Crise agricole : Des réponses pour le court terme, et toujours l’urgence de retrouver des prix
La FDSEA et les JA de Haute-Loire dressent le bilan des dernières mobilisations conduites à Paris et Bruxelles et livrent leur stratégie d’action pour les semaines à venir.
Le 11 septembre, quelques jours après les mobilisations massives organisées à Paris et Bruxelles, la FDSEA et les JA de Haute-Loire ont rassemblé la presse locale pour dresser le bilan des actions conduites et envisager la suite.
Une crise du modèle alimentaire
Le président de la FDSEA, Yannick Fialip a ouvert ce temps d’échange par quelques précisions d’ordre sémantique importantes : «La crise du monde agricole n’est pas une crise du modèle agricole mais une crise du modèle alimentaire français et européen». Il pointe du doigt la logique actuelle des bas prix. «En France, comme en Europe, la dépense alimentaire des ménages est bien plus faible que sur les autres continents, à niveau de vie comparable. Sur 100 e de dépenses, seuls 8 à 10 e sont réservés à l’alimentation contre 20 à 30 e sur d’autres continents. A cette logique de bas prix, s’ajoutent tous les standards de qualité alimentaire, environnemental et social qui font partie des plus contraignants au monde. Les agriculteurs ne peuvent plus continuer dans cette logique !».Les dernières mobilisations des agriculteurs visaient à dénoncer cette logique auprès des consommateurs et du gouvernement, à Paris comme à Bruxelles.Mais il s’agissait aussi de résoudre le problème de revenu des agriculteurs via un plan d’urgence ; plan qui a été annoncé par le gouvernement suite à l’action du syndicalisme majoritaire. Le dispositif prévoit, entre autres, 3 grandes mesures qui vont apporter une bouffée d’oxygène dans les exploitations les plus en difficulté : la prise en charge des intérêts d’emprunt 2015, une année blanche avec le report total des annuités 2015 en fin de tableau et enfin la possibilité de réduire fortement ses cotisations sociales et fiscales sur 2016. A ces 3 mesures s’ajoutent la diminution des cotisations d’assurance maladie et des efforts consentis par l’état dans le cadre du plan de modernisation des bâtiments d’élevage.
Remontée des prix : aucune avancée
Si la mobilisation des agriculteurs a débouché sur la mise en place d’un plan d’urgence, elle n’a en revanche pas permis d’obtenir d’avancée sur la remontée des prix.«Nous sommes restés sur notre faim face au gouvernement français comme à l’Europe» indiquent le président de la FDSEA et le responsable lait JA, Nicolas Merle, qui entendent poursuivre leur travail sur ce point particulier.La FDSEA-JA va mettre sous contrôle les acteurs des filières lait, viande et porc, afin de vérifier si les engagements pris sur une remontée des prix, par les entreprises et la grande distribution, ont bien été appliqués. La FDSEA-JA conduira des actions auprès de tous les acteurs qui ne respectent pas leurs engagements.«L’activité de chaque agriculteur génère l’emploi de nombreuses personnes. Or, nos dettes fournisseurs s’allongent. Si les prix n’augmentent pas, les répercussions risquent d’être lourdes. Le premier ministre a mis en place un plan d’urgence qui nous aide sur les 6 prochains mois mais à plus long terme, il faudra trouver des prix» souligne Nicolas Merle.
«Produire français pour manger français»
Autre dossier sur lequel le syndicalisme majoritaire compte s’investir : la restauration. C’est avec le slogan «Produire français pour manger français» que les agriculteurs comptent, dans un premier temps, interpeller les candidats aux élections régionales ; «nous allons proposer aux candidats de s’engager, à travers la signature d’une charte, à acheter exclusivement des produits régionaux ou français pour les restaurants des lycées dont ils seront responsables» indique Yannick Fialip.La profession agricole a enfin un travail à plus long terme à conduire auprès de la commission européenne. L’absence du commissaire européen à l’agriculture, Phil Hogan, lors de la mobilisation agricole du 7 septembre à Bruxelles est vécue comme une provocation par les agriculteurs. Pour Yannick Fialip : «L’agriculture a été le ciment du projet européen durant 50 ans et l’on détruit tout cela aujourd’hui. C’est pourquoi, nous allons faire des propositions à la commission européenne et nous comptons également interpeller les parlementaires européens».Vous l’aurez compris, les agriculteurs restent donc plus que jamais mobilisés pour demander à l’état français de s’engager plus fortement et à l’Europe de prendre les bonnes décisions.
Véronique Gruber