Exploitation
Diversification : pourquoi pas ?
Porteuse de développement économique, réponse aux demandes sociétales, moins de dépendance aux aléas de la production et des marchés, promotion des savoir faire et d'un territoire : la diversification a de nombreux atouts.
Le réseau Bienvenue à la Ferme, en partenariat avec la chambre d'agriculture, a organisé une journée afin de sensibiliser les agriculteurs aux possibilités de diversifications qui existent dans notre département. Le but : voir concrètement, avec des témoignages d'agriculteurs, que se diversifier... c'est possible !
La diversification c'est quoi ?
« C'est une activité agricole de service et/ou d'accueil à la ferme. Ces différentes activités peuvent représenter une opportunité, pour l'installation des jeunes, et notamment pour démarrer sur de petites surfaces, ou pour développer une exploitation en créant un autre atelier. A moyen terme, très souvent des créations d'emploi sont à la clé » souligne Benoît Rogier, président du réseau Bienvenue à la Ferme, dans son discours d'introduction.
« Bienvenue à la Ferme » est une association créée en 1994. Elle est ouverte à tout agriculteur inscrit à la MSA en tant que chef d'exploitation. Mais c’est aussi une marque déposée, ce qui permet de « garantir la qualité des services et des produits proposés… nous pouvons même ajouter en ces périodes de crise que les consommateurs sont très attirés par nos prix. Un produit fermier de qualité ne veut pas dire forcément un produit plus cher ! » ajoute le président de « Bienvenue à la Ferme ».
Ce réseau permet aussi d'accompagner les projets aussi bien sur le montage que l'animation du réseau. Telle est la mission de Valérie Moreau, animatrice au service diversification à la chambre d’agriculture.
Rechercher une plus-value
C'est tout naturellement que Nicolas, David et Nathalie Lepetit du Gaec Lepetit à Arcissat, sur la commune de Bosmoreau-les-Mines, ont accueilli les participants sur leur exploitation afin de faire partager leurs expériences.
Lorsque Nicolas s'est installé, il ne voulait pas forcément s'agrandir. Il préférait valoriser la production existante en créant un atelier de vente directe (voir encadré) car sans cette diversification l'exploitation à 3 n'était pas viable.
Actuellement le Gaec vend 2 génisses et un veau par mois. Un local répondant aux réglementations sanitaires, et un espace pour accueillir les clients ont été aménagés.
La diversification demande de la polyvalence
Les ventes se réalisent un samedi matin par mois. Les clients passent commandes d'un samedi sur l'autre. S'il reste de la viande, ils réalisent des conserves comme des rillettes de boeuf, des tripes à la mode de Caen ou du bœuf bourguignon. Nicolas et son frère David expliquent que la vente directe prend beaucoup de temps et qu'il faut une bonne organisation de travail car sinon on se laisse vite déborder.
Mais, avant toute chose, quelles que soient les raisons qui poussent les agriculteurs à développer ces nouvelles productions ou activités, il est primordial que ce soit un choix personnel. « Il faut bien réfléchir à son projet, et se poser les bonnes questions », confie celui qui est aussi un cycliste de haute volée à la cinquantaine de personne venue pour l'occasion car « la vente directe demande une vrai polyvalence ».
D'autres personnes développent le tourisme ou les services à la ferme. Ainsi en est-il de Nicolas Leroux, qui fait de la vente directe de fromage de chèvres et de monsieur et madame Chamberot, qui ont une aire d'accueil pour les camping-cars. Ils sont venus témoigner de leurs expériences. Dans ces périodes de grandes réorientations de l'agriculture, le développement agricole vers de nouvelles activités peut être une solution pour assurer la stabilité économique. « La chambre d'agriculture avec son service diversification est à l'écoute des agricultrices et agriculteurs ayant des projets » a affirmé Jean-Philippe Viollet, le président de la chambre creusoise.
«Nous sommes à la croisée des chemins. Nous avons un autre rôle à avoir dans la société. En Creuse, il y a des richesses énormes. Il faut les exploiter. Des circuits courts et simples avec une bonne valorisation sont une bonne possibilité pour rester au pays », renchérit Guy de-Saint-Vaury, responsable de la commission agriculture biologique et diversification à la chambre.
Pour clôturer la journée, c'est tout naturellement que visiteurs et producteurs se sont retrouvés autour d'un verre de l'amitié en dégustant des spécialités.
Le témoignage de Nicolas Lepetit
Nicolas raconte : « Avant je travaillais dans le commerce et l'artisanat. J'avais envie de m'installer avec mon frère David et ma belle-sœur Nathalie sur la ferme familiale, sans forcément s'agrandir. Donc il fallait que nous recherchions une plus-value car à 3 sur l'exploitation ce n'était pas viable. L'exploitation comptait 100 ha de surface avec 12 ha de céréales et nous avions 65 vaches et 50 brebis. Nous engraissions les animaux. A l'époque, nous commercialisions la totalité de la production au groupement. Nous étions autosuffisants en céréales et en paille.
Après réflexion, nous nous sommes lancés dans la vente directe de nos produits.
Les équipements nécessaires à la vente directe c'est-à-dire le local de découpe, la chambre froide, le point de vente et le véhicule frigo nous ont coû té 76 000 euros en 2002. Nous avons fait beaucoup de chose par nous-même. Je voulais me lancer à moindre coût car les premiers mois sont difficiles, il faut fidéliser la clientèle.
Actuellement nous vendons 2 génisses plus 1 veau par mois et 15 agneaux durant l'année. Les ventes se font un samedi matin par mois et le travail est réparti entre tous. Entre le transport de l'abattoir, l'emballage, la préparation de la charcuterie, car nous réalisons des saucisses, le nettoyage des locaux, la vente et le suivi administratif, cela représente environ 56 heures de travail, sans compter les tâches effectuées par le boucher qui représentent environ 22 heures de travail.
Les gens viennent chercher leurs commandes le samedi matin et nous passent leurs commandes pour le mois d'après. Le samedi matin nous sommes tous là mon frère, ma belle-sœur et moi ainsi que mes parents, à la retraite, mais toujours présents pour donner un coût de main. Il y a beaucoup de travail, en moyenne le samedi matin nous voyons entre 70 et 80 clients.
Nous avons réalisé un grand espace d'accueil pour que nos clients se sentent à l’aise car j'ai envie de les garder un peu lorsqu'ils viennent m'acheter mes produits. Nous aimons le contact et nous voulons faire partager l'amour de notre métier et la qualité de nos produits.