Cantal : qui se cache derrière nos touristes ?
Une vaste enquête de clientèle a été conduite pendant un an par Cantal destination auprès de 2 363 touristes. Une étude qui démontre si besoin était un déficit d’image extérieure.
Département rural enclavé cherche jeunes urbains de 25 à 45 ans, cadres supérieurs, avec ou sans enfants, aimant les activités de pleine nature : telle pourrait être la petite annonce du Cantal sur un site de rencontres touristiques. Au terme d’une vaste enquête inédite conduite(1) entre avril 2013 et mars 2014 en face à face auprès de 2 363 touristes cantaliens, Cantal destination a pu en effet affiner sa connaissance du profil de la clientèle touristique de passage ou en séjour dans le département. Une enquête de clientèle et non de satisfaction des prestataires qui confirme des tendances connues : une clientèle mature (âge moyen 51 ans), souvent en couple ou en famille mais sans enfants (groupe de trois personnes en moyenne), issus des catégories cadres moyens et employés et surtout, originaire à plus de 93 % de l’Hexagone. Des touristes, enfin, en quête d’activités “douces”, de pleine nature.
Un fort taux de fidèles
“Le Cantal attire peu de jeunes vacanciers, hormis en hiver, où, grâce au ski, le pourcentage grimpe à 20 %, a ainsi exposé mercredi Bruno Avignon, directeur de l’agence satellite du Conseil général. Notre cible est d’arriver à toucher une population urbaine de 35-50 ans, cadres ou cadres supérieurs. Au vu des nouveaux enjeux et attentes en termes d’écologie, d’environnement, nous avons une vraie carte à jouer avec une offre qui a vraiment progressé et des activités insoupçonnées dans l’air du temps : ski de randonnée, cascade de glace, VTT... Nous avons une “terra incognita” à proposer mais on n’a pas encore réussi à marquer l’essai.” Pour passer dans l’en-but, Cantal destination et huit structures majeures du tourisme cantalien ont décidé depasser à l’offensive à la mêlée en mettant 120 000 euros au pot commun (via un fonds de promotion) pour investir le Net, vecteur incontournable d’informations et réservations touristiques. Un schéma de jeu conforté par le rendu de cette enquête qui a mis à jour les points faibles mais aussi les atouts de la destination Cantal. Au chapitre des points forts : un taux important de fidélisation puisque 70 % des touristes enquêtés sont déjà venus dans le Cantal, beaucoup souhaitent y revenir et recommanderaient à 91 % le Cantal à leurs proches. D’ailleurs, 92 % se disent satisfaits de leur séjour, évoquant avoir été séduits par l’environnement naturel (38 %), la qualité de vie (calme, ambiance et accueil), les activités de loisirs accessibles. L’enjeu est donc bien de changer l’image, la notoriété d’un département peu connu ou sur lequel pèsent des a priori erronés. “Ce qui nous différencie des autres territoires, c’est le massif, une montagne accessible, qui ne fait pas peur, souligne Bruno Avignon. On n’a pas assez bien vendu cette montagne, qui est un formidable terrain de jeux.”
Des hébergeurs qui ne vendent pas le territoire
Côté face, s’ils devaient émettre un bémol, les sondés citent la question de la mobilité : parmi les 51 % exprimant un motif d’insatisfaction, près d’un tiers évoque une signalisation routière et touristique insuffisante et le manque de parkings. Autre regret, du côté du “réceptif” : 26 % déplorent des commerces ou sites touristiques fermés hors saison, l’insuffisance d’hôtels, d’aires de camping-cars... D’autres (17 %) attendent davantage d’activités tournées vers les enfants, tandis que 9 % estiment avoir manqué d’informations chez les prestataires (notamment hébergeurs) sur les activités et sites à découvrir. De quoi animer les débats lors des cinq réunions que Cantal destination va programmer à destination des prestataires touristiques entre le 15 mars et le 15 avril sur cinq territoires (Châtaigneraie, bassin d’Aurillac, pays de Salers, secteur Saint-Flour et massif cantalien). Objectif : donner des clés de lecture (via une présentation territorialisée de l’étude) aux acteurs du tourisme local sur leur clientèle. Des clés à même d’adapter et faire progresser l’offre.
(1) Enquête réalisée sur les quatre saisons, sur les différents sites touristiques du département, sur les marchés de pays, aux festivals Éclat et du tatouage, dans les musées... Échantillonnage élaboré par territoires au prorata de la fréquentation mensuelle et des nuitées marchandes. Coût de l’étude accompagnée par un cabinet spécialisé : 15 000 euros. En France, seul l’Aveyron a déjà conduit une enquête de ce type.
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