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Coopaca : « Redistribuer les bénéfices et conforter les filières »

L’Assemblée générale de la coopérative s’est tenue à Jaligny-sur-Besbre, le jeudi 9 décembre.

Jeudi 9 décembre, à la salle socio-culturelle de Jaligny, devant un comité réduit en raison de la Covid, Jérome Vandewalle, Président et Yves Courrier, Directeur, ont présenté l’assemblée générale de Coopaca. Avec une collecte 2020 totale de 152 000 tonnes de céréales, stockage à façon inclus, et un chiffre d’affaires de 62 millions d’euros, la coopérative réalise un bel exercice malgré les mauvaises conditions météorologiques. L’objectif de vendre 50% de blés en filière qualité est atteint, et les activités d’approvisionnement agricole et d’aliments du bétail sont en hausse. Les investissements principaux concernent un parc de trackers photovoltaïques, qui permet à Coopaca d’affirmer sa démarche RSE, et la mise en service du nouveau silo de Saint-Martin-des-Lais. Ce silo est primordial pour loger la collecte 2021, qui devrait dépasser les 200 000 tonnes, avec un record des rendements en maïs. Pour intervenir sur la volatilité et la disponibilité des intrants agricoles, la direction a sollicité l’intervention de Christophe Pouligon, responsable des achats Ucal. Il a fait le point sur les actions menées par l’union d’approvisionnement Area pour faire face à la flambée des prix de l’énergie et des matières premières et aux possibles pénuries d’engrais et de produits de protection des plantes.

COVID, inflation, pénuries et contraintes sanitaires

Ce jeudi 9 décembre, à la salle socio-culturelle de Jaligny, Jérome Vandewalle ouvre l’assemblée 2021, dont l’organisation est restreinte par les conditions sanitaires. Une cinquantaine de présents ont fait le déplacement, et ont pu participer aux votes. Le fait d’annuler les festivités autour de cette réunion est une conséquence regrettable de la Covid. Mais c’est une autre conséquence qui inquiète Jérome Vandewalle : l’inflation, avec ses corollaires que sont les risques de pénurie des engrais et des produits de soins des plantes.

Yves Courrier, Directeur, commence par rendre hommage aux adhérents agriculteurs et aux salariés de Coopaca : « Quand, en plein confinement, la France s’est arrêtée, la première préoccupation du gouvernement a été de nourrir les français, et Coopaca a rempli sa mission, particulièrement l’approvisionnement des moulins pour la production de farine et de pain ». Il exprime notamment son soutien aux silotiers qui, après la crise Covid, et après une moisson de blé 2021 extrêmement laborieuse du fait de la qualité, gèrent une moisson de maïs particulièrement complexe et abondante.

Egalim, la multiplication des contraintes économiques et réglementaires

Yves Courrier fait ensuite le point sur les grands thèmes de l’année 2020 – 2021. L’un des faits marquants est la mise en application de la Loi Égalim, avec pour objectif du gouvernement la baisse de la consommation des produits phytosanitaires. Deux grands volets concernent la coopérative : la suppression des 3R (rabais, ristournes, remises) et l’entrée en vigueur de la séparation entre le conseil et la vente. La coopérative a fait le choix de la vente. Yves Courrier précise : « Pour assurer le conseil stratégique obligatoire avant fin 2023, les coopératives de l’Ucal ont décidé de mettre en avant les organismes départementaux (Chambre d’agriculture et Cerfrance) pour leur ancrage dans notre territoire et leur connaissance de nos filières ».

Communication, un levier à activer

Le directeur évoque ensuite le lancement de la nouvelle promotion Atout Jeunes, qui permet d’ouvrir des perspectives à de jeunes agriculteurs susceptibles de prendre des responsabilités au sein des coopératives. Puis, il fait un clin d’oeil à FranceAgriTwittos, dont le président est Denis Beauchamp, le responsable commercialisation de l’Ucal : « Je constate, depuis la crise Covid, une baisse notable de l’agribashing, mais toutes les actions de communication positives sur l’agriculture sont à encourager ». Il lui cède la parole pour la présentation de l’activité céréales.

