Ce que le Brexit implique pour l’agriculture française
52 % des britanniques se sont prononcés en faveur du « no » à l’Union européenne, jeudi 23 juin dernier. La baisse de la livre, l’hypothèse de nouveaux droits de douane, la réduction possible de l’offre, la désorganisation du commerce sont sources d’inquiétude pour plusieurs secteurs de production. Mais le retrait du Royaume-Uni, c’est aussi le retrait d’un puissant défenseur de la dérégulation de la Pac.
Enfant terrible de l’Union européenne, ardent défenseur d’un libéralisme dérégulateur, le Royaume Uni est pourtant devenu un horizon et un marché familier pour les agriculteurs français. Certains secteurs de production se font du souci. Demandez aux producteurs de pommes ou de fruits en général. Ou encore, au secteur ovin qui s’était tant battu jadis contre les Britanniques dans leurs « guerre du mouton ». Aujourd’hui, ils se prennent à regretter l’absence des Anglais.
Fruits : le Royaume-Uni, largement déficitaire en fruits et légumes, augmente ses volumes d’importations d’année en année. Il a importé 3,7 millions de tonnes de fruits en 2015, dont 120 000 tonnes de pommes environ à la France. Il constitue ainsi notre premier client pour ce marché, et représente environ 20 % de nos exportations en volume et 25 % en valeur. Daniel Sauvaitre, président de l’Association nationale pommes poires (ANPP) craint le « premier effet » à savoir la « tempête sur les marchés » qui va découler du départ du Royaume-Uni de l’Union Européenne. Le président de l’association estime qu’une dévalorisation de la Livre sterling, et par conséquent un pouvoir d’achat amoindri du Royaume-Uni, pourrait conduire à une baisse des commandes vers la France. Cela pourrait être un « booster pour la production nationale » britannique, développe-t-il encore. La deuxième crainte de l’ANPP concerne les contraintes administratives supplémentaires qui pourraient résulter d’un Brexit, et handicaper les échanges. Enfin, à partir du moment où « le cordon ombilical» serait coupé – ce qui pourrait arriver dans un second temps – il faudrait mettre en place des accords bilatéraux qui sont aujourd’hui encore bien incertains, selon l’ANPP.