accélérer la fabrication de vaccins adaptés dès l'apparition d'un nouveau sérotype.

Dégâts et prédation

Avec plusieurs attaques de loups sur la partie corrézienne du Plateau de Millevaches, les éleveurs du sud de la Creuse s'inquiètent de nouveau. Force est de constater que le plan loup tel qu'il est à l'heure actuelle ne fonctionne pas. Cependant le changement de statut du loup dans la Convention de Berne (voir p. 10), le faisant passer de « strictement protégé » à « protégé », peut laisser supposer un assouplissement dans la partie administrative de sa gestion, comme des autorisations de tir plus facilement accordées.

La situation du blaireau en Creuse, avec la tuberculose à la frontière du département, inquiète également, d'autant que le tribunal administratif retoque systématiquement les autorisations de déterrage malgré l’unanimité des parties prenantes : administration, agriculteurs, chasseurs et même associations environnementales). Patrick Bénézit a fortement encouragé les agriculteurs à systématiquement déclarer les dégâts, même s'ils ne sont pas indemnisés, afin d'apporter encore plus de poids au dossier.

Les élections approchent

Sur les élections chambre d'agriculture, le vice-président de la FNSEA a fortement incité à « voter et faire voter ». L'agriculture a plus que jamais besoin d'une forte mobilisation dans les urnes, afin de renforcer sa légitimité auprès des instances gouvernementales.

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