Conseil départemental - La barre est maintenue, mais la voilure diminue
Les élus cantaliens ont "débattu" des orientations budgétaires de 2024 avec une baisse de 10 MEUR du budget consacré aux investissements.

développement de la station du Lioran et de la modernisation de ses équipements.
Le vaisseau Cantal navigue dans des eaux tumultueuses mais le capitaine et son équipage tiennent la barre. C'est ce qu'il ressort du débat d'orientations budgétaires qui a réuni les élus vendredi matin, dans un hôtel-du-Département en phase de rénovation. Le temps n'est en effet plus au beau fixe et c'est plutôt la tempête qui menace. Pour établir ce budget 2024, il faudra donc faire contre vents et marées. "Soyez assurés de notre engagement entier et déterminé malgré les circonstances", a affiché fermement Bruno Faure, en rappelant des événements contraires : une baisse de la fraction de TVA d'un million d'euros ; autant sur les recettes des barrages sans concessions, et le double sur les droits de mutation (DMTO), soit "4 MEUR qui disparaîtront de notre panier de recettes". Alors, pour garder le cap, "nous ne dépenserons pas ce que n'aurons pas", prévient le chef de l'exécutif, qui présente un budget d'investissements de 54 MEUR pour mener à bien "des orientations ambitieuses mais prudentes", autour de trois thèmes : le développement de l'attractivité, la transition climatique et l'innovation au service des Cantaliens. "Une zone de turbulences était annoncée, nous y sommes."
La direction prise par le Département est donc contrainte par des charges, notamment sociales, qui vont augmenter(1) et des recettes qui "au mieux, vont stagner". La voilure va donc être réduite en investissement, et passer de 64 à 54 MEUR. Mais Bruno Faure a rassuré : "Les projets importants, on les poursuivra." Et de citer le développement de la fibre, le pôle d'excellence microbiologique, la rénovation des collèges, le soutien à l'agriculture, le contournement ouest d'Aurillac... Mais il a aussi prévenu : "Toute nouvelle politique publique nécessitera d'imaginer qu'elle remplacera une autre action pour respecter nos contraintes budgétaires."
Opposition : des routes différentes
Une obligation qui n'a pas fait réagir l'opposition, consciente des "grandes turbulences à monter un budget, concédait Stéphane Fréchou. Nous partageons une grande part de ce qui a été dit, notamment sur les investissements que nous soutenons, comme la ligne aérienne". Mais le drapeau blanc n'a pas été hissé pour autant : l'élu écologiste émettait quelques "doutes" sur le taux d'endettement du Département et la politique routière, tout comme Pierre Mathonier : "Nous n'avons pas le même ordre des priorités, notamment sur les routes, avec un réseau routier très dense par rapport au nombre d'habitants." "Les routes, c'est quelque chose qui nous sépare", relevait le président Faure, qui restait campé sur sa position : "Nous ne sommes pas 100 % routes mais nous sommes dans une logique d'axes structurants que l'on veut améliorer. Quant à l'endettement, la collectivité a un encours de 170 MEUR, plutôt stable, on peut même noter un léger effritement. Et nous n'irons pas au-delà en 2024."
Les choix seront donc très cornéliens et Gilles Combelle le rappelait : "Le Département est très attendu sur les routes, l'enseignement, le social,..." Et pour Philippe Fabre, il faudra être à la hauteur : "Ce n'est pas une nouveauté, le Département n'est pas très riche. Nous sommes habitués à évoluer dans un environnement peu favorable depuis longtemps. Mais la barre est bien tenue." Allusion à un passé pas si lointain, à l'époque où Vincent Descoeur était le capitaine du navire : "Nous avions aussi rencontré des difficultés qui nous avaient amenés à faire des arbitrages pas faciles. Mais nous avions su les traverser. Nous ne devons pas nous défaire de notre optimisme mesuré et continuer à porter des projets pour l'enseignement supérieur, le Lioran,... Fixons un cap et faisons preuve d'audace."
(1) Hausse du chômage donc plus de demandeurs au RSA, accueil croissant des mineurs non accompagnés (MNA),...