DISTRIBUTION
Casiers fermiers en accès libre : la bonne idée ?
Ils vendent leurs produits directement via un casier fermier ; retour d'expérience de deux exploitants puydômois.
Ils vendent leurs produits directement via un casier fermier ; retour d'expérience de deux exploitants puydômois.
À la Croix blanche comme aux P'tits Lég'Huumm, l'idée de proposer des casiers fermiers en libre-service est venue suite au confinement du Covid.
« Ce n'est pas évident de faire des courses quand on a des enfants, ou qu'on termine le travail tard », détaille Sandrine, qui distribue les produits de son mari, exploitant à Saint-Clément-de-Régnat.
« Beaucoup de gens viennent par manque de temps. Ils sont débordés et n'ont pas le temps de venir sur le créneau prévu à la boutique », indique pour sa part Charlène, gérante de l'exploitation La Croix blanche aux Martres-sur-Morge.
Si les deux femmes ont décidé de franchir le pas, c'est donc avant tout pour répondre au besoin de leurs clients de faire leurs courses à toute heure du jour et de la nuit.
Et si ce nouveau canal de distribution présente des avantages, il a également ses inconvénients. On fait le point avec elles.
À lire aussi : Une agricultrice engagée pour sensibiliser à l’équilibre alimentaire et à la santé
Les casiers fermiers des p'tits Lég'huumm
Sandrine apprécie de valoriser les produits de son mari, Florian. Il possède 30 hectares de céréales et 1 à 2 hectares de maraîchage.
« J'ai créé une SAS qui me permet de faire de l'achat-revente. J'achète ses légumes, mais je vends aussi d'autres produits pour répondre à la demande : fromages, charcuterie, jambon, chips. Tout ce qu'il faut pour manger sur le pouce, ça facilite la vie de mes clients. »
Avant, les produits de l'exploitation étaient distribués via des restaurateurs et l'association 63 Saveurs. L'ouverture de leur casier fermier en mars 2022 leur a donc permis d'ouvrir un nouveau canal de distribution, en direct.
Mais aussi de faire travailler des déficients visuels de l'ESAT Escolore : « En tant qu'éducatrice d'enfants, c'était important pour moi. Je leur amène nos légumes et ils en font des soupes que nous revendons ensuite ».
Mais le casier n'apporte pas que des avantages, ne serait-ce que pour le remplissage à assurer quotidiennement. Interrogée sur les inconvénients, Sandrine précise :
« Je ne me dégage pas de salaire. Les bénéfices permettent de rembourser le prêt d'achat du casier, mais aussi les charges, assurances et fournisseurs ».
Même si elle aimerait pouvoir en faire son activité principale, elle pense que cela ne la fera pas vivre à l'avenir.
À lire aussi : Comment le renouveau de la châtaigne commence à porter ses fruits ?
Les casiers fermiers de la Croix blanche
Du côté de Charlène, elle liste plusieurs avantages : « Plus de flexibilité pour les clients car la plage horaire de vente est élargie, mais aussi un atout pour le village, apprécié des nouveaux habitants ».
La Croix blanche propose également un service de drive : « Nous préparons les commandes et les clients peuvent les récupérer quand ils le souhaitent ».
L'éleveuse fournit la viande bovine, du veau et des œufs, mais propose aussi du porc et de l'agneau de l'Allier. « On répond à un panel de besoins assez large, c'est un avantage pour les acheteurs de tout avoir en un seul point. »
Pour ce qui est des inconvénients, Charlène précise :
« J’ai arrêté mon autre activité quand j’ai installé le distributeur, car ça demande d’être rempli en permanence (3 à 8 fois par jour). C'est très chronophage pour moi, et il n'y a pas de coupure, c'est du lundi au dimanche ».
Elle évoque également le risque de vol et de casse. « J'ai ouvert en mars 2021, et mon distributeur a été cassé en septembre 2021 puis a subi deux dégradations en mars et avril 2024. »