Crise de l’élevage : Plus de 500 agriculteurs ont bloqué les grands axes du département
En Haute-Loire comme un peu partout en France, les agriculteurs étaient sur
les routes pour dénoncer la crise dans laquelle ils s’enlisent.
Depuis quelques jours déjà, les lignes téléphoniques de la FDSEA de Haute-Loire sonnaient sans arrêts ; les responsables locaux s’impatientaient poussés par les adhérents prêts à passer à l’action. La chute des prix dans nombre de productions, des charges toujours plus lourdes, des contraintes administratives omniprésentes et par dessus le marché, une importante sécheresse : la coupe est pleine. Les agriculteurs veulent réagir et se faire entendre.
Dans le nord et l’ouest de la France, des actions syndicales étaient en place depuis deux jours. En Haute-Loire, différentes actions ont été menées dans les cantons depuis mi-juillet et notamment envers les GMS (voir édition précédente). Puis dès mardi dernier, tout s’est accéléré. Canton par canton, des barrages ont été installés sur les principaux axes qui traversent le département, en particulier la RN88 (blocage mercredi 22 toute la journée) puis vers la Sauvetat, Retournac, Brioude où l’autoroute A75 a été bloquée dès le 22 au soir. Tôt le matin du jeudi 23, quel-ques tracteurs sont entrés au Puy-en-Velay déversant du fumier devant la préfecture et des actions dures envers la GMS ont été menées sur le Brivadois, Langeac et l’Yssingelais.
Blocage du Puy
Et à partir de 9h30, les agriculteurs de la FDSEA et des JA se sont regroupés à toutes les entrées du Puy, dans les ronds-points des Fangeas (entrée sud), de Chaspuzac et de Coubladour (entrée ouest), arrivée de la RN88 à La petite Mer (entrée est) pour dévier toute la circulation sur la ville du Puy. Ils étaient également au Marcet sur la RN102, et toujours sur l’autoroute A75.
C’est donc un mouvement de masse qui s’est installé pour la journée avec des éleveurs déterminés.
Alors bien sûr, on peut se demander pourquoi maintenir les barrages, voire en installer d’autres, alors que mercredi en début d’après-midi, le Gouvernement a présenté un Plan d’urgence avec à la clé 600 millions d’euros. «Nous voulons des prix, pas des aides» répondent avec fermeté les manifestants. Restructuration de dettes, allègements de charges, exonérations de la Taxe sur le foncier non bâti (TFNB), reports de cotisations MSA, reports de l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés ou encore remboursement anticipé de TVA… sont autant de «mesures que le gouvernement ressort à chaque crise mais qui ne résolvent en rien le problème de fond qui paralyse aujourd’hui l’agriculture en France» analyse Maurice Imbert responsable syndical sur le secteur de Loudes. Pour lui, ces mesures ne sont pas adaptées à la crise ; des reports, des prêts garantis… nous ne pouvons plus continuer à nous endetter» . Pour ce responsable, le malaise est profond : «nous sommes face à une crise structurelle. Ce que nous voulons c’est retrouver de la compétitivité». Un autre manifestant va plus loin et demande au Gouvernement, aux élus, aux consommateurs de se poser la question, avec les agriculteurs bien sûr : «qu’est-ce qu’on veut faire de l’agriculture en France ?».
Aujourd’hui, les éleveurs sont amers, ils sont déçus, ils sont au pied du mur, mais ils refusent de lâcher. Et c’est pour cela que le mouvement semble prendre de l’ampleur.
À suivre…
Suzanne Marion