Didier Chambaron, éducateur globe-trotter hier à Nouméa, aujourd’hui à Chicago
Après avoir fait ses armes en Nouvelle-Calédonie puis à la confédération océanienne (OFC), Didier Chambaron vient d’intégrer la fédération américaine (US soccer).
Son nom ne vous dira peut-être rien, sauf celles et ceux qui ont suivi de près le football cantalien et celui de feu l’AFCA. Il est pourtant aujourd’hui un technicien reconnu dans le monde entier. Didier Chambaron, né à Riom-ès-Montagnes en 1971, vient d’intégrer la fédération américaine de football (l’US Soccer(1)) après avoir passé plus de dix ans dans le Pacifique Sud. Il travaille aujourd’hui directement sous les ordre de Jürgen Klinsmann(2). Petit retour en arrière. En 2004, au sortir d’une expérience humaine peu réjouissante à l’AFC Aurillac, il rejoint la Nouvelle-Calédonie et le cœur de la culture kanak pour diriger la JS Bako. Il part seul, à 22 000 kilomètres de chez lui, pour vivre “une magnifique expérience humaine”, même si laisser sa femme Alexandra fût difficile.
Une expérience humaine inoubliable
Derrière, tout s’enchaîne. Il est contacté en janvier 2006 par la fédération calédonienne pour s’occuper des sélections jeunes, et on lui confie très vite de grandes responsabilités sportives et administratives pour finir avec la sélection A. Entre temps, il intègre la confédération océanienne, l’OFC (l’équivalent de l’UEFA), notamment la direction technique. Cette fois, Alex suit son époux... et Rafaël naîtra quelques mois plus tard. “Fin 2010, je quitte Nouméa pour Auckland (Nouvelle-Zélande), siège de l’OFC, en tant que directeur technique adjoint et responsable de la formation des entraîneurs de onze pays. J’étais également en charge du suivi des programmes Élite et de la préparation des équipes de jeunes U 17 et U 20 pour les Coupes du monde. Je suis devenu instructeur Fifa fin 2011, ce qui m’a donné la possibilité d’intervenir sur tous les continents au niveau des programmes “performance”, poursuit le quarantenaire. Au fil des ans, Didier Chambaron se voit offrir par la Fifa l’occasion de participer à diverses activités “de définitions et mises en place de plans de développement stratégiques aux côtés des associations nationales. Ce fut là encore pour moi une expérience très marquante et très enrichissante sur les plans professionnel et humain”. Une aventure de six ans où Didier a pu mener différentes actions dans plusieurs pays, “des cultures qui m’ont aidé à grandir et à développer des qualités humaines et des capacités pédagogiques et de communication importantes. Cette expérience restera donc inoubliable. Elle fut, de plus, un véritable tremplin car elle m’a permis de me faire reconnaître à plus grande échelle”. Eh oui ! Le p’tit gars de Riom a fait du chemin avec aujourd’hui une reconnaissance internationale incontestable de son travail auprès des jeunes et des fédérations... jusqu’au coup de fil des USA en novembre dernier.
“Mon profil intéressait les Américains”
“Je me suis retrouvé sur une “short list” alors que je voyais vraiment plus mon avenir vers l’Asie. Tout est allé ensuite très vite car mon profil intéressait vraiment les Américains de par mes diplômes, mais aussi grâce à la maîtrise de trois langues minimum (anglais, allemand, espagnol). Je suis donc à Chicago depuis mai dernier. J’ai intégré la direction technique.” Didier Chambaron s’occupe notamment de la partie formation Élite avec des missions sur les “Académies de la MLS (Major league soccer, l’équivalent de la Ligue 1, mais version franchise américaine) et les sélections nationales jeunes avec les U 15, U 17 et U 20. J’ai signé un contrat de trois ans, mais les perspectives vont bien au-delà. La fédération américaine a de gros objectifs pour les dix prochaines années. C’est donc une très grande fierté pour moi que de faire partie de ce projet”. Si Didier Chambaron fait désormais partie de l’organigramme américain du soccer, il n’en reste pas moins sous contrat avec la Fifa. Les dernières turpitudes ou affaires de l’instance internationale, le technicien français n’en parlera pas. En revanche, il trouve “dommage qu’on ne parle pas plus de ce que peut apporter le football sur la planète. C’est un véritable, parfois même le seul outil d’éducation et de développement dans beaucoup de pays”. L’enfant de Riom-ès-Montagnes estime par ailleurs que “la stigmatisation des affaires et des scandales fait vendre beaucoup de papier, alors que je peux vous garantir que cela ne touche que 1 % des acteurs et des passionnés que nous sommes”. En place depuis quelques semaines, Didier Chambaron a également pu apprécier l’organisation de la dernière Copa América aux États-Unis et la belle quatrième place des USA. “Cela a été un très grand spectacle populaire. On a pu s’apercevoir qu’il se passait quelque chose. La nouvelle génération aime ce sport et a envie de voir l’équipe nationale au plus haut niveau. Il faudra être patient car le fossé est encore grand avec les grandes nations du football. Mais ici, rien ne parait impossible, alors...” jean-marc authié (1) Aux États-Unis, le football tel que le nous le connaissons en Europe et dans le reste du monde se dit “soccer”. Car aux USA, le football, c’est le football américain... et rien d’autre ! (1) Sélectionneur de l’équipe masculine de football. Klinsmann est un ancien international allemand, 108 sélections, 47 buts, vainqueur de la Coupe du monde 1990, champion d’Europe 1996. En tant que joueur, il a gagné la Coupe d’Europe avec l’Inter Milan en 1991, le Bayern Munich en 1996. Il a aussi porté les couleurs de Stuttgart, Monaco, Tottenham, la Sampdoria de Gênes...
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