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Économie : les cours favorables aux exploitations du Puy-de-Dôme

Les références économiques de Cerfrance Puy-de-Dôme Avenir, filière par filière, montrent une hausse globale des frais de structures dans les exploitations tandis que les charges opérationnelles tendent à revenir à des niveaux classiques.

© Mélodie Comte

La semaine dernière, Cerfrance Puy-de-Dôme Avenir a présenté ses chiffres comptables de la ferme puydômoise. Les experts du centre de gestion ont détaillé, filière par filière, les résultats des exploitations après avoir traversé le "millésime" 2023 (de septembre 2023 à avril 2024, soit une année comptable). Ils ont également donné quelques prévisions sur la campagne 2024 dont les comptabilités seront clôturées en avril prochain.

« Derrière ces moyennes se cachent une hétérogénéité » rappelle Annabelle Barthélémy-Dubost du service études et références.

 

Bovin allaitant : les prix regonflent les trésoreries

Les élevages bovins allaitants du Puy-de-Dôme compte en moyenne 1,5 UTH mais « ont peu de salariés » précise Judicaël Renard, conseiller gestion au Cerfrance. La surface moyenne de ces exploitations est de 143 ha en, majoritairement en herbe avec un chargement de 114 UGB et 81 vaches allaitantes.

Les premières prévisions pour l'exercice 2024 font état de prix porteurs : 1 270€/broutards et 1 970€/réformes. « Les cours de ce début d'année sont les plus hauts jamais connus. Ils sont le résultat de la décapitalisation, du maintien de la demande en Italie et de la reprise de l'engraissement en France. » Le conseiller prédit un maintien de ces niveaux de prix en raison d'une baisse des vêlages d'automne, liée à l’impact de la MHE et de la FCO: « les éleveurs constatent beaucoup d'avortements »

Du côté des charges, les prix de l'aliment ont baissé durant l'exercice et les achats de fourrages ont été réduits grâce aux bonnes récoltes. A contrario, les charges de structures ne cessent d'augmenter. « Le prix des assurances, l'entretien du matériel et les charges sociales sont, dans cet ordre, les postes qui connaissent le plus de hausses. »

Cet ensemble offre aux éleveurs allaitants puydomois un EBE qui atteindrait 500€/UGB en 2024. La rémunération permise* serait en moyenne de 1,2 SMIC.

À lire aussi : Aides MHE et FCO, la MSA ouvre plusieurs aides aux éleveurs touchés

 

Bovin lait conventionnel  : un marché porteur

Les élevages laitiers du département comptent en moyenne 2,2 UTH dont 0,5 salarié, 114 hectares et produisent un volume de 439 195 L pour 67 vaches laitières. « Le volume laitier augmente pour le prévisionnel 2024. » Le prix du lait aux alentours de 475€/1 000 L, devrait rester stable comme en 2023 en réponse au marché. Les experts de Cerfrance Puy-de-Dôme Avenir prédisent « un maintien des volumes sur les premiers mois 2024 et une tendance positive sur les coproduits viandes »

L'EBE des élevages laitiers augmente en moyenne de +3,1%. Les frais de structures freinent néanmoins la progression de 5% en raison de l'inflation. Les marchés porteurs mais aussi la baisse des frais opérationnels suffisent à compenser. « Sur l'année comptable 2023-2024, l'excédent brut d'exploitation reste stable à 200€/1000 litres. » Les éleveurs laitiers peuvent se permettre une rémunération à hauteur de 1,3 SMIC/UTH soit 22 735€.

 

Bovin lait saint nectaire : EBE en chute

Cerfrance a analysé la ligne des producteurs laitiers sous AOP Saint-Nectaire. Leur exploitation compte 1,7 UTH pour 101 hectares et un volume produit de 270 000 L pour 55 vaches laitières. Sur l'année comptable, le prix du lait a été payé en moyenne 535€. 

Les experts-comptables observent un petit décrochement de 3,5% sur la production prévisionnelle 2024 occasionnant une augmentation de prix à 550€/1 000L. « Tous les fromages AOP décrochent en volume en réponse à la baisse de la consommation de ces produits du fait de l’inflation » explique Annabelle Barthélémy-Dubost du service études et références.

Comme dans les autres filières, les éleveurs laitiers Saint-Nectaire profitent de la baisse des charges opérationnelles mais celle-ci n'a pas l'effet escompté. La baisse de volume ne permet pas de diluer la hausse significative des frais de structure (+11,6%) portée par l'inflation sur les frais de mécanisation, de main-d’œuvre et les cotisations sociales. L'EBE de ces exploitations chute de ce fait de 6%. Judicaël Renard tempère : « il faut voir aussi dans ces chiffres qu'un certain plateau avait été atteint »

Parallèlement, les producteurs Saint-Nectaire en transformation fromagère voient leur EBE progresser de 5% sur l'exercice comptable de 2023, grâce à un prix du fromage en hausse de 0,50€/kg.

À lire aussi : Encore du mal à atteindre 1,5 Smic

 

Grandes cultures : de moins d'un SMIC à 2,1 SMIC/UTH

« L'année 2024 a été marquée par une volatilité des cotations en céréales. La forte envolée des cours mondiaux semble se stabiliser. »

Les comptables ont divisé en deux catégories les exploitations en grandes cultures du département. 

Les exploitations dites céréalières (toute production de céréales hors semences). Elles comprennent 1,2 UTH et 93 ha de cultures de vente. « Les rendements 2024 ont été moins bons que les années précédentes du fait des conditions climatiques. » Les produits céréales chutent donc de -49,5% alors que dans le même temps les frais de structure bondissent de 13,3%. 

Sur la partie prévisionnelle, les comptables annoncent une baisse des charges. L'EBE 2024 devrait être aux alentours de 20 190€/UTH et 12 325 €/UTH de valeur ajoutée. « La rémunération permise devrait être inférieure à 1 SMIC. »

Les exploitations dites "industrielles" voient également leurs produits de culture baisser de 20% et leurs frais de structure augmenter de 5%. L'EBE prévisionnel 2024, déclinerait de 95 075€/UTH à 68 445€/UTH avec une valeur ajoutée à 43 410€/UTH. 

La rémunération permise diminuerait à 2,1 SMIC contre 3,8 SMIC en 2023.

Devant ces chiffres, Annabelle Barthélémy-Dubost du service études et références l'affirme : « la valeur ajoutée des exploitations est portée par la conjoncture ». Une bonne et une mauvaise nouvelle à la fois car comme le rappelle Judicaël Renard : « le contexte géopolitique actuel peut, et très certainement va avoir, un impact sur les cours des produits agricoles et des intrants ; sans oublier les retournements sanitaires et météo ».

Les exploitations agricoles puydomoises ne seront pas épargnées. Les experts-comptables invitent donc les agriculteurs à poursuivre leur travail sur l'optimisation des charges de productions. « Nos systèmes arrivent aujourd'hui à s’adapter mais jusqu’à quand ? » s'interrogent les comptables. Nombre d'organisations professionnelles agricoles, d'agriculteurs et autres se posent cette question pour laquelle personne ne semble avoir de réponse.

*calculée à partir de l'EBE auquel on retranche les annuités d'exploitations et la capacité d'autofinancement de 5%.

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