CONGRÈS DE LA FNSEA
Dacian Ciolos a défendu sa proposition devant un parterre de représentants syndic
Le congrès de la FNSEA s'est déroulé les 27 et 28 mars derniers à Montpellier. Retour sur quelques échanges marquants.
Convergence, verdissement, filets de sécurité, sont autant de thèmes sur lesquels les avis de Dacian Ciolos et de Xavier Beulin divergent. En revanche, le Commissaire européen en charge de l'agriculture et du développement rural et le président de la FNSEA sont d'accord sur un point : une incertitude plane encore sur le budget européen dédié à la Pac.
La Pac a besoin d’un budget fort
Dacian Ciolos l'a répété : «la Pac a besoin d'un budget fort». Il plaide en faveur d'un maintien du budget de la Pac. Mais il a ajouté : «Rien n'est gagné jusqu'à la décision finale». Suivant les rouages démocratiques européens, la proposition de la Commission européenne doit maintenant passer devant le conseil des chefs d'État et de gouvernement ainsi que devant le parlement avant d'être adoptée. La crise financière qui touche les États européens pourrait inciter certains États membres à revoir à la baisse le budget. Xavier Beulin a appelé à «une grande vigilance» sur ce sujet.
Devant un parterre de représentants agricoles appartenant à la FNSEA, Dacian Ciolos était venu défendre sa proposition de réforme de la Pac. De nationalité roumaine, ce n'était pas la première fois qu'il venait à Montpellier puisqu'il a fait ses études dans cette ville. «Il est important que la Pac soit plus ouverte à la capacité de compréhension du grand public», a-t-il insisté. Dans cette proposition, Xavier Beulin regrette que l’enjeu alimentaire mondial n'ait pas été suffisamment pris en compte. Selon lui, il est incontestable qu'il faudra produire plus pour satisfaire des besoins croissants, comme cela a été révélé lors du dernier G20 agricole.
La convergence européenne des aides au niveau national inquiète aussi le président de la FNSEA. «Nous aurons besoin d'un temps suffisamment long pour aller vers une convergence», a-t-il souligné. Selon lui, une première marche à 40 % n'est «pas supportable pour les agriculteurs français». Dacian Ciolos a précisé que de la flexibilité est laissée aux États membres. «On propose que les États membres définissent des régions homogènes», sur des bases agronomiques, économiques ou administratives.
Le verdissement de la Pac, qui représente 30 % du budget, ne satisfait pas non plus Xavier Beulin. Là encore, Dacian Ciolos a tenu à relativiser en rappelant que c'était «de l'argent qui reste pour les agriculteurs». Dans sa proposition, il est aussi exigé que 7% des terres arables soit dédiées à la conservation des haies, murets, des jachères, des bosquets ou à des parcelles présentant un intérêt écologique. Cela ne devrait pas poser de problème aux agriculteurs étant donné que, selon Dacian Ciolos, il existe encore en Europe 4 à 4,5 millions d'hectares non cultivés qui pourraient l’être. En proportion, le grignotage des terres agricoles par l'urbanisation serait une tendance bien plus dangereuse.
Enfin, concernant les filets de sécurité, Xavier Beulin a interpellé le commissaire européen. «Allons-nous subir les seules lois du marché ?» a-t-il questionné. Réponse de Dacian Ciolos : «Le renforcement des organisations interprofessionnelles et de producteurs est un premier pas, en donnant aux agriculteurs les moyens de travailler ensemble». Il a aussi mentionné les limites de l'action communautaire : «la solution est de plus en plus chez vous».
Dacian Ciolos a terminé son discours en citant Raymond Lacombe, figure historique du syndicalisme français. Une manière de conclure son intervention en faisant l'unanimité dans la salle.
Intervention du Massif central
La sécheresse comme fil conducteur
Bruno Gausson, président de la FRSEA Limousin, a représenté le Massif central lors du congrès de la FNSEA. Son discours a été marqué par un fil conducteur : la sécheresse.
Il a d'abord remercié tous les départements qui ont fait preuve de solidarité, notamment lors de la mise en place des opérations paille, qualifiées de «mobilisation nationale sans précédent».
Puis, il s'est évertué à rappeler que des solutions à long terme devaient être trouvées pour faire face au changement climatique. Et de détailler : «Nous avons décidé aujourd'hui de développer trois leviers d'action pour le Massif central : le maintien et l'évolution du fonds des calamités, le développement des cultures fourragères et une meilleure organisation de l’eau».
Bruno Gausson a demandé une évolution du fonds des calamités agricoles «pour être plus efficace et rester lisible auprès de nos adhérents». La réforme de la Pac paraît être une période propice à un changement de système.
«Le Massif central est malade de son autosuffisance fourragère ! a-t-il poursuivi. La requalification des prairies temporaires de plus de 5 ans en prairies permanentes, en 2010 par le ministre Bruno Lemaire a sclérosé le système fourrager de notre région». Le Massif central refuse d'être «la bonne conscience écologique» de la France. Surtout que les agriculteurs auront besoin, pour faire face au changement climatique, «de régénérer toutes les pairies retournables, de diversifier leurs assolements et de mettre en place de nouvelles cultures».
Le représentant du Massif central a enfin réclamé un triple A pour sa région : arroser, aménager, abreuver. Il souhaite stocker de l'eau, irriguer et drainer plus facilement les zones humides. «On en aurait d'autant plus besoin que la situation hydrologique est difficile: 2009 et 2010 étaient déjà sèches, 2011 a été une année de sécheresse record et 2012 s’annonce mal» a-t-il conclu.