Cultures : Comment contenir la rouille jaune sur céréales (blé et triticale) ?
Le service «cultures» de la Chambre d’Agriculture invite les agriculteurs à surveiller les attaques de rouille jaune sur leurs céréales et à agir en conséquence. Conseils…
Cette semaine les températures se situent entre 10 et 13°C avec beaucoup de vent. Ces conditions climatiques sont malheureusement idéales pour le développement de la rouille jaune, maladie récurrente ces dernières années, et déjà signalée sur blé et triticale dans le BSV(*) (Bulletin de santé du végétal) depuis quelques semaines.
Rouille jaune à surveiller cette semaine
Dans le cadre du BSV, 2 parcelles de triticale ainsi que 2 parcelles de blé ont été signalées, avec de la rouille jaune depuis plusieurs semaines. Bien que précoces, ces attaques ne sont pas surprenantes compte tenu de «l’hiver» doux de cette année. De plus les conditions actuelles sont très favorables à la dissémination. En effet, la germination des spores s’effectue lorsque les températures sont comprises entre 10 et 13°C. Les spores sont disséminées principalement par le vent. Ce qui est le cas toute la semaine.La nuisibilité de cette maladie peut être importante aussi bien pour le rendement grain que pour le rendement paille. C’est pourquoi il est important de ne pas se laisser dépasser !
Des variétés à surveiller
Le premier moyen de lutte contre la rouille jaune est de choisir des variétés résistantes à cette maladie. Il faut donc surveiller particulièrement les variétés sensibles selon les espèces, en blé : Midas, Altigo, Pirineo, Ephoros, et en triticale : Kaulos, Tarzan, Constant, Talentro.À noter, le contournement variétal peut être rapide suite à l’évolution des souches de rouille jaune. Il est important de surveiller l’ensemble des variétés. Sur certaines variétés, la mise en place de la résistance ne s’effectue qu’à partir de 2 nœuds (ne pas intervenir trop vite donc).
Lutte chimique pas chère
La lutte chimique ne présente pas de difficulté particulière. De nombreuses matières actives sont efficaces ; il faut donc faire au moins cher.Compte tenu du prix du blé et de la nuisibilité des maladies, Arvalis a établi une enveloppe fongicide pour être au plus proche de l’optimum économique (Voir tableau bas de page). Cette enveloppe fongicide doit donc se situer autour de 40 € et pas plus ! D’autant plus que, pour les zones d’altitudes, la seule véritable maladie à surveiller est la rouille jaune. Les autres maladies (septoriose, fusariose, rouille brune) ne sont que secondaires et très peu nuisibles ! C’est pour cela qu’en l’absence de rouille jaune, les impasses de fongicides sont largement justifiées. Il est inutile d’intervenir en préventif sur la rouille jaune. Prenez le temps de bien observer des pustules sur les feuilles et non pas un simple jaunissement qui peut être dû à autre chose. Le prix doit également conditionner le choix du produit.Malheureusement si l’attaque est précoce (entre 1 et 2 nœuds), on ne pourra pas attendre la dernière feuille étalée ; il faudra donc intervenir avant pour ne pas impacter les rendements grains et paille ! (Voir tableau de préconisation).Si les attaques sont précoces, intervenir 2 fois soit : Balmora 0.5 l (entre 1 et 2 nœuds en fonction de la pression) puis Opus ou Abacus à DFE. Si les attaques sont tardives, intervenir 1 fois soit : Balmora 0.5 l + Amistar 0.3 l ou Opus 0.4 l + Amistar 0.3 l ou Abacus 0.8 l.Notons que l’ajout d’une strobilurine permet de gagner en rémanence. En zones d’altitude (compte tenu de la pression maladie qui se résume à de la rouille jaune) l’utilisation d’une SDHI (Viverda, Aviator X-pro, Librax, Adxar…) ne semble pas justifiée.Opus étant classé T il n’est plus mélangeable !
Protection fongicide pour l’orge
Pour le moment, sur les orges, la pression maladie n’est pas phénoménale. Une intervention pourra s’envisager à dernière feuille étalée si la pression helminthosporiose et/ou rhynchosporiose s’accentue. Pour le moment, il n’est pas nécessaire d’intervenir. Les jaunissements étant dus à des «faim» d’azote qui se sont bien atténuées ces derniers jours.
Samuel Rello
Chambre d’Agriculture