Lait
"En 2023, nous allons remonter une marche en termes de prix du lait"
Les assemblées générales de sections de la coopérative Sodiaal ont démarré. En Haute-Loire, elle s'est tenue
le 29 mars dernier. Le point avec le président Damien Lacombe sur l'activité 2022 et les perspectives pour 2023.
Les assemblées générales de sections de la coopérative Sodiaal ont démarré. En Haute-Loire, elle s'est tenue
le 29 mars dernier. Le point avec le président Damien Lacombe sur l'activité 2022 et les perspectives pour 2023.
Comment se porte la coopérative Sodiaal ?
Damien Lacombe : Suite au plan #Value dont l'objectif était de transformer et d’orienter notre coopérative vers plus de valeur, nous avons mis beaucoup d'énergie pour rebooster nos marques et nos valorisations sur les PGC en France ; résultat : en 2022, toutes nos marques ont gagné des parts de marché et nous avons renforcé notre part de produits de grande consommation par rapport à l'historique.
L'an dernier, le marché des commodités (beurre et poudre de lait) était très haut, ce qui a permis de tirer le prix du lait à la hausse sur les marchés de la RHF (restauration hors foyer), du B2B (Business-to-Business) et des marchés européens. Par contre, nous avons consacré pas mal de temps à passer des hausses de prix, absolument nécessaires pour nous, auprès de la distribution française ; ce qui a causé un allongement des délais en terme de retour de hausse du prix du lait auprès des producteurs.
En 2022, le chiffre d'affaires de Sodiaal a bondi (+ 854 millions d'€ par rapport à 2021), ce qui s'explique par les hausses que l'on a réussi à passer sur nos différents marchés (RHF, B2B, européen et export) et en lien avec les hausses passées avec les GMS aussi, mais cela s'explique également par la reprise de Yoplait, une belle marque connue des consommateurs qui valorise 10% de notre lait, qui élargit le panel des marques de Sodiaal et conforte notre place d'acteur de l'agro-alimentaire en France.
Quelles sont les perspectives de prix pour les producteurs de la coopérative en 2023 ?
Damien Lacombe : Par rapport à 2022, nous allons remonter une marche en termes de prix du lait grâce à nos négociations de tarifs auprès des GMS. Toutefois, le prix du lait va dépendre de l'évolution des marchés mondiaux qui sont redescendus depuis le début de l'année... Mais c'est encore trop tôt pour annoncer un niveau de prix.
La coopérative fonctionne désormais avec un prix unique, quel intérêt et quel impact sur les producteurs ?
Damien Lacombe : C'est une simplification pour les producteurs puisque jusqu'à présent on avait 2 prix (A et B) qui étaient liés à la sortie des quotas laitiers. Or, depuis la période de sortie des quotas, nous avons fait un gros travail de valorisation de notre lait, on dispose donc de moins de lait de poudre basique sujet à la volatilité, c'est pourquoi on a décidé de revenir à un prix unique qui est la traduction de tous les efforts faits par la coopérative pour améliorer les comptes et la valorisation du lait. Je rappelle que ce n'est pas la formule de prix qui fait le prix du lait mais bien la valorisation que l'on est capable d'aller chercher.
En 2022, Sodiaal a cédé la fromagerie du Velay à l'entreprise Centurion Fromagers. Quelle stratégie portez-vous pour vos usines ?
Damien Lacombe : Concernant l'usine du Velay à St Germain Laprade, nous avions du mal à équilibrer les comptes d'autant que d'autres usines plus performantes étaient capables de réaliser les mêmes fabrications. On a décidé de céder l'usine à Centurion, un partenaire historique de Sodiaal qui dispose de productions qui correspondent mieux à cette usine.
Deux autres sites ont été fermés en 2022, Campbron dans la Loire-Atlantique et "Eurosérum" à St Martin de Belle-Roche en Saône et Loire. Le premier site a souffert de la baisse de consommation de lait, ce qui crée des surcapacités dans nos usines, d'autant que sur cette zone de Campbron nous n'avions pas de collecte de lait en direct. Quant au site de St Martin, il valorisait du sérum qui arrivait d'Italie et, en raison des coûts de transport, on avait du mal à trouver une valorisation ; c'est pourquoi on a préféré se recentrer sur la valorisation de nos sérums issus uniquement de nos fromageries ou de nos partenaires. Au final, toutes nos décisions répondent à une volonté de rationnaliser nos outils industriels.
L'innovation «produits» fait-elle partie de votre stratégie ?
Damien Lacombe : Oui l'innovation est importante car il s'agit de proposer au consommateur des produits qui l'intéresse en allant vers des produits différents ; Entremont vient justement de sortir des cubes apéritifs à partir d'AOP et nous nous orientons également sur des fromages qui accompagnent les plats cuisinés (raclette...).
Quels messages souhaitez-vous adresser aux producteurs de votre coopérative ?
Damien Lacombe : Au cours de nos assemblées générales, nous évoquons notre stratégie "Sodiaal 2030" avec comme ambition première : le renouvellement des générations et l'accompagnement plus complet de nos adhérents dans l'objectif de maintenir la production laitière la plus dynamique possible ; ce qui passe bien sûr par la revalorisation du prix du lait mais aussi par tous les services que la coopérative peut apporter aux éleveurs pour qu'il puissent relever les challenges de demain (main-d’œuvre, environnement...). En tout cas, Sodiaal travaille à fond sur la valeur ajoutée afin de rémunérer au mieux le lait, ce qui est la meilleure réponse au renouvellement des générations.