Déterminer comment et pourquoi certains arbres survivent
En compilant quinze années de travaux de recherche sur la sécheresse, des scientifiques du centre Inrae Clermont-Auvergne-Rhône-Alpes viennent de confirmer la nécessité d'explorer le comportement des méristèmes, ces tissus permettant aux plantes de se développer et se régénérer.

Marylou Mantova, Stéphane Herbette, Hervé Cochard et José M. Torres-Ruiz, chercheurs au centre Inrae Clermont-Auvergne-Rhône-Alpes, ont réalisé une synthèse des travaux des quinze dernières années sur les processus impliqués dans les dommages causés par la sécheresse. Publiés dans Trends in Plant Science, leur analyse montre que si les dommages causés sont bien connus, le lien entre ces dommages et la mort des plantes reste peu étudié. Il devient alors difficile de comprendre et d'anticiper la mort des plantes en situation de sécheresse. « À ce stade, il est impératif de poursuivre les travaux de recherche sur l'impact de la sécheresse sur les méristèmes, les tissus permettant aux plantes de se développer et se régénérer, et les liens avec les risques d'embolie du xylème, le tissu transportant l'eau dans les plantes », explique José M.Torres-Ruiz.
Mourir de soif
Le changement climatique en cours modifie en effet la température de surface et les modèles de précipitations dans de nombreuses régions du monde. En conséquence, les épisodes de sécheresse sont plus fréquents, plus longs et plus intenses, ayant déjà un impact marqué sur la survie des arbres et le dépérissement des forêts.
Des dégâts déjà visibles
Toutes les essences d'arbres sont aujourd'hui concernées par le changement climatique. Cependant, certaines sont plus touchées et subissent des crises sanitaires. Par exemple, les épicéas, sensibles à la sécheresse, sont les grandes victimes d'une épidémie de scolytes. Ces insectes se développent après des tempêtes ou, comme en 2019 et 2020, après une sécheresse, quand les arbres sont fragilisés et plus vulnérables. Les scolytes en profitent et pullulent jusqu'à former des populations suffisantes pour attaquer aussi des arbres sains. Pour tenter d'enrayer ces phénomènes, le monde de la forêt est à pied d'oeuvre en recherchant des essences plus résistantes aux sécheresses, et, plus globalement, aux climats chauds. « Le problème du réchauffement actuel du climat est sa rapidité. La migration géographique naturelle des essences est trop lente pour suivre le mouvement », explique Manuel Nicolas, responsable du Renecofor (réseau national de suivi à long terme des écosystèmes forestiers) à l'ONF. Le forestier peut donc agir en faisant de la migration assistée. C'est notamment ce que fait l'ONF avec ses partenaires dans le cadre des projets Giono et MedforFutur.