Comprendre le réchauffement climatique
«Le réchauffement du système climatique est sans équivoque», c'est par cette phrase que débute le rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), rapport daté de 2007. Serge Planton expert en la matière, a expliqué à l'occasion d'une conférence qui s'est tenue dans le Tarn, de manière scientifique les différents facteurs du changement climatique.
À l’occasion d’une conférence sur le thème du réchauffement climatique organisée par le Pays de l’Albigeois et des Bastides qui regroupe 118 communes du Tarn, Serge Planton, expert en la matière, est intervenu devant les élus du territoire et le grand public. C’est sur ce rapport du GIEC daté de 2007, que Serge Planton a basé son intervention. Il a expliqué de manière scientifique les différents facteurs du changement climatique.
Onze des douze dernières années (1995-2006) figurent parmi les douze années les plus chaudes depuis 1850, date à laquelle ont débuté les relevés instrumentaux de la température à la surface du globe. C’est le premier signe du réchauffement de notre planète. Si les températures ont augmenté presque partout dans le monde, c’est d’autant plus sensible aux latitudes élevées de l’hémisphère nord. « Les températures moyennes dans l’Arctique ont augmenté pratiquement deux fois plus vite que les températures mondiales au cours des 100 dernières années. Les régions continentales se sont réchauffées plus vite que les océans selon les relevés. »
L’élévation du niveau de la mer concorde avec le réchauffement du globe. Sur l’ensemble de la planète, le niveau moyen des océans s’est élevé de 1,8 mm/an en moyenne entre 1961 et 1993 et d’environ 3,1 mm/an en moyenne entre 1993 et 2003.
Dernier élément clé dans l’observation du changement climatique, la diminution de l’étendue des zones couvertes de neige et de glace. Différents aspects du climat se sont modifiés depuis le début du XXe siècle, que ce soit à l’échelle continentale et régionale ou à celle des bassins océaniques.
L’exemple principal, c’est l’évolution des précipitations. Alors qu’elles avaient tendance à augmenter sur le continent américain, en Europe et en Asie, à l’inverse, elles ont diminué au Sahel, en Méditerranée, en Afrique australe ou au sud de l’Asie.
Par contre, les experts ne disposent pas d’éléments « suffisamment probants » pour affirmer que les phénomènes à petite échelle tels que les tornades, orages de grêle ou encore la foudre sont plus fréquents qu’auparavant. De même, « aucune évolution notable du nombre annuel de cyclones tropicaux n’a été observée ».
Causes de l’évolution du climat
Le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat s’intéresse particulièrement aux facteurs naturels et anthropiques (issus des activités de l’homme sur terre) de l’évolution du climat. Parmi ces facteurs, le rôle des émissions de gaz à effet de serre (GES) et leur concentration dans l’atmosphère est prépondérant. En effet, le GIEC a pu déterminer qu’entre 1970 et 2004, les émissions mondiales de GES imputables aux activités humaines ont augmenté de 70 %. Parmi les secteurs d’activités qui émettent le plus de GES, on trouve les énergies, l’industrie, l’agriculture, les transports…
Mais le rythme de croissance des émissions n’est pas le même selon les secteurs. Ces 30 dernières années, l’approvisionnement énergétique, les transports et l’industrie sont les secteurs pour lesquels les émissions ont le plus fortement augmenté. « Durant cette période, le forçage total produit par l’activité volcanique et solaire aurait probablement dû refroidir le climat et non pas le réchauffer » explique Serge Planton.
Quels scénarios envisager ?