Céréales, les campagnes se suivent et ne se ressemblent pas

Denis Beauchamp, responsable commercialisation explique : « La collecte 2020 était la plus mauvaise collecte depuis 10 ans, avec 152 000 tonnes de céréales, stockage à façon inclus ». Un fait marquant est la chute des volumes de colza (-78%) en lien avec les conditions climatiques. En revanche, la collecte 2021 s’oriente vers une collecte record autour de 200 000 tonnes en comptant le stockage à façon pour les adhérents. Yves Courrier souligne :

« Pour le stockage des blés de la récolte 2021, les nouvelles capacités de stockage ont été salutaires, notamment celles du nouveau silo de Saint-Martin-des-Lais. C’est un challenge de commercialiser une telle quantité de céréales, et il a fallu trouver de nouveaux débouchés, notamment en maïs pour surmonter la perte d’un client majeur du secteur de l’amidonnerie ». Le débouché des blés reste majoritairement en blé meunier, vers la France, l’Italie et en plus faible proportion vers l’Espagne. La coopérative est fière d’annoncer à ses adhérents une vraie réussite, avec la montée en gamme des blés : Coopaca a dépassé l’objectif de 50 % de la récolte de blé en filière qualité, qui permet une rémunération des producteurs plus élevée. Plus globalement, les prix payés aux producteurs sont en hausse de plus de 10 %, quelle que soit la production.

Augmentation d’activité pour les intrants agricoles et offre de services

Hubert Souchon présente l’activité approvisionnement, marquée par un chiffre d’affaires record de près de 33 millions d’euros. Ce chiffre s’explique par une augmentation des volumes de fertilisants, notamment avec le développement des engrais de mélanges fabriqués sur le site de Treteau. Toutes les familles, aliments du bétail, produits de santé de plantes, prestations de service… participent à ce bon résultat. Le responsable approvisionnement présente également les services apportés aux adhérents, avec, en nouveauté, le pilotage de l’irrigation grâce à des sondes capacitives connectées. Il profite de cette intervention pour inviter les adhérents à la plate-forme agronomique sur les fourragères, animée par Loire-Auvergne-Agro, qui se déroulera en mai 2022.

Corinne Jonard, responsable comptabilité, a détaillé les comptes de la coopérative, qui ont été validés par les commissaires aux comptes, Jean-Baptiste Girard représentant le cabinet ACA, et François Hospital, représentant le cabinet MBA. L’assemblée générale a voté une ristourne de 2,5% du chiffre d’affaires approvisionnement, redistribuée aux adhérents.

Bel exercice pour l’ensemble du groupe

Corinne Jonard a souligné le très bon résultat du groupe, avec, notamment, la dynamique de la filiale alimentation du bétail Atrial, dont le résultat dépasse le million d’euros. La filiale Guichard présente un très bon niveau de résultat, et prépare la passation de pouvoir à Jean-Philippe Merle, qui prend la suite de Patrice Bouillet à la tête de cette filiale située en Saône et Loire. Ucal Nature et Jardin également a connu une progression record, bénéficiant de l’effet confinement, avec 50 000 visiteurs de plus pendant la période Covid. Les enseignes Gamm Vert, Bardin et Animal.coop font un très bel exercice. Ces enseignes jouent un rôle important dans le maintien d’une activité dans les zones rurales.

Les charges de fonctionnement et investissements en hausse

Les charges de fonctionnement sont en hausse, en lien avec l’activité globale, mais également liées au programme d’entretien et de réparation : rénovation de l’embranchement train de Varennes, aménagement de plate-forme de Saint-Léon, mise en place d’une unité de tamisage granulation, mise en place d’un transporteur de vidange gravitaire dans le bâtiment cathédrale de Varennes-sur-Allier. Coopaca met à profit sa santé économique pour maintenir un outil de travail performant et améliorer la qualité et les conditions de travail.

La construction du silo de Saint-Martin-des-Lais avait pris du retard avec les confinements liés à la Covid. Il a été mis en service en avril 2021. Ce silo, bio-compatible, devait être suffisant pour loger, en année normale, la récolte de céréales, oléagineux et maïs de la zone. En effet, les stockages précaires sont incompatibles avec une bonne qualité de conservation et à la gestion des filières. Les cellules neuves ont rapidement été saturées avec l’abondance de la récolte 2021. Ces capacités représentent cependant un budget très correct rapporté à la tonne de céréales logées.

