FDSEA
Contractualiser pour être acteur de son avenir
Réunie en congrès le 23 mars dernier, la FDSEA de Haute-Loire a orienté ses interventions et ses échanges sur la loi Égalim 2
et la contractualisation en filière lait.
Réunie en congrès le 23 mars dernier, la FDSEA de Haute-Loire a orienté ses interventions et ses échanges sur la loi Égalim 2
et la contractualisation en filière lait.
Après une matinée en huis clos réservée aux adhérents, pour dresser le bilan des activités des 13 sections spécialisées de la FDSEA de Haute-Loire (voir en page 05) et pour présenter le rapport d'activités de l'exercice 2021 du syndicat, l'après-midi était consacrée aux échanges sur les sujets d'actualité plus précisément orientés sur Égalim 2 et la contractualisation laitière. Pour aborder cette thématique, la FDSEA avait organisé une table ronde intitulée "Laits EGA ou quelle application de la loi Égalim 2 pour la production laitière ?" animée par la directrice Anne Rogues. Pour entrer au coeur de la problématique, le syndicat avait convié 4 intervenants : Daniel Perrin, secrétaire général de la FNPL, Jean-Yves Ayel, président de l'AP CFVA, Damien Garnier, administrateur Sodiaal Massif central et Jean-Julien Deygas, président de l'OP Gérentes.
Hausse des prix : un jeu de dupes
La problématique des prix aux producteurs et des coûts de production étaient au coeur des discussions. Si Damien Garnier constate que les prix aux producteurs de lait n'ont pas évolué sur 10 ans, tout comme ceux des autres produits alimentaires, sa coopérative Sodiaal se tourne aujourd'hui en direction des distributeurs pour demander du prix.
"La pression syndicale auprès des GMS a permis d'obtenir des hausses de prix. Mais le deuxième round consiste à aller chercher, auprès des transformateurs, ces hausses qu'ils ont obtenues de la part des GMS" explique Daniel Perrin qui dénonce un jeu de dupes. "Nous avons la chance d'être dans un pays où l'on peut augmenter la production. Nous avons investi ; quel dommage que la filière ne soit pas à la hauteur des ambitions de ses producteurs !". Malgré tout, ce responsable professionnel souligne la nécessité "d'avancer ensemble pour sauver cette filière et rémunérer nos producteurs".
Croire en Égalim
Or pour protéger la rémunération des agriculteurs, la loi égalim 2 a mis en place la contractualisation obligatoire. "C'est un outil mais qui ne met pas à l'abri de tout" signale Daniel Perrin qui fait allusion aux crises subies par la filière alors que des contrats étaient déjà en place avant Égalim 2. Et de prévenir : "Contractualiser, ça veut dire vendre au prix du contrat et non pas au meilleur prix !". "La contractualisation permet de prendre en compte des coûts de production et a le mérite de démarrer une discussion entre producteur et acheteur" a souligné Jean-Julien Deygas qui en profite pour dévoiler ce qui fait la force de l'entreprise Gérentes et qui lui permet de valoriser le prix du lait : il s'agit de la vente d'une partie de la production (20% des volumes) en vente directe dans ses propres magasins.
Pour Jean-Yves Ayel, la contractualisation est "un nouvel état d'esprit et un merveilleux défi. Grâce à cet outil, les producteurs sont aujourd'hui acteurs de leur avenir" avant de prévenir : "Tout n'est pas possible. Dans le cadre d'un contrat, il faut aussi tenir compte de son partenaire".
Du côté de Sodiaal, on croit à Égalim : "Il est important d'y croire car on a de la valeur à chercher pour les exploitations et d'autre part, la société doit se préparer à ce que les prix à la consommation augmentent" précise Damien Garnier.
Quant à Daniel Perrin, il se montre résolument positif sur ce dossier en affirmant que Égalim 1 avait déjà amené un peu plus de 20 €/1000L supplémentaires aux éleveurs avant d'ajouter que le travail conduit par la FNSEA et son réseau a pu avancer grâce à la pression du terrain.
Positiver sur le métier
Dans un contexte d'explosion des charges des exploitations, la profession demande un retour aux négociations commerciales. "Où en sommes-nous ? " lance le président de la section laitière, Eric Richard, à l'intention de Daniel Perrin. "Si la transformation demande à revenir à la table des négociations, la distribution semble, quant à elle, beaucoup moins pressée" a-t-il répondu. Ce dernier a par ailleurs invité les agriculteurs à positiver sur leur métier : "On se bat sur les prix, sur Égalim et notre métier a beaucoup évolué avec le développement de la robotique.... Soyons positifs pour entraîner les jeunes dans notre filière".
Les échanges avec la salle ont fait ressortir d'autres problématiques telles que les prix du lait bio et du lait non OGM, la différenciation montagne, le bien-être animal avec l'outil Boviwell et le conflit entre coopal et Terra Lacta.
Sur le lait bio, Damien Garnier a signalé l'arrêt des conversions sauf pour les jeunes agriculteurs et a confié l'intention de sa coopérative de reconduire un prix du lait bio conforme pour 2022 "mais tout dépendra de l'offre" ajoute-t-il...