Elle se pique pour l'angora
Après 20 ans comme infirmière libérale sur le Cézallier, Marilyne Théron vient de se lancer dans l'élevage de chèvres angora et la transformation de la laine mohair. Reconversion tout en douceur.
Nous sommes en pleine période des naissances. Dans les parcs, entre les pattes des mères, de petites pelotes blanches et frisées tentent une marche chancelante dans la douceur du bâtiment réchauffé par un soleil printanier. Les petites chèvres ont à peine quelques heures qu'elles portent déjà un joli prénom. Un signe de proximité, d'affection de la part de leur propriétaire. Marilyne Théron fait le tour du cheptel angora désormais composé d'une cinquantaine d'individus mâles et femelles et d'une quinzaine de chevreaux. Le Gaec ne compte qu'un seul reproducteur. Le troupeau est amené à augmenter d'une dizaine de chèvres supplémentaires. La docilité et le calme impressionnent. Le visiteur ne pense qu'à plonger la main dans la toison soyeuse et douce pour se rendre compte de la finesse de la laine mohair.
Avantage du Gaec
Depuis un an, très officiellement depuis le 1er janvier 2022, la nouvelle agricultrice est installée au Bac d'Allanche, associée avec son mari Nicolas et son beau-frère Julien dans le Gaec Théron, davantage connu pour son cheptel salers allaitant et son lait pour le saint-nectaire. Dans cette association, elle a trouvé la possibilité de faire sa place et de profiter des installations et du matériel pour se lancer. Les nouvelles pensionnaires profitent ainsi du bon foin et de l'herbe tendre de la vallée. Le climat du Cézallier semble leur plaire et elle donnent suffisamment de lait aux petits et fournissent une belle laine.
Mais en « cercle 1 » pour la présence du loup, chaque soir, elles regagnent leur abri dans une bonne odeur de paille. « Elles demandent beaucoup d'attention, car ce sont des animaux fragiles, explique Marilyne Théron. Il faut être très vigilant sur le parasitisme. » Il y a aussi beaucoup de contention, d'où le rapport affectueux, pour apporter les soins, contrôler et maintenir la qualité de la laine, éviter que celle-ci ne s'abîme ou ne soit souillée. L'écussonage pour dégager le ventre et l'arrière-train est pratiqué régulièrement. Par capillarité, les déjections peuvent ternir la qualité d'une partie de la toison. Il faut aussi éliminer le jarre et préserver une fibre longue et lumineuse.
Mohair in Cantal
« J'ai pris mon temps et je continue de le prendre pour réussir ce projet qui me tient à coeur. » Petite-fille d'agriculteur, Marilyne Théron, voulait depuis longtemps s'installer agricultrice. Mais durant vingt ans, elle a officié comme infirmière libérale sur le secteur d'Allanche. « J'aurais pu m'installer plus tôt, mais le Covid est arrivé et je ne voulais pas lâcher mes collègues et mes patients dans un tel moment, rappelle-t-elle. J'aurais très bien pu rejoindre le Gaec pour fabriquer du fromage fermier, mais je voulais vraiment quelque chose à moi et qui me ressemble.
Avec cette reconversion professionnelle, on recommence tout à zéro. Il faut tout apprendre. En même temps, tout me plaît avec le soin aux animaux, le tricot, le contact avec la clientèle... »
« Il faut bien préparer son projet, prendre son temps et être bien entouré, analyse Marilyne Théron. Il faut se sentir soutenu par ses associés et ils ont très vite accepté mon idée, par sa famille, par les organismes et les associations de la filière pour du conseil ou de la formation. La formation est indispensable. »
Et sur son ancienne carrière d'infirmière ? « Je ne regrette pas ces vingt ans passés auprès de mes patients et de mes collègues, tous ont compris que c'était le moment pour moi de me lancer dans une nouvelle aventure ».