Des TJB salers engraissés plutôt que des vaches à vêler
Seul désormais sur l’exploitation de Saint-Santin-Cantalès, sans salarié, Ludéric Espalieu a préféré diminuer son cheptel, travailler en pur et engraisser des TJB dans le cadre d’une filière sécurisée, le Salers primeurs d'Altitude.
Seul désormais sur l’exploitation de Saint-Santin-Cantalès, sans salarié, Ludéric Espalieu a préféré diminuer son cheptel, travailler en pur et engraisser des TJB dans le cadre d’une filière sécurisée, le Salers primeurs d'Altitude.

Installé depuis 2012 en Gaec avec sa mère, puis en EARL unipersonnelle depuis 2017, Ludéric Espalieu a fait le choix il y a deux ans de faire évoluer son système d’exploitation. Avec 160 hectares(1) répartis sur trois sites et plus de 100 mères salers à faire vêler, difficile pour l’éleveur de Saint-Santin-Cantalès de ne pas courir après le temps, surtout depuis le départ du salarié qui venait deux jours l’épauler par semaine dans le cadre d’un
groupement d’employeurs constitué avec deux autres exploitants. Les démarches pour recruter un nouveau salarié sont restées vaines. C’est ce qui a poussé l’éleveur salers à réduire - de dix vaches dans un premier temps - son cheptel et, en parallèle, à renouer avec l’engraissement des mâles qu’il avait déjà expérimenté plusieurs années durant en finissant des veaux pour la filière SVA-Jean-Rozé. Ainsi, en plus des vaches de réforme, un lot de 14 génisses croisées a été conservé pour être engraissé comme “génisses lourdes rajeunies” pour le groupe Altitude, suivi d’un second de 12 jeunes femelles. Et en juillet dernier, c’est un lot de 18 mâles purs sevrés que l’éleveur, désormais naisseur-engraisseur, a engagé avec le groupe coopératif pour alimenter la filière des TJB salers. Pour pallier le déficit de renouvellement mais aussi faciliter les vêlages qui se déroulent tous en extérieur en début d’automne, ces évolutions se sont accompagnées d’un virage marqué vers la race pure, le taux de croisement ayant ainsi été abaissé à 20 %.
Des TJB qui profitent
Nés fin septembre, les futurs TJB ont été mis à l’herbe avec les mères début avril au printemps dernier jusqu’à leur sevrage. À 10,5 mois, le lot a pris ses quartiers dans un bâtiment indépendant jusqu’alors dédié aux vaches de réforme. Au calme, ils ont pleinement profité de la ration composée de 2,2 kg d’enrubannage, 1,5 kg de foin et 5,5 kg d’un aliment élaboré à la carte par Centraliment (remplacé depuis novembre par une ration maïs). En moyenne, à la dernière pesée de janvier, le lot affichait un GMQ (gain moyen quotidien) de 1,55 kg. Et les deux premiers veaux abattus courant janvier ont fait mieux avec un poids carcasse d’un peu plus de 380 kg et une marge dopée par ces performances. “C’est le coût de la ration et le GMQ qui font la marge, ce sont les veaux qui poussent le plus vite qui dégagent le plus”, abonde Catherine Entraygues, responsable développement des filières bovins au groupe Altitude, évoquant une marge moyenne des naisseurs-engraisseurs de TJB salers comprise entre 450 et 580 €(2) sur les lots abattus en 2024.
C’est le coût de la ration et le GMQ qui font la marge", souligne Catherine Entraygues, responsable développement des filières bovins au groupe Altitude
Prix garanti et avance de trésorerie
Quand l’éleveur a engagé son lot en juin dernier, en tant que nouvel apporteur, il a bénéficié d’une avance de trésorerie 500 € par veau. Tout sauf négligeable pour Ludéric Espalieu, pour faire face à un décalage de ventes la première année. Parallèlement, à la signature du contrat, le groupe coopératif assure un prix minimum garanti à la sortie des veaux. Les deux premiers TJB ont été vendus au-delà avec une mécanique de prix conforme à la loi Egalim intégrant 70 % de coût de production et 30 % de prix du marché.
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Rentabilité et sérénité
Mais ce qu’apprécie l’éleveur salers, c’est le gain de temps : tout au plus consacre-t-il quotidiennement une trentaine de minutes pour la préparation de la mélangeuse, le paillage, la surveillance le soir... Un gain de temps et davantage de tranquillité : “Un broutard sur lequel il faut intervenir à l’extérieur, ça attend au maximum 30-45 minutes, alors que là, les veaux étant à l’intérieur du bâtiment, c’est beaucoup plus commode”, estime Ludéric Espalieu. Seul bémol : des places en bâtiments qui commencent à se faire rares pour accueillir deux cohortes de génisses, les TJB (dont les sorties s’étaleront jusqu’en avril) et les vaches de réforme. De quoi motiver un projet bâtiment, mais Ludéric Espalieu préfère ne pas griller les étapes.
(1) Dont 5 ha de maïs et 20 ha de céréales, céréales dont la part a été relevée pour être autonome en paille.
(2) Marge sur coûts alimentaires. De juillet à novembre, 25 bottes d’enrubannage et une quinzaine de foin ont été consommées par les 18 TJB.