Cinq stations où relever les hauteurs d’eau
Le parc naturel régional de l’Aubrac lance un programme d’observation participative des cours d’eau. Chacun est invité à relever régulièrement les hauteurs d’eau sur cinq stations installées par le PNR sur le territoire et à faire remonter les données par SMS. Objectif : mieux quantifier les impacts du changement climatique pour orienter des plans d’actions.
Le parc naturel régional de l’Aubrac lance un programme d’observation participative des cours d’eau. Chacun est invité à relever régulièrement les hauteurs d’eau sur cinq stations installées par le PNR sur le territoire et à faire remonter les données par SMS. Objectif : mieux quantifier les impacts du changement climatique pour orienter des plans d’actions.

« Veillons sur nos cours d’eau » est le programme récemment lancé par le parc naturel régional de l’Aubrac. Un programme qui se veut participatif, où tout un chacun peut être acteur. La mission est simple : relever les hauteurs d’eau régulièrement tout au long de l’année, sur cinq échelles installées sur des cours d’eau à Sainte-Geneviève-sur-Argence, Soulages-Bonneval, Nasbinals, Le Buisson et Chaudes-Aigues.
Cloé Garrel, chargée de mission eau et milieu aquatique au PNR depuis 2015, a présenté le contexte de ce programme. « La densité de rivières est très importante sur notre territoire avec près d’1 km2 de ruisseaux et rivières », a-t-elle introduit. « L’eau est aussi une ressource primordiale pour l’abreuvement des troupeaux sur notre territoire où l’élevage est prépondérant. Et n’oublions pas non plus les nombreux lacs pour les baignades, ouverts aux locaux comme aux touristes », complète Cloé Garrel.
Dans sa feuille de route, le PNR a inscrit plusieurs mesures en faveur de l’eau : préserver et restaurer le bon état des cours d’eau et lacs, maintenir, restaurer et mettre en valeur les zones humides et garantir un approvisionnement d’eau de qualité, cohérent avec la ressource disponible et le multi-usages. « Pour remplir ces missions, nous devons tenir compte de l’impact du changement climatique », avance Cloé Garrel. Une étude prospective « Lot 2025 » réalisée sur l’ensemble du bassin du Lot offre à la fois une analyse rétrospective du climat depuis 1960 et une modélisation du climat à horizon 2100. Et les résultats intermédiaires tendent à alerter : entre 1960 et 2023, la température moyenne sur l’Aubrac a augmenté de deux degrés, l’évapotranspiration est en hausse en moyenne de 31 % (soit 215 mm) alors que les précipitations sont moins importantes (-10 %, -110 mm), les débits également. « Et lorsqu’il y a moins d’eau, sa qualité est aussi détériorée », note Cloé Garrel. D’ici 2100, les températures augmenteraient jusqu’à cinq degrés sur certains secteurs de l’Aubrac, tout comme le nombre de jours sans pluie (jusqu’à +16). La baisse des nappes phréatiques est estimée à 12 %, celle du manteau neigeux à 90 % et celle des débits entre 40 à 60 % pendant l’été, sur le Lot amont et la Truyère. « Il s’agit du scénario le plus pessimiste mais il semble le plus réaliste », estime Cloé Garrel.
Pour préserver l’eau de l’Aubrac, le PNR a engagé un certain nombre d’actions au bord des cours d’eau. Pour garder une rivière en bonne santé, des ombrages ont été mis en place, ainsi que le maintien des berges, un fond du lit diversifié, une quantité d’eau suffisante, une bonne qualité de l’eau… Pour préserver les rivières, des points d’abreuvement ont été installés pour les animaux, des arbres ont été plantés en bord de cours d’eau, des clôtures posées pour éviter l’érosion… Et sur les zones humides, des actions sont menées pour mieux les connaître, accompagner les agriculteurs gestionnaires, engager des travaux de restauration… « Les services rendus par les zones humides sont nombreux : production de fourrages, alimentation en eau, habitats naturels nombreux, stockage de carbone et d’eau, épuration des eaux… », énumère Cloé Garrel.
Sur le territoire du PNR Aubrac, une cartographie interactive offre un suivi de plusieurs indicateurs, alimentant ainsi l’observatoire de l’eau : température, débit, pluviométrie, biologie, etc., en lien avec les services de l’État, les fédérations de pêche, les syndicats de rivière. « Cependant, les suivis de débit des cours sont peu nombreux et pour améliorer la connaissance, le Parc a décidé de suivre les hauteurs d’eau en sollicitant la participation de tous », annonce Cloé Garrel. Cinq échelles graduées permettant de suivre les hauteurs d’eau, ont été installées. « Les relevés nous permettront de déduire les débits, de mieux connaître les variations de hauteurs d’eau sur l’année et ainsi d’agir en conséquence », poursuit la chargée de mission.
Infos à transmettre par SMS
Le dispositif est simple : la personne ayant relevé la hauteur d’eau la transmet par SMS, accompagnée d’une photo et de la date au 07 57 68 48 66. Ces données sont transmises à l’observatoire de l’eau. Basile Dravigny, qui réalise son stage au PNR sur la ressource en eau, a expliqué que « les résultats seront partagés sur l’observatoire des eaux continentales, soutenus par le centre national d’étude spatiale et l’agence de l’eau Adour-Garonne. Les données publiques seront également publiées en temps réel, sur notre site internet du parc, elles nous permettront d’augmenter la connaissance sur les cours, de mieux identifier leurs faiblesses et difficultés et ainsi agir en conséquence, anticiper si besoin avant qu’il ne soit trop tard ».