Changement climatique : une volonté commune mais une co‑construction à définir
Le 22 mars, à l’occasion de leur assemblée générale, les responsables de la FNSEA Nouvelle-Aquitaine avaient convié les services de la Région et de l’État à un échange sur le changement climatique et les adaptations à mettre en œuvre. Thierry Coué, vice-président de la FNSEA et président de la commission environnement, participait aux débats.
Durant l’année 2018, de nombreuses actions ont été menées par la FNSEA Nouvelle-Aquitaine. Au niveau syndical, les actions pour défendre le dispositif TO/DE* ou encore approvisionner en paille de maïs les agriculteurs touchés par la sécheresse ont porté leurs fruits. Promotion des métiers, EGAlim, Charte des Bonnes Pratiques d’Élevage, environnement, autant de dossiers qui continueront de mobiliser les responsables syndicaux en 2019. Ainsi, des travaux sur les EGAlim se poursuivent-ils en région avec l’organisation de réunions avec les gestionnaires des cantines scolaires. L’environnement, avec notamment la question de la biodiversité ou de la gestion de l’eau, restera encore cette année un dossier majeur sur lequel la FNSEA Nouvelle-Aquitaine doit être consultée comme l’ont rappelé les responsables syndicaux. Sur ce sujet sensible, la FNSEA Nouvelle-Aquitaine appelle les responsables départementaux au dialogue avec le grand public via la mise en place de Chartes de bon voisinage.
Comment s’adapter au changement climatique ?
Le changement climatique est aujourd’hui incontestable et s’y adapter est une nécessité. Tous les secteurs de l’économie sont affectés et au premier plan l’agriculture. Pour débattre du sujet, la FNSEA Nouvelle-Aquitaine avait invité Alain Rousset, président de Région, Thierry Coué, président de la commission environnement de la FNSEA et Thierry Mazet, directeur du service Agriculture, agroalimentaire, forêt de la Région. et président de la commission régionale environnement a introduit les débats soulignant « la volonté de la profession de s’adapter et d’accompagner les filières et pour cela de travailler ensemble pour être le plus opérationnel possible. » Pour Alain Rousset, la préoccupation de la profession au sujet du changement climatique ne fait aucun doute. Pour autant, il a rappelé au travers d’une vidéo que « l’agriculture doit évoluer et [que] l’eau est un défi majeur ». Thierry Mazet a précisé les propos du Président de région. Il a présenté les objectifs du projet de plan régional Ambitions 2030, indiquant la volonté de la Région de travailler collectivement sur le sujet. Parmi les objectifs à atteindre : 80 % des exploitations certifiées bio ou Haute Valeur Environnementale (niv. 3), une baisse de 80 % du recours aux pesticides de synthèse ou encore une baisse de la consommation d’eau de 30 %. Des objectifs qui ont soulevé de nombreuses questions dans l’assistance. La première concernait la volonté de travail collectif sur la question. « Aujourd’hui, nous avons plutôt l’impression que tout est déjà bouclé et que l’on vient nous chercher uniquement pour la mise en œuvre », a dénoncé Bernard Layre. Autre crainte des responsables syndicaux : le pas de temps prévu pour cette transition. Trop rapide, elle laisserait sans nul doute beaucoup d’exploitations au bord du chemin. Le Président de la Chambre d’agriculture a également fait part de ses doutes sur le projet. « Les indicateurs doivent être affinés surtout en ce qui concerne l’eau, a précisé Dominique Graciet, Président de la Chambre d’Agriculture Régionale. Qu’en est-il des promesses de retour à l’équilibre des masses d’eau qui étaient faites ? Il faut plus de réalisme dans ce projet ». L’eau semble être en effet une des pierres d’achoppement du projet. Dans la salle, plusieurs interventions concernent la gestion de l’eau, des réglementations iniques et des projets qui n’aboutissent pas malgré les engagements pris. « Il faut également remettre du social dans ces indicateurs et faire attention à ne pas perdre de vue le revenu agricole », a complété Philippe Moinard, président de la FNSEA Nouvelle-Aquitaine. À l’ensemble de ces remarques, Thierry Coué s’est associé. « Oui, le monde agricole peut évoluer mais à condition que les bases des indicateurs soient bien posées et pour cela il faut consulter les agriculteurs, a rappelé le vice-président de la FNSEA. La FNSEA a initié le Contrat de solutions. Un contrat implique l’accord des deux parties sur les constats et les moyens. Mais il faut se poser une question avant tout : quelles sont les conséquences des décisions prises ? » Invité à conclure les débats, le Directeur Régional de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Forêt est revenu sur la question de l’eau expliquant la difficulté à faire passer l’idée que l’eau doit être stockée pour pouvoir en disposer en période sèche. Sur ce sujet, comme sur l’évolution des pratiques agricoles ou la question de la mortalité des abeilles, Philippe de Guénin appelle la profession à s’organiser et à communiquer davantage.
* travailleur occasionnel/demandeur d’emploi.