Le réchauffement climatique est désormais une réalité. Mais comment va évoluer le phénomène dans les décennies et les siècles à venir ? Plusieurs scénarios d’émissions (SRES) anticipent un réchauffement d’environ 0,2 °C par décennie pour les vingt prochaines années. Les experts arrivent désormais non pas à prévoir (le terme de prévision ne convient pas) mais à modéliser le climat à venir. Divers scénarios d’émissions de GES sont envisagés et face à eux, des valeurs les plus probables et les intervalles d’incertitude probables du réchauffement climatique sont définis. Elément important à prendre en compte, même en considérant que les émissions sont maintenues au niveau de 2000 voire diminuées par rapport à cette date, l’élévation des températures se poursuivrait à raison de 0,1 °C par décennie. Par contre, les projections à long terme divergent selon les scénarios. Le rapport du GIEC l’explique synthétiquement : « le réchauffement anthropique et l’élévation du niveau de la mer devraient se poursuivre pendant des siècles en raison des échelles de temps propres aux processus et aux rétroactions climatiques, même si l’on parvenait à stabiliser les concentrations de GES. »
Essayer de dessiner le visage de l'agriculture de demain
Demain, il fera plus chaud. C’est désormais une certitude. L’agriculture a sa part de responsabilité, comme toutes les activités humaines sur notre planète. Certains scénarios d’évolution du climat prévoient même qu’en 2070, l’année 2003, marquée par la canicule et la sécheresse, sera l’année de référence. D’ici là, l’agriculture aura changé profondément. C’est également un fait qu’on ne peut nier. L’agriculteur sera dépendant de la climatologie. Encore plus qu’il ne l’est aujourd’hui. Les phénomènes climatiques auront plus d’impacts. Premier élément soulevé par Magali Willaume, enseignante-chercheur à l’Ensat de Toulouse en partenariat avec l’Inra, la teneur en dioxyde de carbone dans l’atmosphère va augmenter. Si elle est multipliée par deux (ce que modélisent certains scénarios), les fonctions de production des plantes vont être modifiées car les végétaux fonctionnent avec l’absorption du CO2. L’augmentation de la température moyenne aura également une forte influence, tout comme la modification de la répartition saisonnière des pluies.
Les principales conséquences
Certaines conséquences du réchauffement climatique sont d’ores et déjà constatées dans les campagnes. Au niveau végétal, le calendrier des pratiques est déjà en train de changer. « Par exemple, on peut voir qu’en 30 ans, on a gagné un mois sur la floraison des poiriers. La répercussion principale, c’est le risque de dégât de gels car, s’ils seront moins nombreux à l’avenir, ils pourront toujours intervenir au stade sensible. » C’est le même problème qui risque d’intervenir pour les céréales. « On sait que le remplissage du grain est un moment très important et que de bonnes conditions climatiques sont primordiales. Le remplissage est en effet rendu difficile par une température supérieure à 25 °C. Or le nombre de jours où la température sera supérieure à celle-ci vont aller en augmentant. Les risques d’échaudage seront donc de plus en plus importants, jouant ainsi sur la quantité et la qualité de la récolte. »
Les pratiques culturales évoluent et évolueront encore pour tenter de s’adapter à ces phénomènes. Magali Willaume se rappelle d’une conversation avec un agriculteur du Gers : « Il me disait : nous nous sommes toujours adaptés. C’est notre seconde nature. On sème de plus en plus tôt. On irrigue de moins en moins (NDRL : -13 % de surfaces irriguées en France depuis 2003) ». Les ravageurs et les maladies évoluent également avec le changement climatique.
Les aires de répartition sont modifiées. En 1998, la fièvre catarrhale ovine était considérée comme une infection exotique et tropicale. Elle touche désormais une grande partie de l’Europe.
L’évolution du rendement est également d’actualité même si on s’attend à des pertes modérées. Pour l’élevage, les conséquences sont également diverses : modification des cycles, changement de structure des prairies et évolution des concentrations en sucre (augmentation) et en protéine (diminution) des plantes.
Solutions d’adaptation
Une augmentation de la température moyenne de 1 °C correspond à un déplacement de 180 km des zones climatiques actuelles. Les productions pourraient être obligées de se déplacer. Mais comment imaginer le déplacement d’un bassin de production ?
Les autres solutions évoquées sont plus réalistes et pour certaines déjà avancées : l’ajustement des techniques culturales, l’évolution de la génétique et des choix variétaux, la mise en place de nouvelles stratégies agronomiques pour conserver l’eau présente dans le sol… A ces solutions techniques, s’ajoute le développement d’une gestion concertée des productions et des acteurs locaux.