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Département : un budget plus facile à construire, plus consensuel aussi

Après déduction des compétences obligatoires et des engagements déjà pris, la péréquation nationale permet au Département de disposer de 5millions de marge de manœuvre.

Le budget “sérieux, consensuel et prudent” proposé par la majorité départementale a aussi séduit dans les rangs de l’opposition.
Le budget “sérieux, consensuel et prudent” proposé par la majorité départementale a aussi séduit dans les rangs de l’opposition.
© UC

D e l’aveu même du président, le budget du Département a été moins compliqué à bâtir pour 2020. Bruno Faure l’attribue à “une gestion saine conduite depuis des années” ; “des décisions difficiles qui portent leurs fruits” ; “des Départements qui ont su se fédérer autour d’une péréquation qui a dégagé de manière pérenne 5 millions d’euros au profit du Cantal”. De  quoi présenter aux conseillers départementaux, jeudi 19 et vendredi 20 décembre, un projet qualifié d’ambitieux mais sérieux. Après deux jours de débats, c’est effectivement quasiment le consensus autour du projet élaboré par la majorité : seulement deux abstentions, celles des élus socialistes Christiane Meyroneinc et Gérard Salat (représenté). Les élus du Rassemblement et ouverture pour le Cantal (Roc) et ceux du Groupe du rassemblement démocratique (GRD) ont voté le budget primitif proposé, ainsi que - et c’est une surprise - Alain Calmette, devenu LREM depuis qu’il soutient la politique conduite par le gouvernement Macron-Philippe.

Alain Calmette a voté le budget

L’élu d’Aurillac 3 vote le budget, certes, mais pas les yeux fermés. Avant de faire connaître sa position, celui qui fut longtemps chef de file de l’opposition de l’Assemblée départementale, souligne des points qui mériteraient, selon lui, d’être améliorés. Ainsi préfèrerait-il un budget voté en mars, période où les aides gouvernementales et autres compensations sont connues (ce qui n’est pas forcément le cas en décembre), “surtout quand on est à 100 000 € près...” ; il fustige l’aide accordée aux collèges privés ;  regrette un manque de prospectives sur des sujets comme le Lioran, la réorganisation des services publics, etc. ; conteste l’importance donnée à la chasse, à la fraude du RSA ; et surtout, condamne une gestion politique par la dramatisation, “cette façon qu’a l’exécutif de crier avant d’avoir mal pour se réjouir ensuite d’avoir surmonté la douleur”... Des sourires, de part et d’autres, sonnent comme un mea-culpa. Mais Alain Calmette choisit “une approbation critique plutôt qu’une abstention bienveillante”, persuadé qu’il faut, à l’image de la gouvernance nationale, sortir des clivages politiciens. Il reconnaît en outre que les critiques formulées par l’opposition départementale ont été entendues et certaines lignes amendées, tout en saluant aussi les efforts de bonne gestion réalisés par la majorité départementale. Il n’ignore rien du contexte difficile qui découle d’un volet social en croissance exponentiel (96 millions d’euros cette année) ou encore d’un pacte financier passé avec l’État - dit pacte de Cahors - à respecter. Alors il comprend les arbitrages proposés à l’heure où “la collectivité ne dispose que de 2,7 % de marge de manœuvre”.

Majorité, Roc, GRD aussi...

Lors de l’ouverture de la séance, le président Faure avait insisté sur cette capacité  d’agir de “seulement 5 millions d’euros”, soit effectivement moins de 3 %. Les élus de la majorité - pour le coup, sans surprise - ont salué la construction du budget primitif, notamment les vice-présidents qui ont relevé les points positifs dans leurs attributions : Sylvie Lachaize, soutenue par Jean-Antoine Moins, souligne tout l’intérêt de l’appel à projets qui se concrétise à travers l’ouverture effective ou très proche de cinq foyers de vie pour personnes handicapées ; Philippe Fabre se félicite d’un soutien accru en faveur de l’accès aux pratiques sportives ; Didier Achalme relève l’effort maintenu sur les routes, se réjouissant de l’ouverture le 6 janvier de la totalité du contournement de Saint-Flour... Du côté des radicaux (GRD), Michel Cabanes dit avoir été entendu sur les réserves qu’il avait émises quant aux subventions allouées pour l’équipement des associations et   attire à présent l’attention sur la rénovation de petits collèges ruraux. Céline Charriaud (Roc) vote un budget “sérieux, consensuel et prudent”, reprenant à son compte les propos du président. Elle regrette seulement que le fonctionnement de la ligne aérienne coûte si cher(1). Seul le tandem socialiste Salat-Meyroneinc s’est donc abstenu. “Sans désapprobation, mais avec l’idée que dans une démocratie, c’est bien de pouvoir se positionner différemment.” Pas unanimes, mais presque.

(1) Le Département verse 2,2 M€ ; une motion a été votée pour que l’interconsulaire, et notamment la CCI, contribuent de nouveau.


Où passe l'argent ?

E n 2020, le budget départemental disposera de 231 M€ de crédits, sachant que la compétence “transports” est reléguée à la Région. Plus de la moitié servira la solidarité sociale, notamment à travers les allocations individuelles qui incombent au Conseil départemental (Apa, RSA...). Pour 100 € dépensés par la collectivité, ces prestations pèsent 52,85 €(1) ; l’ouverture et la mobilité (voirie, ligne aérienne, etc.) 22,36 € ; les services, le cadre de vie et la jeunesse (collèges, déploiement numérique...) 17,70 € ; la solidarité territoriale (aide au finance-ment des projets communaux et intercommunaux) 5,47 € ; enfin, le soutien à l’emploi (dans lequel entre la convention agricole présentée par ailleurs) 1,89 €.En termes comptables, cela donne 96 M€ pour les politiques sociales ; 10 M€ pour le désenclavement ; 6 M€ pour la jeunesse, le sport et la culture ; près de 2 M€ pour le tourisme... En tout, ce sont cette année 47,5 M€ dépensés en investissement et 183,5 M€ en fonctionnement. La bonne nouvelleLe président insiste sur la nécessaire péréquation nationale : sans la contribution des Départements les plus riches, le résultat net n’aurait pas été de 3 millions positifs, mais de 2 millions négatifs... Une bonne nouvelle qui permet de donner un peu d’oxygène pour la culture amenée au plus près des territoires (+100 000 €), mais aussi en faveur du sport, du tourisme, de la mobilité douce, de l’accueil de nouveaux étudiants sur le site de l’IUT, ou encore de la reconquête démographique, par exemple.  (1) Soit 80 % du budget si on y ajoute la masse salariale, tous services confondus.

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