Revenus Agricoles
Encore du mal à atteindre 1,5 Smic
Le Centre de gestion et la Chambre d’agriculture ont tenu une conférence commune à Marcolès et en visio, pour analyser le revenu des agriculteurs et soulever des pistes d’amélioration.
Le Centre de gestion et la Chambre d’agriculture ont tenu une conférence commune à Marcolès et en visio, pour analyser le revenu des agriculteurs et soulever des pistes d’amélioration.

La campagne 2024 présente des résultats proches de ceux enregistrés en 2023 dans les filières bovines du département. C’est ce que démontrent les indicateurs clés fournis par le Cerfrance Cantal lors d’une conférence donnée mercredi 12 mars à Marcolès et qui comptait autant de public derrière l’écran, puisque vidéo-retransmise.
Malgré une conjoncture tendue, les exploitations continuent de dégager une rémunération d’environ 1,3 à 1,4 Smic net/UTH, que ce soit en élevage laitier ou en production viande, signalant une stabilité relative dans un contexte de hausse des charges. Les données globales étaient présentées par Dominique Andrieu. Le conseiller souligne des résultats 2024 plutôt plus favorables que les prévisions présentées l’an dernier.
Revenus en bovins lait
Dans le secteur bovin lait, les exploitations présentent des marges qui, après couverture des engagements financiers et d’une capacité d’autofinancement de 5 %, permettent d’atteindre une rémunération d’environ 1,4 Smic net/UTH, mais qui chute à 1,1 Smic de “rémunération permise” si on y soustrait les annuités liées aux investissements. “Or ils ont été nombreux chez les laitiers”, remarque l’intervenant, en prenant pour exemple les robots de traite.
L’optimisation des charges, par le biais de la maîtrise des frais de mécanisation et de la valorisation de la productivité de la main-d’œuvre, sont identifiées comme autant de pistes sérieuses d’amélioration. A contrario, l’augmentation du capital investi, sans amélioration de la rentabilité, démontre l’importance d’une gestion plus rigoureuse des nouvelles ressources.
Des différences entre AOP
Mathilde Clermont, conseillère de gestion au Cerfrance, met en lumière les performances des exploitations laitières AOP, qui dégagent un EBE permettant une rémunération de 1,5 Smic net/UTH. Un chiffre cependant inférieur à celui de 2023. Le lait AOP saint-nectaire bénéficie d’une hausse des volumes grâce à des conditions fourragères favorables, assorti d’une augmentation du prix du lait de près de 0,50 €/kg.
En revanche, les AOP cantal et salers font face à une baisse de la consommation, incitant à limiter la production et à privilégier les livraisons en laiterie. Les exploitations AOP doivent également composer avec des frais de structure élevés, notamment en mécanisation et main-d’œuvre, qui grèvent un peu la rentabilité.
Revenus en bovins viande
Dans la filière bovins viande, la progression des cours couvre la hausse des charges opérationnelles et des frais de structure. Cependant, les résultats restent inférieurs à ceux observés dans certains départements voisins, comme la Haute-Loire, où la maîtrise des coûts semble plus efficace.
La rémunération, autour de 1,3 Smic net/UTH, s’accompagne d’une trésorerie couvrant à peine un mois de charges, indiquant la nécessité d’ajustements pour améliorer la flexibilité économique. Les exploitations en bovins viande doivent faire face à des coûts opérationnels croissants, notamment en alimentation animale et frais vétérinaires, qui pèsent sur les marges. La gestion des coûts de structure, tels que les frais de mécanisation et les charges foncières, sont, là encore, des éléments déterminants pour améliorer la rentabilité.
Améliorer son revenu
Au-delà des indicateurs chiffrés, la conférence a mis en avant des recommandations pour renforcer la compétitivité des exploitations. Anabelle Barthélémy, chargée d’étude, a livré quelques pistes d’amélioration qui vont d’une meilleure gestion des frais de structure, aux modalités de répartition des charges, en passant par une optimisation des investissements.
En “stimulant la productivité de la main-d’œuvre” (ne serait-ce qu’en optimisant un rangement logique des outils pour gagner du temps) et en maîtrisant les coûts de mécanisation (par exemple via l’adhésion aux Cuma ou le recours à des entreprises), les exploitations pourraient dégager une meilleure rémunération, affirme Anabelle Barthélémy.
Cette approche, applicable aux exploitations laitières et viande, devrait permettre de réduire l’écart avec la moyenne régionale, en “renforçant les capacités d’autofinancement et en atténuant la dépendance aux aides publiques”. Des conditions essentielles pour leur pérennité, mais aussi pour leur transmission, comme l’a souligné Patrick Escure, président de la Chambre d’agriculture, attaché à l’attractivité du métier chez les jeunes. Il présentait aussi la seconde partie plus technique de la conférence, consacrée à l’abreuvement.
LA RECETTE : Les exploitations les plus efficaces se distinguent par une productivité accrue de la main-d’œuvre, y compris salariée ou d’entreprise, et la maîtrise du temps et des autres charges que permet l’adhésion en Cuma.