AG des JA
De nouveaux défis pour un revenu
À l’heure où les débats font rage sur le bilan de santé de la PAC, les jeunes agriculteurs
de la Creuse ont tenu le 19 mars dernier au lycée agricole d’Ahun leur assemblée générale en posant les bases de leur réflexion sur les nouveaux défis à relever pour constituer un revenu digne de ce nom.
Un véritable baptême du feu pour le nouveau et jeune président des jeunes agriculteurs, Christophe Alabergère qui officiait pour sa première assemblée générale en accueillant Jean-Bernard Sallat, administrateur national des JA. En cette période troublée par de nombreux événements syndicaux, le président et son équipe n’ont pas mis les deux pieds dans le même sabot au regard de l’actualité agricole : hausse des charges, FCO, revenu agricole, bilan de santé, de quoi occuper pleinement l’agenda des jeunes agriculteurs. Comme le soulignait le secrétaire général, Christian Arvis, dans son rapport d’activités « l’année 2008 aura été une année bien remplie avec des activités très diverses et variées, ce qui nous a conduit à être sur tous les fronts. » Mais l’essentiel de cette assemblée générale portait davantage sur ses orientations présentées par Stéphane Moreau, 1er vice-Président des JA, déclinées selon trois grands axes à savoir : les défis alimentaire, environnemental et économique.
Des défis à relever
Si le défi alimentaire reste l’un des axes prioritaires des jeunes agriculteurs, ils ont fait savoir que la production alimentaire allait devoir augmenter pour répondre aux besoins de l’accroissement de la population et qu’à ce titre le maintien des agriculteurs était une nécessité absolue, d’une part en raison de leur fonction de producteurs de produits alimentaires de qualité mais aussi considérant leur rôle indéniable « d’aménageur » de l’espace rural. Le second défi relève de l’environnement qui reste incontestablement une préoccupation majeure de notre société mais aussi du monde agricole. « Pour les agriculteurs, l’acte de production ne peut se dissocier de la sauvegarde du patrimoine environnemental » a souligné Stéphane Moreau avant d’ajouter qu’ « il doit répondre à diverses exigences comme la gestion de l’eau, la conservation des terres arables ou encore les OGM ».
Mais pour ce faire, la profession agricole a besoin d’une volonté politique pour relever ce défi à condition qu’elles disposent des moyens nécessaires. Le troisième défi soulevé par les JA reste bien le plus important avec la partie économique qui est directement liée au revenu des agriculteurs. À l’heure où les disparités sont de plus en plus nombreuses entre les différents secteurs de production, les JA attendent bien plus de « justice » selon les territoires, les types de productions et les structures d’exploitation. Si le revenu moyen d’un éleveur de viande bovine en 2006 se situait à 19 600 Euros selon les chiffres du ministère de l’agriculture, l’augmentation constante des charges conjuguée à la baisse des prix de la viande, ont plombé les revenus qui se situent aujourd’hui parmi les plus bas dans le palmarès des productions. Pour les JA, le prix des denrées payées aux producteurs ne doit pas être uniquement indexé sur les marchés, il doit intégrer les coûts de production afin de permettre aux agriculteurs de ne pas travailler à perte.
Divergences d’opinion
Le clou de l’après-midi fut les débats qui « opposaient » les jeunes agriculteurs aux élus creusois sur des questions pertinentes portant sur de multiples sujets. Ainsi, à la question sur les engagements qu’entendaient prendre les élus pour sauver notre agriculture afin que les éleveurs puissent en tirer un revenu, les réponses furent autant contradictoires les unes des autres entre les deux députés Jean Auclair et Michel Vergnier. Pour le député Jean Auclair, « le marché de la viande est très volatile et les aides sont une nécessité pour être compétitifs. Dans un marché de la viande bovine qui se restructure, certains pays jouent la carte du protectionnisme comme les Italiens qui privilégient leur viande. En ce qui concerne la consommation et pour répondre aux demandes des consommateurs, demain, on ne consommera plus que de la viande hachée car même les morceaux les plus nobles ne sont plus accessibles aux consommateurs ! ». Pour le député Michel Vergnier « les écarts entre les prix à la production et à la consommation doivent être révisés car aujourd’hui personne ne se doute des marges que réalise la grande distribution.
Il faut mieux répartir les plus-values et les agriculteurs doivent aussi avoir leur part. De plus, développer l’engraissement et aller même vers la quatrième transformation sont des axes de travail qu’il faut explorer ». Pour Olivier Bertrand, « nous sommes aujourd’hui dans un marché unique européen et de nouvelles dispositions doivent s’imposer pour offrir des règles communes à tous les pays de l’Union Européenne ».
Un débat vif et houleux, parfois à la limite du risible, donnait toute la saveur à ces divergences d’opinion. En guise de conclusion, le président Christophe Alabergère n'a pas manqué de rappeler que le projet des jeunes agriculteurs porte avant tout sur trois principes qui sont : des installations viables économiquement, vivables en favorisant la qualité de vie et de travail et des installations accompagnées pour aider les jeunes agriculteurs à débuter leur activité professionnelle dans les meilleures conditions et le plus sereinement possible durant les premières années. Armand Martinez