Le parc de trackers photovoltaïques permet à Coopaca d’affirmer sa démarche RSE par la production et la consommation d’énergie renouvelable. Situés sur le terrain du silo de Treteau, ils alimentent une partie du réseau avec l’électricité produite. L’autoconsommation peut être totale ou partielle : si les panneaux solaires produisent plus d’énergie que les installations n’en utilisent, Coopaca revend l’énergie non utilisée.

Ucal Protéines en bonne voie

Après la projection du timelapse du chantier Ucal Protéines, Jérome Vandewalle a rappelé les enjeux de ce projet ambitieux de trituration. L’usine répond à grand nombre de problématiques auxquelles le consommateur est très sensible : local, français, avec un bilan carbone filière faible… Dans le contexte actuel des matières premières, ou le prix des huiles a doublé, les prévisionnels sont nettement positifs. Denis Beauchamp aura la responsabilité de la commercialisation des tourteaux, des huiles alimentaires ou destinées aux biocarburants et l’alimentation animale.

Rendez-vous est donné en 2022 pour le démarrage industriel de cette usine, pour lequel le recrutement est en cours : il reste trois postes d’opérateur à pourvoir sur cet outil innovant et moderne, avec un contrat CDI en 5x8 présentant de nombreux avantages.

Les approvisionnements dans la tourmente de l’après-Covid

La direction a sollicité l’intervention de Christophe Pouligon, en tant qu’expert des marchés. Il a détaillé les évolutions actuelles des marchés de l’énergie, des fertilisants et globalement de tous les intrants agricoles. L’approvisionnement des coopératives de l’Ucal est réalisé au travers de l’union d’approvisionnement Area, qui couvre 34 départements sur la moitié Est de la France.

Parmi les challenges pour faire face à la flambée des prix et aux pénuries d’engrais et de produits de protection des plantes : l’anticipation et le stockage en amont. Concernant l’anticipation, les équipes d’experts veillent sur les informations stratégiques et les plans d’approvisionnements afin d’assurer d’anticiper les commandes.

Concernant le stockage en amont, Christophe Pouligon a clarifié les leviers disponibles pour les coopératives de l’Ucal, notamment en portuaire pour faciliter les transactions à l’export. Il a souligné l’importance, pour chaque agriculteur, de bien planifier ses approvisionnements, d’anticiper ses commandes et de récupérer sans délais les marchandises dès que leur disponibilité est confirmée.

Rencontre avec Yves Courrier, directeur de Coopaca

Une assemblée générale qui permet de faire le point sur la récolte 2020 et le bilan des activités de la structure entre le 1er juillet 2020 et le 30 juin 2021. Quels enseignements faites-vous après la communication des chiffres présentés ?

Yves Courrier : Nous pouvons mettre en évidence deux faits marquants. Le premier, bien évidemment, est la crise sanitaire de la Covid-19. Suite aux confinements des mois d’avril et d’octobre 2020 et à la demande des pouvoirs publics, nous avons maintenu notre activité. Du côté des agriculteurs, leurs outils coopératifs ont permis de relever ce défi. Leur première préoccupation était de permettre d’alimenter la population française. Chaque citoyen a alors redécouvert l’agriculture comme un secteur essentiel de l’économie du pays. Nous avons rempli notre rôle, ni plus ni moins, en approvisionnant le secteur de l’agroalimentaire, les meuniers et l’amidonnerie. Nous avons su mettre les protocoles en place et éviter la propagation du virus. À ce propos, nous n’avons enregistré que cinq cas positifs à la Covid-19 sur un effectif de 67 salariés. Le second fait a été la sécheresse et ses effets importants sur la collecte 2020 qui n’a comptabilisé qu’environ 150 000 tonnes alors qu’une collecte normale sur notre zone statutaire évolue entre 170 et 180 000 tonnes. La production de maïs a été la plus impactée par le phénomène. Néanmoins, les stocks conséquents de la saison précédente ont permis de commercialiser des volumes à peu près dans la normale et, ainsi, palier cette récolte plus faible. Une récolte où nous avons également dépassé les 50 % en filière. Cela concerne les blés de la filière française CRC et Barilla ainsi que la charte de production française. Nous sommes fournisseurs exclusifs des moulins Barilla.

