Connaissez-vous l'histoire de la Vache Qui Lit ?
Créée en 2008, la petite maison d’édition créée par Patricia Vergnes-Rochès, à Coren-les-eaux, poursuit sa propre histoire, elle qui met en valeur auprès des jeunes l’histoire locale.
Créée en 2008, la petite maison d’édition créée par Patricia Vergnes-Rochès, à Coren-les-eaux, poursuit sa propre histoire, elle qui met en valeur auprès des jeunes l’histoire locale.
Dans le Massif central et plus particulièrement en Auvergne, le filon historique est inépuisable. Au bout de 16 années d’existence, les éditions de la Vache Qui Lit sont loin d’avoir épuisé une telle richesse. D’autant qu’il s’agit pour leur créatrice d’imaginer le faire partager aux enfants. Là, beaucoup reste à faire et la formule peut se décliner à l’infini. C’est tout d’abord parce qu’elle est passionnée de patrimoine local que Patricia Vergnes-Rochès a développé ce créneau avec sa modeste entreprise et pour moyen sa propre énergie.
Tout a débuté à l’époque au pied du viaduc de Garabit pour lequel elle milite toujours pour un meilleur traitement du géant de fer. Elle est alors une jeune élue de la ville de Saint-Flour et elle doit présenter le monument pour une télévision allemande. C’est le déclic ! La passion pour cet ouvrage jeté avec l’élégance d’une dentelle au-dessus de la rivière Truyère, la conduit à rédiger son premier livre “Le Viaduc de Garabit, un géant d’un autre temps”. “Mes amis ont trouvé cela trop long et trop technique, se rappelle l’auteur. Qu’à cela ne tienne, je leur ai dit que la prochaine fois, je ferai plus simple pour qu’ils expliquent les histoires à leurs enfants. Parce que ces derniers ne demandent qu’à découvrir et apprendre pour devenir des ambassadeurs du patrimoine de leur région.”
L’affaire était lancée !
Faire plus simple ?
Mais sans rien connaître à cet univers de l’édition, Patricia Vergnes-Rochès va très vite comprendre auprès des autres auteurs qu’elle croise sur les salons que ce monde n’est pas forcément très accessible : choix éditoriaux, publics cibles, gestion des ventes... Ainsi, décide-t-elle de voler de ses propres ailes pour vulgariser et rendre accessibles de belles histoires. “Je ne sais pas inventer, par contre, il y a tellement de choses à raconter qui se sont vraiment passées”, confie-t-elle.
Patricia Vergnes-Rochès écrit la plupart des textes. Toutefois, elle n’hésite pas à convaincre des spécialistes de prendre la plume comme Jean-Michel Virlogeux, ingénieur ayant travaillé sur la conception du viaduc de Millau, objet d’une des publications. Elle invite Daniel Brugès à parler des burons ; Jean-Marie Bardintzeff à expliquer les volcans ; Christian Robert à dévoiler le marquis de La Fayette.
Pour les illustrations, on découvre Thierry Ballay, Véro Béné, Titia Hoogeveen, Tom Tom, avec chacun son style et son coup de crayon. “Au début, les premières histoires, nous avions pour fil rouge deux petits personnages, explique Patricia Vergnes-Rochès. Nous avons abandonné l’idée car cela prenait de la place à chaque page. En revanche, nous avons adapté la taille des lettres pour faciliter la lecture. Et pour que chacun s’amuse et échange, des détails sont à replacer dans les dessins. Cela permet d’évoquer un personnage, un lieu, un objet...”
Par curiosité
“Souvent, ma curiosité guide mes projets et donc l’envie d’expliquer aux lecteurs les mystères de la nature, de l’histoire, de faire découvrir tel ou tel personnage, ajoute Patricia Vergnes-Rochès. C’est en visitant le musée La Fayette à Chavagnac, en Haute-Loire, que j’ai découvert que cet Auvergnat, défenseur des libertés, était davantage connu aux États-Unis que dans son propre pays. J’ai aussi découvert l’incroyable vie du papillon azuré “protégé” par les fourmis avant son éclosion. Je voulais aussi rendre compte de la guerre et du rôle de la Résistance en consacrant un album à la bataille du Mont-Mouchet. Il s’agit ici d’un travail mémoriel que nous devons aux jeunes générations. Je souhaite aussi faire comprendre le volcan Cantal, très complexe pour beaucoup de personnes. Et puis, comme je suis un peu chauvine, le Cantal revient souvent même si je ne m’interdis rien à travers le Massif central.” Bien entendu pour l’éditrice, également présidente des Amis du Viaduc de Garabit, l’ouvrage de Gustave Eiffel garde une place de choix dans sa production. Il est déjà le “héros” de plusieurs albums avec ses protagonistes.
Lire aussi sur le viaduc https://www.reussir.fr/agriculture-massif-central/garabit-une-exposition-au-pied-du-viaduc
L’aventure de la Vache Qui Lit se compose de nombreuses rencontres avec les auteurs et les illustrateurs, le monde des écrivains régionaux mais, plus largement, les instigateurs ou “passeurs” des différentes histoires. La rencontre avec le patron de Michelin, Michel Rollier, à la CCI du Cantal, déboucha sur une histoire de la firme clermontoise et de son célèbre Bibendum. Idem avec Jean-Michel Virlogeux pour le viaduc de Millau.
“La maison d’édition reste modeste alors chaque rencontre est un soutien en soi”, reconnaît Patricia Vergnes-Rochès. Ce n’était pas ma formation initiale et j’ai donc dû apprendre les contraintes marketings, l’importance des titres qui peuvent plomber ou porter les ventes, la gestion des stocks. Même si nous sommes une association nous sommes soumis, du fait des ventes, à l’impôt sur les sociétés. Après 16 années d’existence, nous couvrons les frais. Alors, c’est une immense satisfaction quand Norman Foster, l’architecte du Viaduc de Millau, expose un de vos albums dans son bureau de Londres, que vous êtes traduit en japonais, et avec Laurence Adnet cette traduction nous a donné des sueurs froides.”
Transmission
C’est encore l’album sur La Fayette en vente à la Cordonnerie à la Rochelle qui pourrait bientôt s’exporter aux USA. “Nous contribuons à notre façon à faire rayonner notre région. Il y a aussi dans notre travail, le partage avec les écoliers, ceux d’Anglards-de-Saint-Flour sur le Mont-Mouchet ou ceux de Maringues pour leur projet d’école suite à la sortie de l’album consacré à la rivière Allier. C’est important de transmettre.”
Alors pour tout cela, l’aventure devrait encore se poursuivre pour la Vache Qui Lit, clin d’œil au fromage des enfants, né dans le Cantal et hommage aussi à la vache salers, emblème du département.