Milieux aquatiques
Cormoran, un danger pour les espèces aquacoles ?
Le Cormoran s'est installé durablement en Auvergne, colonisant tous ses départements faisant naître une concurrence entre espèces protégées.
Le Cormoran s'est installé durablement en Auvergne, colonisant tous ses départements faisant naître une concurrence entre espèces protégées.
Le Grand Cormoran est un oiseau de la famille des palmipèdes au plumage noir. Plongeur aguerri, il se nourrit exclusivement de poissons en tout genre qu'il pêche à l'aide de son puissant bec crocheté. En 1979, devant la chute de sa population, il devient une espèce protégée interdisant sa chasse ainsi que les tirs de régulations. Ses effectifs ne cessent de croître (11 000 couples sur le territoire, soit une progression de 16 % depuis 2018 – source FNPF) et il est possible de l'observer partout en Auvergne. D'après le recensement national des grands cormorans nicheurs en France en 2021, 19 couples ont été dénombrés dans le Puy-de-Dôme et un seul dans l'Allier. Une victoire pour ses défenseurs. Un sujet de questionnements pour la fédération nationale de la pêche (FNPF) qui œuvre également à la préservation des milieux aquatiques.
« Le cormoran ne doit pas se développer au détriment d'autres espèces aquatiques, elles aussi protégées » souligne Luc Bortoli, responsable de développement à la fédération de la pêche du Puy-de-Dôme.
Oiseau ou poisson ? Le choix impossible
Les pêcheurs puydômois témoignent observer des cormorans depuis plus de 15 ans. « Ils s'installent à proximité des milieux aquatiques. Cela peut-être aussi bien une rivière qu'un étang » explique Luc Bortoli. Les habitudes alimentaires de ce grand oiseau inquiètent les pêcheurs.
« Le cormoran consomme tous les poissons, sans distinction. Il va donc consommer des espèces patrimoniales comme l'omble commun, le brochet, des saumons juvéniles ou encore des truites dont les populations sont déjà fragiles. »
Le phénomène inquiète d'autant plus qu'il est impossible d'évaluer l'impact de l'animal protégé par la Directive Oiseau, tant les populations piscicoles sont sujettes à de multiples facteurs. « Comment dire si la baisse d'une espèce est due au cormoran ou à la pollution ou à la sécheresse ? »
La question de la régulation
Le cormoran faisait l'objet d'une procédure de régulation pour les piscicultures mais aussi pour les eaux libres, dont le quota triennal départemental était défini par le ministère de la Transition écologique. Les arrêtés ont été suspendus suite aux recours départementaux déposés par la LPO (Ligue de Protection des Oiseau). Depuis, le ministère n'a pas reconduit les autorisations de tirs de régulation du cormoran sur les eaux libres pour la période 2022-2025. L'oiseau peut être tiré uniquement sur des plans d'eau, des lacs et étangs. À condition qu'aucun ruisseau ne se jete dedans. « Par exemple, sur le barrage des Fades (63) c'est interdit puisque des eaux vives rentrent dedans » explique Luc Bortoli.
Dès la suspension de l'arrêté, la FNPF a attaqué cette décision et séquestre la Redevance Milieux Aquatiques versée par les pêcheurs (montant approximatif de 8 millions d’euros) et le règlement des baux de pêche publics.
Contactée, la LPO Auvergne n'a pas souhaité nous répondre.