 

Des filières auxquelles adhèrent vos coopérateurs ?

Y. C : L’objectif des 50 %, nous nous l’étions fixé il y a environ quatre ans. Nous sommes parmi les coopératives françaises ayant une véritable particularité à développer ces filières rémunératrices au niveau de la production de blé. Cependant, ces filières ont des contraintes et nous ne pouvons pas les implanter partout. Nous sommes, je le pense, sur un palier que nous souhaitons consolider avant d’envisager une augmentation des surfaces dédiées et des objectifs plus ambitieux.

 

Qu’en est-il de l’activité « approvisionnements » ?

Y. C : Elle a été plutôt soutenue quant aux aliments à destination du bétail. Une situation qui s’explique avec des épisodes de sécheresse importants. Nous avoisinons les 40 000 tonnes. Une situation plutôt stable par rapport à l’exercice précédent. Du côté des engrais, nous avons battu le record des ventes. Là aussi, cela s’explique par des besoins en fumures de fond sur les exploitations.

 

La situation financière est plutôt confortable pour Coopaca ?

Y. C : Oui, une activité qui est plutôt très bonne avec un chiffre d’affaires de 63 millions d’euros. Un chiffre en hausse par rapport à l’an passé qui était de 61 millions d’euros. Nous en sortons un résultat correct de 900 000 euros. Les membres du Conseil d’administration ont donc proposé de redistribuer 2.5% de ce résultat, sur le chiffre d’affaires approvisionnement, après accord de l’Assemblée générale, ce qui représente 550 000 euros. Depuis cinq ans, nous sommes dans une politique de redistribution auprès de nos 1100 adhérents.

 

Comment se profile la récolte 2021 ?

Y. C : La récolte 2021 devrait, elle, être assez exceptionnelle suite à une météo plus favorable en termes de rendement mais pas forcément en ce qui concerne la qualité. Cette saison a été surtout propice au maïs. Nous devrions dépasser les 200 000 tonnes, un record que nous détenions depuis 2014. Et, paradoxalement, heureusement que nous avons épuisé les stocks l’an passé pour pouvoir assurer les suivants. À ce propos, nous avons déjà 8 000 tonnes de maïs en extérieur et 15 000 tonnes de stockées sur des sites précaires.

 

Suite à la loi EGalim, Coopaca a choisi la vente des produits phytosanitaires plutôt que le conseil. La transition s’est-elle effectuée sans difficulté ?

Y. C : Attention, nous devons tout de même assurer l’information en ce qui concerne l’utilisation du produit pour l’employer en toute sécurité. Même si l’échéance, pour les exploitants, est fixée à la fin de l’année 2023, l’adaptation ne se fait pas aussi vite. Certains organismes doivent, d’ici là, s’organiser pour proposer ce conseil stratégique qui deviendra obligatoire. Nous resterons neutres, mais, en cas de sollicitation de nos adhérents, nous orienterons vers ceux qui ont le mérite de bien connaître notre territoire et nos filières.

 

Quelles sont les perspectives des prochaines années chez Coopaca ?

Y. C : Comme je l’ai dit précédemment, nous consoliderons nos filières tout en améliorant encore la valorisation.

Au sujet de notre nouveau silo, à Saint-Martin-de-Lais et ses 14 000 tonnes de stockage, il a montré toute son utilité cette année, avec la récolte 2021. Un investissement qui avait été décrié en 2020 et qui était considéré comme démesuré. La réalité en a prouvé le contraire !

C’est aussi concrétiser notre projet protéines Ucal, à Varennes-sur-Allier. La construction de l’usine a démarré depuis le mois d’août. Un projet de 9.5 millions d’euros que nous portons depuis quatre ans. Nous mettons le pied dans le monde de l’industrie avec un site qui fonctionnera 330 jours par an, 24h/24h avec 5 à 6 salariés en 5/8. Nous portons de grands espoirs en termes de valorisation des graines oléagineuses et légumineuses, comme le soja, qui seront transformées et triturées. Son plein fonctionnement sera effectif en mai ou juin 2022. Nous ne faisons, toutefois, aucune promesse pour le moment, soyons prudent !

 

 

 

Propos recueillis par Sébastien Joly

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