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Charolaise : des atouts, des attentes…

Grâce à sa bonne génétique, le broutard charolais jouit d’une cote internationale. Mais des efforts restent à faire pour satisfaire les attentes d’une filière et de consommateurs de plus en plus exigeants.

Nicolas Bouchard, président d’Alsoni, Martial Tardivon, chef des ventes du marché de Moulins-Engilbert , Yves Jehanno, responsable commercial du groupe Feder.
Nicolas Bouchard, président d’Alsoni, Martial Tardivon, chef des ventes du marché de Moulins-Engilbert , Yves Jehanno, responsable commercial du groupe Feder.
© EA71

À l’occasion de l’assemblée générale d’Alsoni Conseil Élevage le 26 avril à Issy-l’Évêque, un débat était organisé sur l’impact de la génétique sur le marché du maigre à l’export. Sous la houlette de Marie Renaud, journaliste chez notre confrère l’Allier Agricole, Martial Tardivon, chef des ventes du marché de Moulins-Engilbert, Yves Jehanno, responsable commercial du groupe Feder, et Nicolas Bouchard, président d’Alsoni, ont tous trois livré leurs points de vue sur la demande du marché, sur les atouts réels de la race charolaise et les aspects à améliorer. Car il y en aurait…
Premier grand enseignement de cet échange : le broutard français a la cote partout dans le monde et ce grâce à son remarquable cumul génétique, reconnaissaient en chœur Yves Jehanno et Martial Tardivon. Ce n’est pas un hasard si les jeunes mâles français occupent 90 % des places d’engraissement en Italie, le charolais en représentant à lui seul 75 %. Une cote internationale qui va bien au-delà de l’Italie, que ce soit auprès des pays tiers (Algérie, Turquie...) qu’en Europe (Allemagne), indiquait le chef des ventes de Moulins-Engilbert.
Ce succès mondial, le broutard français – charolais notamment – le doit principalement à des qualités sanitaires et génétiques louées par tous. Le charolais séduit aussi à travers son volume de production qui assure un approvisionnement régulier sur toute l’année, faisait valoir Yves Jehanno.

La croissance et le grain
Le potentiel de croissance est sans doute l’ingrédient génétique n° 1 de la très bonne cote du broutard charolais à l’export. Si les acheteurs privilégient toujours l’aspect visuel des animaux, ils savent parfaitement y déceler des indices génétiques qui ne trompent pas, soulignait Martial Tardivon. L’importance d’un bon rapport poids-âge : 400 kg vif atteints à 10 mois : « c’est du GMQ ! », illustrait Yves Jehanno. De même que « du volume, du développement, de la conformation », autant de précieux indicateurs de potentiel pour les acheteurs.
Le succès du maigre charolais s’est aussi construit sur le « grain de viande ». De fait, les acheteurs y sont très attentifs, confirmait Martial Tardivon, faisant allusion à tout ce que les connaisseurs observent en matière de finesse, de fibre… Des critères qui se retrouvent de manière très « éloquente » à l’abattoir, complétait Yves Jehanno et qui annoncent les qualités gustatives de la viande, avertissait le chef des ventes du cadran de Moulins-Engilbert.

Une qualité de viandes à améliorer
Or si les 84 % de taurillons classés « U » sont un très bon point pour les mâles charolais, en revanche du travail serait à faire du côté des femelles, convenaient les deux représentants de la filière. Si les conformations « R- » et « R= » représentent plus de 50 % des femelles charolaises, ces dernières souffrent tout de même d’un alourdissement des carcasses corrélé à une dégradation des conformations, analysait le représentant de Feder.
Indiscutablement, des choses sont à améliorer pour mieux répondre au marché des femelles. Et cela va beaucoup plus loin que la carcasse et la conformation, car la génétique doit désormais intégrer les attentes du consommateur final. En effet, « le produit ne doit en aucun cas être déceptif », avertissait Yves Jehanno. Outre la finesse, il faut travailler la tendreté, la jutosité, le persillé, le goût, insistait Martial Tardivon. Car il convient aujourd’hui d’enrayer « un problème de mauvaise viande distribuée », plaidait l’intervenant.
Un phénomène qui n’implique pas que la seule génétique. Il y a aussi la qualité de l’engraissement des animaux ainsi que le respect des temps de maturation dans l’aval, lequel parvient souvent à anéantir tout le travail effectué en amont, dénonçait-on à l’unanimité.

Des efforts récompensés ?
Demain, « au-delà de l’aspect physique des animaux et de la viande, il faudra intégrer l’immatériel que constitue la race, les modes d’élevage, l’alimentation, la conduite à l’herbe… », faisait remarquer Yves Jehanno. Une image pour laquelle la charolaise avec ses atouts génétiques et sa zone de production très saine est bien armée.
Mais encore faudrait-il que cette bonne image engendre « un juste retour » envers les éleveurs, alertait Nicolas Bouchard. D’ailleurs, les efforts pour produire un beau broutard pour la filière sont-ils seulement bien valorisés ? À cette question, les intervenants citaient les 90 euros de plus-value par animal mis en évidence dans une étude réalisée par le herd-book charolais il y a quelques années.
« Au quotidien, les prix sont faussés par la loi de l’offre et de la demande », expliquait Martial Tardivon, mais « sur le long terme, la génétique assure quand même une meilleure valorisation », affirmait-il. « Les engraisseurs sont beaucoup plus sensibles à la génétique qu’on ne pourrait l’imaginer », poursuivait Martial Tardivon. « Il arrive que certains clients nous disent : « ce numéro d’élevage, je n’en veux plus ! » Cela équivaut à 25 à 30 % d’animaux qui ne correspondent plus au marché pour avoir emprunté de mauvaises voies génétiques », révélait Yves Jehanno.

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