Des moutons 100 % au pré
Le technopâturage a fait l'objet d'une conférence de Vetagro Sup et l'Adivas, association des diplômés de l'école.
Le technopâturage a fait l'objet d'une conférence de Vetagro Sup et l'Adivas, association des diplômés de l'école.
On n'a pas encore trouvé moins cher que le pâturage pour nourrir ses animaux. À la Ferme de Fargues, dans le Lot, Agnès, André et Francis Delpech ont choisi de maximiser cette voie pour leur élevage ovin. Leurs 1 500 brebis pâturent toute l'année 220 ha de prairies et 300 ha de parcours boisé.
Le 100 % pâturage leur permet de faire d'énormes économies : ils n'ont pas de bâtiments, ni pour le stockage, ni pour l'hébergement, ils n'utilisent pas non plus de compléments alimentaires.
Pour arriver à cette situation, ils sont allés chercher des solutions techniques en Nouvelle-Zélande. En effet dans cette région du monde les éleveurs ne bénéficient pas d'aides comme la PAC et la nécessité de se dégager un revenu par eux-mêmes les pousse à trouver des solutions ingénieuses et économiques.
Une race rustique
La ferme conduit la race causses du Lot, c'est une race locale, rustique, haute sur pattes et donc particulièrement adapté au plein air dans son terroir d'origine. Les agneaux sont vendus sous l'IGP agneau fermier du Quercy.
Un cycle rapide
La Ferme de Fargues exploite donc la technique du technopâturage, un pâturage tournant dynamique poussé. Les cellules de pâturage choisies sont très petites, avec un chargement de l'ordre de 100 animaux pour 40 ares. De cette façon en 2 jours la parcelle est rasée, les brebis se précipitent sur le meilleur le premier jour et finissent ce qu'il reste le deuxième jour, sans pouvoir trier ce qu'elles préfèrent. « On les fait racler un peu » explique Agnès Delpech. Ce principe de base est cependant accéléré ou ralenti en fonction de la disponibilité de l'herbe et de la météo. Ainsi hors année exceptionnellement sèche, il y a toujours de l'herbe disponible quelque part sur l'exploitation. En matière de coût, ce système pâturant est environ 4 à 5 fois moins cher qu'avec de l'aliment stocké et des brebis en bergerie.
Une prairie multi-espèce
Les prairies de la ferme ne sont donc pas fauchées ni retournées. La technicité vient de la gestion fine du menu mis à disposition des animaux. C'est en se basant sur l'observation, les besoins des animaux et les résultats obtenus que les éleveurs choisissent les variétés à semer, en sursemis. Le maintien des variétés préexistantes permet en outre de conserver une bonne biodiversité et un stockage important du carbone dans le sol.
De la souplesse
Les différents lots d'animaux étant déplacés tous les jours ou presque, l'agilité est une composante essentielle du système. Les éleveurs ont abandonné le tracteur et opté pour le quad, y compris pour le semis. Ce véhicule permet de passer vraiment partout pour un coût d'achat et d'utilisation moindre. Leurs véhicules sont adaptés de façon à passer par-dessus les clôtures. Ils sont également équipés pour mettre en place rapidement des clôtures électriques mobiles (3 fils). Ce gain de temps peut ainsi être mis à profit pour les activités qu'ils ont choisies en diversification : gîte et vente directe.
Une généralisation ?
Pour les intervenants de la conférence, ce système, comme tous les systèmes, ne peut pas être adapté tel quel partout : il n'y a pas ou peu de retours d'expériences de pâturage tournant dynamique aussi poussé en élevage bovin notamment. L'abreuvement des animaux est une des contraintes les plus imposantes : il faut beaucoup d'abreuvoirs, ou des abreuvoirs mobiles, de quoi les déplacer et les alimenter. Le parcellaire de l'exploitation et l'accès à ses points d'eau déterminent donc grandement la mise en place d'un tel système.
Cette exploitation et son système ont fait l'objet d'un reportage de la chaîne Youtube de vulgarisation agronomique Oiseau bondissant : https://youtu.be/3cEtHA6kOGY