Écouter et rassurer le consommateur
Bruno Dufayet, président de la FNB est venu, à la tribune de Sicaba, livrer son analyse rassurante sur le discours anti-viande en rappelant l’impérieuse nécessité d’user de pédagogie.
Vegan, végétarien, végétalien(1)… Ces mots sont, en ce moment, très tendances. Tellement tendances qu’ils nous feraient croire qu’ils concernent une majorité de personnes. Eh bien, non. En France, seule 2 % de la population est végétarienne quand 0,7 % est vegan. Ce qui veut dire que « 98 % de la population française mange de la viande. C’est à cette majorité là qu’il faut expliquer notre manière de travailler ». Bruno Dufayet sait de quoi il parle pour s’être penché sur la question dans son rôle de président de la Commission enjeux sociétaux au sein d’Interbev.
Interrogations et inquiétudes
C’est avec sa nouvelle casquette de président de la Fédération nationale bovine (FNB) qu’il est venu à la tribune de l’assemblée générale de Sicaba, mercredi 31 mai dernier à Bourbon-l’Archambault, pour exposer son avis sur cette tendance, certes minoritaire mais largement relayée, qui soulève bien des interrogations et des inquiétudes chez les éleveurs et les professionnels du secteur.
Condamner les mauvaises pratiques
« Les consommateurs se posent des questions. Il est nécessaire de leur répondre ». « L’élevage est-il source de pollution ? », « Manger de la viande est-il mauvais pour la santé ? », « Les animaux sont-ils bien traités ? », … Autant d’interrogations qui peuvent paraître basiques à n’importe quel professionnel de l’élevage mais qui « marquent la déconnexion entre les producteurs et les consommateurs » et auxquelles il est impératif de répondre. « Nous devons être capables d’écouter, de rassurer, de sortir du débat des anti et de ne pas se focaliser sur les attaques. Nous sommes les meilleurs vecteurs de notre métier, nous devons assumer nos pratiques mais aussi et surtout les expliquer. Il ne s’agit pas d’inventer des histoires mais de raconter la sienne ». Mieux, les professionnels du secteur doivent être capables de lever l’omerta et condamner vivement certaines mauvaises pratiques. « Ne plus protéger ni défendre ceux qui font mal », voilà le (bon) conseil distillé par le cantalien. « Sans quoi, ces mauvaises pratiques finiront par porter préjudice à l’ensemble de la filière ».
Pédagogie
De la pédagogie, encore et encore. Pour démontrer aux consommateurs inquiets que la protection animale est visible à chaque stade. « On oublie trop souvent de se servir de la réglementation pour démontrer nos bonnes pratiques ». De la pédagogie aussi pour rappeler que l’élevage en France est basé sur un système herbager qui « en plus de fabriquer des aliments de qualité au service de la société apporte d’autres services comme le dynamisme de nos territoires ruraux, l’attractivité touristique, la création d’emplois, l’entretien des paysages, la contribution à la biodiversité, le maintien de la fertilité des sols, … » De la pédagogie, enfin, pour briser les idées reçues qui ont la vie dure. Bruno Dufayet se contente d’un petit exemple : « Vous avez forcément vu circuler le chiffre de 15 000 litres d’eau soi-disant nécessaires pour produire un kilo de bœuf. Or, selon une étude de l’Institut de l’élevage, il en faut en réalité 50 litres ! »
Travail avec les ONG
Une preuve de plus que les mentalités évoluent dans tous les domaines, la Fédération nationale bovine mène des travaux de réflexions et de concertation avec plusieurs Organisations non gouvernementales en matière de bien-être animal et d’environnement. Des rapprochements qui avaient conduit à la visite d’un élevage du Puy-de-Dôme en décembre 2015 en marge de la Cop 21 d’un certain Nicolas Hulot. « Il nous avait dit à l’époque qu’il pêchait souvent par ignorance. J’espère qu’il se souviendra de cela dans le cadre de ses nouvelles fonctions (2)».
(1) Définitions. Le végétarien ne mange pas de viande ni de poisson. Le végétalien exclut de son alimentation tout produit d’origine animale. Le vegan étend ce précepte à tout son mode de vie (cosmétique, habillement, ...).
(2) Nicolas Hulot est ministre de la Transition écologique et solidaire au sein du gouvernement d’Édouard Philippe.